«Bérénice» de Racine à l’IMA

 
La représentation de Bérénice de Racine à l'Institut du monde arabe (IMA), Paris, a offert au public une expérience théâtrale immersive, où les langues arabe et française s'entrelacent. Présenté dans le cadre de la Semaine de la langue arabe, l'événement a proposé une lecture théâtrale revisitée de l'œuvre de Jean Racine par le collectif Nuit orange le 15 décembre 2023.
La mise en espace de cette pièce a captivé l'auditoire grâce à une interprétation en arabe littéraire, accompagnée de sous-titres en français. D'autres passages en français se mêlaient à la langue arabe, créant ainsi une harmonie et une résonance entre les deux langues.

Mise en scène
Les acteurs se donnaient les répliques la fougue à l’âme, l’émotion plein la voix. L’intention du jeu était dans la déclamation des lecteurs-acteurs qui se répondaient, dévoilant une soif d’amour mais aussi une envie intrinsèque de comprendre l’autre, d’obtenir son écoute, de lui voler un regard, laissant s’échapper parfois un cri au secours du fond des tripes dans la langue maternelle.
Distribution des rôles
La distribution comprenait Edouard Dossetto dans le rôle de Titus, empereur de Rome; Ghina Daou en tant que Bérénice, reine de Palestine; Majd Mastoura dans le rôle d'Antiochus, roi de Commagène; Leslie Gruel interprétant Paulin, confidente de Titus; Adam Karoutchi dans le rôle d'Arsace, confident d'Antiochus; et Amale Benhaddou jouant Phénice, confidente de Bérénice. La mise en scène était assurée par Marie Benati, accompagnée de la musique d'Osloob.
Choix du texte
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle avait particulièrement choisi Bérénice, Benati évoque sa fascination de longue date pour le texte de Racine depuis ses années de lycée. Elle souhaitait mettre en lumière des vers spécifiques qui résonnaient profondément en elle, dépeignant la pièce comme plus qu'une simple histoire d'amour:

«Rome par une loi que rien ne peut changer
N'admet avec son sang aucun sang étranger.»
Ainsi, Bérénice aborde des thèmes de conquête territoriale, de frontières infranchissables, de légitimité et de pays en guerre dans des langues étrangères, reflétant des contextes contemporains.

Choix de traduction
La metteuse en scène, Marie Benati, a opté pour la traduction de l'œuvre de Racine en arabe littéraire, évitant ainsi les variations dialectales. Selon elle, la musicalité des vers alexandrins et la richesse littéraire et poétique des deux langues justifiaient ce choix. Les personnages étrangers à Rome, tels que Bérénice, Antiochus, Phénice et Arsace, s'exprimaient dans une langue différente, accompagnée de sous-titres. Cette approche symbolise une «altérité» qui isole et protège ces personnages simultanément, en utilisant une langue d'intimité, de secret et de sincérité. Cette Bérénice polyglotte vise à atteindre un large public, véhiculant des messages de curiosité et de tolérance.
Projet futur
Cette expérience théâtrale va au-delà d'une simple lecture; elle aspire à devenir une pièce à part entière. Le projet vise à évoluer en une production à grande échelle, avec deux représentations déjà prévues en France pour septembre 2024. La troupe est ouverte à de futures collaborations et espère amener Bérénice sur les scènes de pays arabophones.
Marie-Christine Tayah
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