Ce que l'on sait de l'attaque du 3 janvier en Iran
©(Sare TAJALLI, AFP)
La double explosion qui a fait 84 morts, mercredi, dans le sud de l’Iran, est l’attaque la plus meurtrière dans le pays depuis plus de quatre décennies. Qualifiée d’acte «terroriste» par les autorités, elle alimente les craintes d’un embrasement régional dans le contexte de la guerre Israël-Hamas.

Voici ce que l’on sait de cet attentat, pour lequel une enquête a été ouverte par le gouvernement:
Déroulement

L’attentat a visé une foule rassemblée lors d’une cérémonie commémorative près de la mosquée Saheb al-Zaman, qui abrite la tombe du général Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué en janvier 2020 dans une frappe américaine en Irak.

Selon l’agence officielle Irna, citant «une source informée», la première explosion a été provoquée par un kamikaze, un homme, dont le corps a été déchiqueté. Pour la seconde, l’enquête se poursuit mais il s’agissait très probablement également d’un kamikaze, selon Irna.

La première déflagration s’est produite vers 14H45, heure locale, à environ 700 mètres de la tombe du général iranien, la seconde 15 minutes plus tard.
Auteurs

Le groupe jihadiste Daech a revendiqué jeudi l'attaque, indiquant via ses chaînes Telegram que deux de ses membres ont "activé leur ceinture explosive" au milieu "d'un grand rassemblement d'apostats, près de la tombe de leur leader".

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait auparavant promis une "réponse sévère" aux "ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne" auteurs de l'attentat.

Le chef de la force Qods -- la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique --, le général Esmaïl Qaani, avait lui suggéré avant la revendication de l'EI que les auteurs avaient été "approvisionnés par les Etats-Unis et le régime sioniste".

Le département d'Etat à Washington a rejeté comme "absurde" toute suggestion d'une implication des Etats-Unis ou d'Israël, dont le gouvernement n'a pas commenté l'attentat.


Pour Ali Vaez, chercheur spécialiste de l'Iran au cercle de réflexion International Crisis Group, la double explosion "correspond au mode opératoire" de Daesh.

L'attaque n'a "pas les caractéristiques des précédentes opérations secrètes israéliennes en Iran", a-t-il noté sur X, en référence aux assassinats des responsables nucléaires imputés à Israël.

Si l'attaque émanait Israël, estime M. Vaez, "cela ferait partie d'une campagne de provocation maximale", en particulier après la récente frappe israélienne contre le numéro 2 du Hamas à Beyrouth et l'élimination près de Damas d'un haut commandant des Gardiens de la révolution.

L'attaque est la plus meurtrière en Iran depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d'Abadan, selon les archives de l'AFP.
Conséquences

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a déclaré que l’Iran considérait de «son devoir de soutenir» les groupes en guerre contre Israël, mais souligné qu’ils étaient «indépendants dans (...) leur décision et leur action».

Engagé dans une guerre de l’ombre avec Israël, l’Iran lutte également contre divers groupes jihadistes et militants – notamment dans le sud et sud-est du pays – qui ont revendiqué de multiples attaques ces dernières années.

Si l’Iran «blâme Israël, il tentera probablement de répondre de la même manière, en visant quelque part des cibles de grande valeur ou des cibles faciles», estime M. Avez. «S’il accuse Daech ou des groupes séparatistes, il faut s’attendre à des arrestations ou exécutions et même à des tirs de missiles sur leurs bases dans la région.»

Avec AFP

 
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