Liban: des signes de reprise malgré les défis économiques et humanitaires
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Alors que le Liban émerge peu à peu d’une période marquée par de lourds défis politiques, économiques et humanitaires, le dernier rapport économique de la Banque mondiale (BM) sur la région Menaap (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan), publié en octobre 2025, présente des perspectives encourageantes pour le pays.

Malgré une situation encore fragile – notamment en matière de finances publiques et de services essentiels –, le Liban parvient à redresser la trajectoire de son économie grâce à des réformes structurelles et à un retour progressif de la stabilité politique.

Un retour de la stabilité politique et institutionnelle

Après deux années de vide institutionnel, l’élection d’un nouveau président de la République et la formation d’un gouvernement en 2025 ont marqué un tournant. Ce retour de la gouvernance a permis de relancer la confiance et de remettre en marche plusieurs chantiers économiques et sociaux.

Les prévisions de la BM confirment ce redressement: le PIB réel devrait croître de 3,5% en 2025, puis de 4% en 2026, après une contraction estimée à 7,1% en 2024.

Le PIB par habitant progresserait également de 2,7% en 2025 et de 3,1% en 2026, porté par une stabilisation du taux de change depuis août 2023 et un reflux notable de l’inflation, attendue à moins de 10% l’an prochain.

L’indice des prix à la consommation a d’ailleurs enregistré une baisse de 14% en juillet 2025, une première depuis plusieurs années de spirale inflationniste.

Amélioration des équilibres macroéconomiques

Le rapport souligne que la reprise du tourisme durant l’été 2025 – notamment en juillet et en août – a joué un rôle central dans cette embellie. Soutenue par des réformes économiques et administratives, cette dynamique devrait se poursuivre en 2026, contribuant à renforcer les recettes en devises et à soutenir la croissance.

Les indicateurs externes et budgétaires montrent également des signes de consolidation.

Le déficit du compte courant devrait reculer de 22,2% du PIB en 2024 à 15,8% en 2025, avant de se stabiliser à 16,1% en 2026.

Sur le plan budgétaire, la BM prévoit un équilibre des comptes publics en 2025 et 2026, après un léger excédent de 0,5% du PIB en 2024 – un signal positif pour la soutenabilité financière du pays.

Un lourd héritage post-conflit

La BM rappelle toutefois que la récente guerre au Liban a entraîné d’importants dommages matériels (6,8 milliards de dollars) et des pertes économiques (7,2 milliards de dollars), portant les besoins de reconstruction à environ 11 milliards de dollars.

Près de 1,2 million de personnes ont été déplacées, aggravant la crise humanitaire déjà existante.

Des défis sociaux persistants

Si les indicateurs macroéconomiques s’améliorent, la situation sociale reste préoccupante.

Le taux de pauvreté a fortement augmenté entre 2013 et 2023, conséquence directe de la perte du pouvoir d’achat des ménages. La proportion de Libanais vivant avec moins de 3 dollars par jour est passée de 0,1% à 5,9%. Ceux disposant de moins de 4,2 dollars par jour sont passés de 0,3% à 16%, tandis que la part des personnes vivant avec moins de 8,3 dollars par jour a bondi de 5,5% à 50,7%.

Malgré ces défis, la BM estime que le Liban dispose d’atouts considérables pour consolider son redressement: une diaspora active, une économie de services flexible, un secteur touristique résilient et une population hautement qualifiée.

Grâce à la stabilité retrouvée et à la poursuite des réformes, le Liban pourrait renouer durablement avec la croissance à partir de 2026, tout en amorçant une réduction progressive des déséquilibres sociaux et financiers.

 

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