À Gaza, une aide humanitaire insuffisante malgré la résolution de l'ONU

La médiation entre Israël et le Hamas se poursuit dans la perspective d'un nouveau cessez-le-feu qui faciliterait l'entrée d'une aide humanitaire conséquente à Gaza.


Les frappes israéliennes et les combats au sol se poursuivaient samedi dans la bande de Gaza, où la population palestinienne en souffrance espère un accroissement de l'aide humanitaire après l'adoption d'une résolution en ce sens, vendredi, par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Après cinq jours de négociations laborieuses pour éviter un veto des États-Unis, le Conseil avait réussi à adopter un texte réclamant l'acheminement "immédiat" et "à grande échelle" de l'aide humanitaire à Gaza.

La résolution se garde d'appeler à un "cessez-le-feu", condition inacceptable pour Israël et son allié américain. Elle demande de "créer les conditions d'une cessation durable des hostilités".

L'adoption de ce texte, au regard de l'abstention des États-Unis et de la Russie, est vue comme un succès diplomatique au sein d'une institution largement critiquée pour son inaction depuis le début de la guerre.

Mais sa portée réelle sur le terrain est encore incertaine: l'aide humanitaire, qui rentre déjà au compte-gouttes à Gaza, est pour l'instant très loin de répondre aux immenses besoins d'une population largement menacée par la famine, selon l'ONU.

Avant ce vote, Israël, qui contrôle les camions entrant à Gaza, faisait déjà un procès en incompétence aux agences onusiennes chargées de la distribution de l'aide. Une position maintenue par le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, vendredi.

"La décision du Conseil de sécurité souligne la nécessité de veiller à ce que les Nations unies soient plus efficaces dans le transfert de l'aide humanitaire et de s'assurer que l'aide arrive à destination et ne se retrouve pas entre les mains des terroristes du Hamas", a-t-il réagi sur X.

"Bonne direction" 

Côté palestinien, l'ambassadeur à l'ONU Riyad Mansour a salué "un pas dans la bonne direction", tout en insistant sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat".

Mais le Hamas, classé comme organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, a jugé la résolution "insuffisante" et estimé qu'elle ne "répond(ait) pas à la situation catastrophique créée par la machine de guerre sioniste (israélienne, ndlr)".

Tard vendredi, l'armée a encore annoncé avoir tué "des terroristes" et découvert des tunnels utilisés par le Hamas dans la ville de Gaza.


Samedi matin, le ministère de la Santé à Gaza a annoncé qu'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Nuseirat avait fait au moins 18 morts dans la nuit.

L'armée israélienne "poursuit ses tirs d'artillerie lourde" sur la ville de Gaza et sur Jabaliya dans le nord, ainsi qu'à Deir el-Balah dans le centre du territoire, ajoute le communiqué. Les frappes se poursuivent également près de Rafah et de Khan Younès dans le sud.

"Mon message au monde est qu'ils nous regardent, qu'ils nous voient, qu'ils constatent que nous sommes en train de mourir. Pourquoi n'y prêtent-ils pas attention?", s'est indignée auprès de l'AFP Walaa al-Medini, une déplacée palestino-égyptienne évacuant le camp de réfugiés de Bureij (centre), après un avertissement préventif de l'armée israélienne.

Les institutions internationales alertent sur un risque de famine

Malgré la nouvelle résolution adoptée par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a fustigé les "obstacles massifs" à la distribution d'aide créés par la manière dont Israël mène son "offensive".

Il a rappelé que 136 employés des Nations unies "ont été tués en 75 jours", "du jamais vu", selon lui. Seul un cessez-le-feu peut "commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Gaza" et permettre de distribuer l'aide nécessaire, a-t-il ajouté.

"L'exigence la plus pressante pour la population de Gaza est un cessez-le-feu immédiat", a renchéri sur X le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en rappelant que "la faim, la famine et la propagation de maladies" menacent largement l'enclave palestinienne.

Dans les prochaines semaines, "10.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de la forme de malnutrition la plus mortelle", a insisté l'Unicef dans un communiqué.

La médiation se poursuit

Dans ce contexte, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de davantage d'aide.

Mais les belligérants restent intransigeants: le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve, mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas.

Maureen Décor, avec AFP
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