Sur le plan politique, l’année 2023 a été caractérisée au Liban par une incapacité d’aller de l’avant. De nombreux échecs ont marqué le paysage politique, dont l’impossibilité d’élire un président de la République et d’asseoir la souveraineté de l’État.
Ici Beyrouth a établi pour ses lecteurs une liste récapitulative des principaux événements politiques de 2023 au Liban.
L’enquête sur l’explosion du port
Trois ans et trois mois après la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, le 4 août 2020, l’enquête est toujours à l’arrêt: des victimes font l'objet de mandats d’arrêt et le juge Tarek Bitar est toujours dans l’incapacité d’aller de l’avant.
Le «groupe des Cinq» et l’émissaire français
Le 6 février commencent, à Paris, les réunions de ce qui sera ultérieurement désigné sous le nom de «groupe des Cinq». Les représentants des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite, du Qatar et de l’Égypte se réunissent dans la capitale française pour discuter des dossiers «chauds» libanais, particulièrement ce qui a trait à l’élection du président.
Le 7 juin, le président français, Emmanuel Macron, nomme son ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian comme envoyé spécial personnel pour le Liban afin de trouver une solution à l’impasse politique que traverse le pays. M. Le Drian visitera le Liban trois fois sans toutefois parvenir ni à un accord ni à une solution.
Fin du mandat de Abbas Ibrahim
Le 2 mars se termine officiellement le mandat du général Abbas Ibrahim après presque 12 ans à la tête de la Sûreté générale. Il est remplacé par le général Elias Baissari, dont le mandat a été prorogé de neuf mois pour assurer l’intérim.
Affrontements transfrontaliers et inter-palestiniens
Le 6 avril, le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, arrive à Beyrouth en «visite privée». Le même jour, 35 roquettes sont tirées du Liban-Sud vers le nord d’Israël. Celui-ci accuse le Hamas. Si les tirs sont palestiniens, il semble improbable que le Hezbollah ne soit pas impliqué, compte tenu de son influence dans la région.
Le dimanche 29 juillet, des affrontements meurtriers ont lieu dans le camp palestinien de Aïn el-Heloué à la suite de l’assassinat d’un haut gradé de la sécurité du Fateh, sur fond de lutte de pouvoir entre l’Autorité palestinienne et des groupes islamistes.
Dans la même lignée, les affrontements reprennent dans le camp en septembre.
Élections municipales reportées
Le 18 avril, le Parlement vote la prolongation du mandat des conseils municipaux et des mokhtars pour une durée maximale d’un an. Leur mandat expire donc au plus tard le 31 mai 2024.
La crise des réfugiés syriens
Le 23 avril, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, ouvre la boîte de Pandore liée aux réfugiés syriens, insistant sur l’urgence d’une solution.
Le 9 août, le Haut-Commissariat pour les réfugiés accepte de remettre ses données concernant les réfugiés syriens au Liban. Le processus ne sera mis en place qu’au courant du mois de décembre.
L’élection présidentielle (inachevée)
Le 26 avril, lors d’un entretien télévisé, le chef du parti Marada, Sleiman Frangié, pose sa candidature à la présidence de la République, soutenu par le Hezbollah.
Le 4 juin, le député Michel Moawad annonce le retrait de sa candidature à la présidence de la République et le soutien de 32 députés de l’opposition à Jihad Azour, chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international. Le Courant patriotique libre de Gebran Bassil avait annoncé la veille son soutien à M. Azour.
Le 14 juin, lors de la 12e session électorale depuis la fin du mandat de Michel Aoun, Jihad Azour obtient 59 voix contre 51 pour Sleiman Frangié.
Depuis, aucune session électorale n’a eu lieu, alors que le pays est en état de vacance présidentielle depuis le 31 octobre 2022.
Démonstration de force du Hezbollah
Le 21 mai, le Hezbollah mène une démonstration militaire à Mlita, au Liban-Sud, conviant la presse locale et internationale. Le parti pro-iranien y fait l’étalage de ses armes, de son artillerie et ses drones, et de la mobilité de ses combattants. En somme, une démonstration militaire très politique.
Le 6 juillet, deux roquettes sont tirées en direction d’Israël depuis le Liban-Sud. En réponse, l’armée israélienne bombarde le territoire libanais. L’armée israélienne avait, quelques jours plus tôt, installé une clôture dans la partie libanaise du village de Ghajar, peu après que le Hezbollah a installé deux tentes dans la région contestée des collines de Kfarchouba.
Teymour Joumblatt à la tête du PSP
Le 25 juin, le député Teymour Joumblatt prend officiellement les rênes du Parti socialiste progressiste (PSP), succédant à son père, le leader druze Walid Joumblatt, après 46 ans à la tête du parti.
L’incident de Kornet al-Saouda
Le 1ᵉʳ juillet, deux hommes de la famille Tawk sont tués par balles sur les hauteurs de Kornet el-Saouda, au Liban-Nord. Plusieurs versions des faits évoquent un ancien litige opposant les habitants de Bcharré à ceux de Bkaasafrine (Denniyé) autour de sources d’eau.
Fin du mandat de Riad Salamé
Le 31 juillet, le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, quitte son poste à la fin de son mandat. Wassim Mansouri, premier vice-gouverneur, lui succède.
L’incident de Kahalé
Le 9 août, un camion du Hezbollah contenant des munitions se renverse à Kahalé. L’armée est déployée et la situation tendue cause deux morts, dont un habitant de la ville.
Le forage
Les activités d’exploration du bloc 9 débutent le 22 août, mais TotalEnergies informe le ministère libanais de l’Énergie de l’arrêt des travaux de forage après avoir atteint une profondeur de 3.900 mètres sans rien y trouver.
La guerre entre le Hamas et Israël
Le 7 octobre, le Hamas fait une incursion meurtrière en Israël, provoquant une réponse sanglante de l’État hébreu. À partir de là, le front du Liban-Sud s’embrase et l’escalade monte crescendo, causant des victimes parmi les civils, la destruction d’habitations et un déplacement d’au moins 60.000 personnes du sud vers d’autres régions.
Retard du départ à la retraite de Joseph Aoun
Le Parlement vote, le 15 décembre, la proposition de loi retardant d’un an le départ à la retraite des officiers ayant grade de général ou général de division. Ce faisant, le législatif proroge les mandats du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, du directeur des Forces de sécurité intérieure, Imad Osman, et du directeur de la Sûreté générale par intérim, Élias Baïssari.
Dans l’ensemble, les événements politiques de 2023 ont mis en évidence les défis persistants auxquels le Liban est confronté. Malgré les nombreuses opportunités qui auraient pu permettre de combler la vacance au pouvoir, aucune n’a été exploitée. Et la souveraineté est bafouée en permanence.
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