L'ancien Premier ministre Saad Hariri a annoncé son retrait de la vie politique et la suspension de la participation de son parti politique à la vie politique libanaise lors d'une allocution chargée en émotions. Saad Hariri a expliqué que malgré ses nombreux efforts de compromission, certains ne veulent pas laisser le pays aller de l'avant. Il a souligné que cette approche négative est amplifiée par l'hégémonie iranienne croissante, dans une dynamique régionale mouvementée et en l'absence de prise de décision de la communauté internationale.
Beaucoup d'encre coulera et tout autant de temps sera consacré à l'analyse des conséquences de cette décision. Les répercussions seront considérables et auront un effet durable sur la communauté sunnite, ses aspirations politiques, ainsi que sur le paysage politique libanais en général. Bien qu'il soit encore trop tôt pour brosser un tableau précis de ces changements, deux conséquences importantes peuvent déjà être identifiées.
Pas d’élections !
La première conséquence directe est de voir les chances que les élections législatives aient lieu à la date prévue, le 15 mai 2022, considérablement réduites, bien que ces chances n'étaient pas élevées au départ, principalement parce qu'aucun parti politique traditionnel ne souhaite dépenser de l'argent et du capital politique pour préserver le statu quo dans un contexte interne et régionale aussi complexe. À l'exception peut-être des Forces libanaises, qui pensent pouvoir renforcer leur position et devenir le bloc parlementaire chrétien le plus important face au Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
En outre, les capacités logistiques et la préparation de l'État à l'organisation de l'élection ne sont pas du tout au point compte tenu de la situation économique et financière, particulièrement difficile. À titre d’exemple, à ce jour, les membres démissionnaires de la Commission de surveillance électorale n'ont pas encore été remplacés, ni son budget alloué. D'autres préparatifs n'ont pas encore été finalisés, et le temps presse, à l’instar de la répartition des centres électoraux, l'achat du matériel adéquat, la nomination des fonctionnaires - au nombre de 10 000 et plus - dans les différents lieux et le versement de leur compensation financière, ainsi que la diffusion et la formation du personnel et du matériel de sécurité nécessaires.
Par conséquent, le retrait de M. Hariri de la vie politique porte un nouveau coup dur à la tenue des élections. Et non, la pression internationale ne suffira pas à garantir la tenue des élections dans les délais. Nous avons vu de très près l'échec absolu de la pression internationale, au terme des deux visites du président Emmanuel Macron en 2020, qui visaient à forcer les élites politiques libanaises à former un gouvernement indépendant.
Baisse du taux de participation sunnite
La deuxième conséquence, si par miracle les élections ont lieu malgré ce qui précède, est que la participation des sunnites sera nettement inférieure aux taux de participation déjà très faibles enregistrés en 2018. La plupart des électeurs de base du courant du Futur, qui représentent environ 15 à 20% de l'ensemble de la communauté, seront beaucoup moins susceptibles de participer. Cette tendance peut être encore amplifiée si le groupe des anciens Premiers ministres, en plus des leaders sunnites locaux comme Samir el-Jisr, Ahmad Fatfat et Moustapha Allouche à Tripoli, ainsi que Jamal Jarrah dans la Békaa, suivent le mouvement et ne participent pas.
De plus, si cette décision de suspension se transforme en un appel communautaire au boycott, notamment si elle est reçoit l’appui du mufti de la République, le taux de participation en pâtira davantage et sera tiré vers le bas, dans un scénario qui n’est pas sans rappeler le boycott chrétien de 1992 et ses conséquences désastreuses.
Afin de contrer cette tendance négative, il est nécessaire de mettre en place un cadre électoral national sunnite, de réorganiser et d'unir les différents leaders et groupes locaux sous un cadre semi-organisé, et de partager les ressources et les tactiques électorales, afin de contrecarrer tout gain significatif que le Hezbollah ou d'autres forces pourraient remporter dans la rue sunnite. En outre, une telle organisation pourrait redynamiser la rue sunnite et inverser la tendance à la baisse de la participation !
Une lueur d’espoir
D'un autre côté, de nombreuses autres personnalités et groupes sunnites, en particulier des partis indépendants qui se sont développés après le mouvement populaire du 17 octobre, disposent désormais d’une occasion en or pour recoller les morceaux et prouver qu'ils sont capables de combler une partie du vide laissé par Saad Hariri. Toutefois, la fenêtre d'opportunité se refermant rapidement, ces groupes doivent déployer de nombreux efforts en termes d'organisation et de rassemblement pour démontrer qu'ils constituent une alternative viable et commencer à attirer une partie des partisans sunnites orphelins du courant du Futur.
Enfin, il est grand temps de créer un nouveau cadre national souverain sunnite pour élaborer un ensemble de principes nationaux élémentaires. Un tel cadre permettra d'unir une majorité de la rue sunnite pour contrer le poids et l'influence croissants du Hezbollah et maintenir un équilibre minimal des forces pour renforcer la modération et l'ouverture sunnites. Sinon, le Liban glissera lentement vers le modèle vénézuélien, celui d'un État-paria en faillite, sous le contrôle de l'Iran, coupé de son entourage arabe et de ses amis occidentaux.
Beaucoup d'encre coulera et tout autant de temps sera consacré à l'analyse des conséquences de cette décision. Les répercussions seront considérables et auront un effet durable sur la communauté sunnite, ses aspirations politiques, ainsi que sur le paysage politique libanais en général. Bien qu'il soit encore trop tôt pour brosser un tableau précis de ces changements, deux conséquences importantes peuvent déjà être identifiées.
Pas d’élections !
La première conséquence directe est de voir les chances que les élections législatives aient lieu à la date prévue, le 15 mai 2022, considérablement réduites, bien que ces chances n'étaient pas élevées au départ, principalement parce qu'aucun parti politique traditionnel ne souhaite dépenser de l'argent et du capital politique pour préserver le statu quo dans un contexte interne et régionale aussi complexe. À l'exception peut-être des Forces libanaises, qui pensent pouvoir renforcer leur position et devenir le bloc parlementaire chrétien le plus important face au Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
En outre, les capacités logistiques et la préparation de l'État à l'organisation de l'élection ne sont pas du tout au point compte tenu de la situation économique et financière, particulièrement difficile. À titre d’exemple, à ce jour, les membres démissionnaires de la Commission de surveillance électorale n'ont pas encore été remplacés, ni son budget alloué. D'autres préparatifs n'ont pas encore été finalisés, et le temps presse, à l’instar de la répartition des centres électoraux, l'achat du matériel adéquat, la nomination des fonctionnaires - au nombre de 10 000 et plus - dans les différents lieux et le versement de leur compensation financière, ainsi que la diffusion et la formation du personnel et du matériel de sécurité nécessaires.
Par conséquent, le retrait de M. Hariri de la vie politique porte un nouveau coup dur à la tenue des élections. Et non, la pression internationale ne suffira pas à garantir la tenue des élections dans les délais. Nous avons vu de très près l'échec absolu de la pression internationale, au terme des deux visites du président Emmanuel Macron en 2020, qui visaient à forcer les élites politiques libanaises à former un gouvernement indépendant.
Baisse du taux de participation sunnite
La deuxième conséquence, si par miracle les élections ont lieu malgré ce qui précède, est que la participation des sunnites sera nettement inférieure aux taux de participation déjà très faibles enregistrés en 2018. La plupart des électeurs de base du courant du Futur, qui représentent environ 15 à 20% de l'ensemble de la communauté, seront beaucoup moins susceptibles de participer. Cette tendance peut être encore amplifiée si le groupe des anciens Premiers ministres, en plus des leaders sunnites locaux comme Samir el-Jisr, Ahmad Fatfat et Moustapha Allouche à Tripoli, ainsi que Jamal Jarrah dans la Békaa, suivent le mouvement et ne participent pas.
De plus, si cette décision de suspension se transforme en un appel communautaire au boycott, notamment si elle est reçoit l’appui du mufti de la République, le taux de participation en pâtira davantage et sera tiré vers le bas, dans un scénario qui n’est pas sans rappeler le boycott chrétien de 1992 et ses conséquences désastreuses.
Afin de contrer cette tendance négative, il est nécessaire de mettre en place un cadre électoral national sunnite, de réorganiser et d'unir les différents leaders et groupes locaux sous un cadre semi-organisé, et de partager les ressources et les tactiques électorales, afin de contrecarrer tout gain significatif que le Hezbollah ou d'autres forces pourraient remporter dans la rue sunnite. En outre, une telle organisation pourrait redynamiser la rue sunnite et inverser la tendance à la baisse de la participation !
Une lueur d’espoir
D'un autre côté, de nombreuses autres personnalités et groupes sunnites, en particulier des partis indépendants qui se sont développés après le mouvement populaire du 17 octobre, disposent désormais d’une occasion en or pour recoller les morceaux et prouver qu'ils sont capables de combler une partie du vide laissé par Saad Hariri. Toutefois, la fenêtre d'opportunité se refermant rapidement, ces groupes doivent déployer de nombreux efforts en termes d'organisation et de rassemblement pour démontrer qu'ils constituent une alternative viable et commencer à attirer une partie des partisans sunnites orphelins du courant du Futur.
Enfin, il est grand temps de créer un nouveau cadre national souverain sunnite pour élaborer un ensemble de principes nationaux élémentaires. Un tel cadre permettra d'unir une majorité de la rue sunnite pour contrer le poids et l'influence croissants du Hezbollah et maintenir un équilibre minimal des forces pour renforcer la modération et l'ouverture sunnites. Sinon, le Liban glissera lentement vers le modèle vénézuélien, celui d'un État-paria en faillite, sous le contrôle de l'Iran, coupé de son entourage arabe et de ses amis occidentaux.
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