Banque mondiale: une croissance économique précaire du Liban

Le conflit en cours à Gaza constitue un choc majeur pour le modèle de croissance précaire du Liban, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. 
Le numéro automne 2023 du Lebanon Economic Monitor (LEM) de la Banque mondiale, intitulé «En proie à une nouvelle crise», souligne la précarité d’une économie libanaise, dont les prévisions de croissance timide ont été estompées par la guerre en cours à Gaza.
La précarité de la croissance au Liban n’est pas soutenable face à un conflit qui semble s’inscrire dans la durabilité.
Les pronostics d’une timide croissance se fondaient sur une activité touristique dynamique enregistrée l’été dernier et un afflux d’envois de fonds de la diaspora. Ce dernier facteur, connu comme étant la bouée de sauvetage de longue date du Liban, a agi comme un filet de sécurité sociale de facto et soutenu une croissance modeste de la consommation intérieure.
Avant le conflit actuel, la BM avait prévu une augmentation de la croissance économique de 0,2% en 2023, marquant ainsi la première croissance depuis 2018. Elle avait estimé que l’économie semblait avoir atteint un creux temporaire, après des années de forte contraction. Après le déclenchement de la guerre à Gaza, la BM évoque un Liban qui replonge dans la récession.
Tourisme et envois de fonds
Il est clair pour la BM que ni le développement du secteur du tourisme ni l’afflux important d’envois de fonds ne peuvent constituer, à eux seuls, des moteurs d’une croissance durable de l’économie libanaise. Ils ne peuvent pas suffire seuls à répondre aux besoins de financements extérieurs, le double déficit du compte courant et du compte budgétaire pouvant nécessiter une nouvelle réduction des réserves de devises étrangères.
Un des scénarios

Le tourisme ayant représenté près de 26% des recettes courantes en 2022, la dynamique de la croissance et de la balance courante est très sensible au conflit en cours. En supposant que l’endiguement actuel de la confrontation militaire aux frontières méridionales persiste, une analyse de scénario évaluant l’effet de la baisse des dépenses touristiques sur la croissance économique montre que le PIB réel se contractera de 0,6 % à 0,9% (inversant le scénario de référence positif d’avant le conflit de 0,2% de croissance en 2023).
La Banque du Liban
Selon le rapport de la BM, la Banque du Liban (BDL) a entamé des réformes limitées mais encourageantes, dans un contexte de relative stabilisation du taux de change. Toutefois, des changements fondamentaux n’ont pas encore été apportés à la supervision bancaire et à la conduite des politiques monétaires et de change. L’absence persistante d’une résolution bancaire équitable comprenant une répartition initiale des pertes, des renflouements internes et des restructurations continue de compromettre les perspectives de reprise.
Dette souveraine et inflation
Quant à la dette souveraine, qui s’élevait à 179,2% du PIB en 2022, elle reste insoutenable dans un contexte de forte dépréciation de la monnaie et de contraction économique, et en l’absence d’une restructuration globale de la dette.
Pour ce qui est du taux d’inflation, qui est à trois chiffres depuis 2021, il devrait s’accélérer pour atteindre 231,3% en 2023, sous l’effet de la dépréciation du taux de change (en particulier au cours du premier semestre 2023) et de la dollarisation rapide des transactions économiques. En outre, le Liban est arrivé en tête de liste des pays les plus durement touchés par l’inflation nominale des prix alimentaires au premier trimestre 2023 (à 350% en glissement annuel en avril 2023), ce qui a exacerbé la précarité des conditions de vie des plus pauvres et des plus vulnérables.
Marchés financiers
Les marchés financiers, qui anticipent l’avenir, fournissent un indicateur naturel pour mesurer l’évolution des primes de risque. Les euro-obligations libanaises ont souffert d’une liquidation à partir du 9 octobre, dénotant d’une baisse de perspectives de restructuration de la dette. Les prix des euro-obligations ont enregistré une baisse en une seule journée allant de 0,6 à 0,8 point de pourcentage de la valeur nominale, sur toutes les échéances.
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