À Beyrouth, Colonna discute des moyens d'éviter une escalade
©(Anwar AMRO, AFP)
La ministre française des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, a insisté lundi sur la nécessité d'une désescalade à la frontière sud du Liban, au 73ème jour de la guerre entre le Hamas et Israël.

Mme Colonna était de retour au Liban pour une seconde visite, la seconde depuis le 15 octobre, tandis que l'escalade des tensions entre Israël et le Hezbollah prend chaque jour une dimension toujours plus inquiétante.

«C'est par la diplomatie que la baisse des tensions doit être recherchée. Je le dis aussi à ceux qui au Liban seraient amenés à faire de mauvais calculs», a affirmé Mme Colonna, dans une allusion à peine voilée au Hezbollah, lors d’une conférence de presse qu’elle a tenue dans l’après-midi à la Résidence des pins, au terme de sa visite-éclair à Beyrouth.

Durant les quelques heures qu’elle a passées dans la capitale libanaise, Mme Colonna a eu avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, des discussions qui ont été principalement axées sur l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle s’est aussi entretenue avec le commandant de la Finul, le général Aroldo Lazaro. Une idée avancée pour un règlement à la frontière, porte sur un déploiement d'une force internationale dans les secteurs occupés de Chebaa et de Kfarchouba, en contrepartie d'un retrait du Hezbollah de tout le secteur au sud du Litani.

«Si le Liban devait être plongé dans la guerre, il ne s'en remettrait pas», a-t-elle plusieurs fois martelé, admettant que le Liban se trouve aujourd'hui «dans une position d'extrême faiblesse».

La prolongation du mandat Aoun, gage de stabilité

Rappelant l'amitié entre la France et le Liban, celle-ci a insisté sur le fait que la France «ne ménagera aucun effort pour préserver la stabilité (à la frontière) sur la base des normes qui ont été acceptées par tous, et notamment la résolution 1701», tout en déplorant que celle-ci n'est actuellement respectée par personne.

La ministre a exhorté à plusieurs reprises ses interlocuteurs libanais à «continuer à faire preuve de responsabilité» pour améliorer la stabilité du pays, notamment à travers l'élection d'un nouveau président - poste vacant depuis désormais plus d'un an. Mme Colonna a toutefois salué la prolongation du mandat du général Joseph Aoun à la tête de l'armée, y voyant «une bonne nouvelle pour la stabilité du Liban».

L'Iran dans le collimateur

La visite de la cheffe de la diplomatie française au Liban doit par ailleurs être mise en perspective avec celle du secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin à Tel-Aviv, le jour même. Celui-ci a notamment appelé le Hezbollah à ne pas «provoquer un conflit plus large».


À cet égard, Mme Colonna n'a pas mâché ses mots à l'égard de l'axe de la Moumanaa (L’Iran et ses alliés). Revenant sur la situation volatile dans la région, elle a insisté sur le fait que son message était tout particulièrement destiné «à ceux hors du Liban qui espèrent tirer un gain de la situation catastrophique à Gaza pour accroître les tensions». Avant de préciser son propos: «Soyons clairs, je pense ici à l'Iran, ainsi qu'à tous ses affidés en Irak, en Syrie, en mer Rouge avec les Houthis».

Pour autant, la ministre française a plusieurs fois assuré que le gouvernement français Macron n'entretient pas de contacts directs avec le Hezbollah, énumérant uniquement de vagues «canaux» de communication.

La France réfléchit actuellement, aux côtés de ses partenaires américain et arabes, dans le cadre du Groupe des cinq (États-Unis, France, Arabie saoudite, Égypte et le Qatar) à la mise en place d'un genre de zone tampon entre la ligne bleue et le fleuve Litani. L'un des buts de serait de repousser la présence du Hezbollah au-delà de ce cours d'eau, pour que l'armée libanaise et la Finul reprennent le contrôle du Liban-sud, concrétisant ainsi l'un des principaux points de la résolution 1701.

Un retrait également exigé par Israël. Lundi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, affirmait que «si une solution diplomatique n’est pas trouvée, nous n’hésiterons pas à attaquer dans le nord».

La France pour une trêve humanitaire "immédiate et durable"

Le jour précédent, Mme Colonna s'était rendue en Israël pour y rencontrer son homologue Eli Cohen. Si la cheffe de la diplomatie française a rappelé son soutien à la population israélienne face aux attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre, elle a aussi insisté sur le fait qu'Israël doit «respecter bien davantage le droit international humanitaire et doit faire tout son possible pour protéger les populations. En outre, celle-ci a déploré qu'il y a «trop de morts à Gaza et cela ne peut pas continuer ainsi».

«La France appelle à une trêve humanitaire immédiate, durable à Gaza, qui devrait mener à un cessez-le-feu», a-t-elle affirmé, ajoutant que «les otages doivent être libérés».

Dans ce cadre, Mme Colonna a salué l'ouverture d'un second point de passage à Kerem Shalom, félicitant en ce sens une initiative du «partenaire américain». Affirmant que la France avait déjà envoyé près de 200 tonnes d'aide humanitaire «hors-Union européenne», celle-ci a ensuite annoncé l'envoi de de 700 tonnes supplémentaires dans les jours à venir.

La ministre française s'est ensuite rendue en Cisjordanie, pour y rencontrer des officiels de l'Autorité palestinienne, mais aussi des cultivateurs d'olives chassés de leurs terres par les colons israéliens.
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