©Dans cette photographie d'archive prise le 26 mars 1962, des manifestants européens opposés à l'indépendance de l'Algérie défilent à Alger. (AFP)
Soixante ans après la fin de la Guerre d'Algérie, le conflit continue à diviser les Français. Entre les partisans de l'indépendance, les Algériens musulmans d'abord, mais aussi les habitants de la métropole, d'un côté, et les "pieds-noirs", ou "Européens", c'est-à-dire les Français d'Algérie dont la plupart habitaient ce pays depuis plusieurs décennies. Emmanuel Macron poursuit ses efforts pour "apaiser" les mémoires de la guerre d'Algérie, après les gestes envers les Algériens, mercredi, le chef de l'Etat a adressé un geste fort aux pieds-noirs.
Dans un discours à l'Elysée, le président a exprimé "la reconnaissance" de la France envers les rapatriés d'Algérie et reconnu deux "massacres" qui se sont produits après la signature des accords d'Evian du 19 mars 1962.
Il a ainsi qualifié d'"impardonnable pour la République" la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars de cette année-là. (Photo)
"Ce jour-là, les soldats français déployés à contre emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (...) Ce jour-là ce fut un massacre", a-t-il déclaré, ajoutant que "60 ans après" ce "drame passé sous silence", "la France reconnaît cette tragédie". Il a précisé que "toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement".
Evoquant la "surenchère atroce d'insécurité et de violence", "d'attentats et d'assassinats" qui scandèrent la fin de la guerre d'Algérie, M. Macron a également exhorté à reconnaître et "regarder en face" le "massacre du 5 juillet 1962" à Oran, qui toucha "des centaines d'Européens, essentiellement des Français".
"Ce massacre doit être regardé en face et reconnu", a-t-il tranché. "La vérité doit être de mise et l'Histoire transmise", a insisté le chef de l'Etat, sans faire allusion aux autorités algériennes.
"Un discours ne règle pas 60 années d’injustices (...) Mais je voulais qu’aujourd’hui, quelques mots viennent apporter la reconnaissance sur des drames sur lesquels la République ne s’était jamais exprimée", a-t-il ajouté. Et désormais "le chemin qu'il nous revient de faire est celui de cette réconciliation" avec la communauté des pieds-noirs, forte de cinq à six millions de personnes en France.
Son discours a été écouté avec gravité par une centaine de personnes dans la salle des fêtes de l'Elysée, dont des rapatriés, comme le réalisateur Alexandre Arcady et l'actrice Françoise Fabian, des descendants, des historiens comme le spécialiste Benjamin Stora, et trois maires de villes du sud de la France ayant accueilli nombre d'entre eux en 1962.
"Les mots du président m'ont touché. Je l'ai trouvé honnête, sincère. Nous, les pieds-noirs, on a besoin d'entendre de telles paroles (...) que nous n'avions jamais entendues", a réagi le maire de Béziers Robert Ménard, né à Oran il y a 68 ans et soutien de Marine Le Pen à la présidentielle.
Pour Christian Estrosi, maire ex-LR de Nice, Emmanuel Macron a utilisé "les mots qu'il fallait" et les pieds-noirs vont lui en être "reconnaissants".
Invitée avec sa fille à l'Elysée, Anne-Marie Perez, née dans une famille de pieds-noirs en 1963 à La Rochelle, a jugé que le président avait "pointé avec justesse les douleurs des Français d'Algérie".
Plus circonspect, Jean-Félix Vallat, président de l'Association des Agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord (Mafa), qui revendique 3.500 adhérents, s'est déclaré "satisfait" des paroles du président tout en jugeant qu'il restait "beaucoup à faire". Emmanuel Macron "amorce enfin un rééquilibrage" de la mémoire de la guerre d'Algérie alors que tous ses précédents gestes "étaient en direction des gens proches du FLN" algérien, a-t-il regretté.
Il faisait référence à ses décisions de reconnaître la responsabilité de l'armée française dans les morts du jeune mathématicien communiste Maurice Audin et de l'avocat nationaliste Ali Boumendjel en 1957.
L'association "Jeune pied-noir", dont un représentant était à l'Elysée mercredi, a en revanche jugé dans un communiqué "stupide et lâche" le geste d'Emmanuel Macron, et pourfendu "l'impasse du concept irréaliste des 'mémoires partagées'".
Emmanuel Macron a ensuite demandé "pardon" aux harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent "abandonnés" par la France. Un projet de loi, actant ce "pardon" et tentant de "réparer" les préjudices subis, est en cours d'examen au Parlement et devrait être adopté d'ici la fin du mois de février.
La candidate LR Valérie Pécresse a qualifié mercredi ce texte de "rendez-vous manqué avec l’Histoire" qui "répond d’abord à un calcul électoral".
Cette série d'actes mémoriels se poursuivra par la commémoration des Accords d'Evian le 19 mars, soit 20 jours avant le premier tour de la présidentielle. L'Elysée a indiqué préparer avec attention cet anniversaire pour qu'il "ne soit pas pris en otage" par la politique.
Avec AFP
Il a ainsi qualifié d'"impardonnable pour la République" la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars de cette année-là. (Photo)
"Ce jour-là, les soldats français déployés à contre emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (...) Ce jour-là ce fut un massacre", a-t-il déclaré, ajoutant que "60 ans après" ce "drame passé sous silence", "la France reconnaît cette tragédie". Il a précisé que "toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement".
Evoquant la "surenchère atroce d'insécurité et de violence", "d'attentats et d'assassinats" qui scandèrent la fin de la guerre d'Algérie, M. Macron a également exhorté à reconnaître et "regarder en face" le "massacre du 5 juillet 1962" à Oran, qui toucha "des centaines d'Européens, essentiellement des Français".
"Ce massacre doit être regardé en face et reconnu", a-t-il tranché. "La vérité doit être de mise et l'Histoire transmise", a insisté le chef de l'Etat, sans faire allusion aux autorités algériennes.
"Un discours ne règle pas 60 années d’injustices (...) Mais je voulais qu’aujourd’hui, quelques mots viennent apporter la reconnaissance sur des drames sur lesquels la République ne s’était jamais exprimée", a-t-il ajouté. Et désormais "le chemin qu'il nous revient de faire est celui de cette réconciliation" avec la communauté des pieds-noirs, forte de cinq à six millions de personnes en France.
Son discours a été écouté avec gravité par une centaine de personnes dans la salle des fêtes de l'Elysée, dont des rapatriés, comme le réalisateur Alexandre Arcady et l'actrice Françoise Fabian, des descendants, des historiens comme le spécialiste Benjamin Stora, et trois maires de villes du sud de la France ayant accueilli nombre d'entre eux en 1962.
"Les mots du président m'ont touché. Je l'ai trouvé honnête, sincère. Nous, les pieds-noirs, on a besoin d'entendre de telles paroles (...) que nous n'avions jamais entendues", a réagi le maire de Béziers Robert Ménard, né à Oran il y a 68 ans et soutien de Marine Le Pen à la présidentielle.
Pour Christian Estrosi, maire ex-LR de Nice, Emmanuel Macron a utilisé "les mots qu'il fallait" et les pieds-noirs vont lui en être "reconnaissants".
Invitée avec sa fille à l'Elysée, Anne-Marie Perez, née dans une famille de pieds-noirs en 1963 à La Rochelle, a jugé que le président avait "pointé avec justesse les douleurs des Français d'Algérie".
Plus circonspect, Jean-Félix Vallat, président de l'Association des Agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord (Mafa), qui revendique 3.500 adhérents, s'est déclaré "satisfait" des paroles du président tout en jugeant qu'il restait "beaucoup à faire". Emmanuel Macron "amorce enfin un rééquilibrage" de la mémoire de la guerre d'Algérie alors que tous ses précédents gestes "étaient en direction des gens proches du FLN" algérien, a-t-il regretté.
Il faisait référence à ses décisions de reconnaître la responsabilité de l'armée française dans les morts du jeune mathématicien communiste Maurice Audin et de l'avocat nationaliste Ali Boumendjel en 1957.
L'association "Jeune pied-noir", dont un représentant était à l'Elysée mercredi, a en revanche jugé dans un communiqué "stupide et lâche" le geste d'Emmanuel Macron, et pourfendu "l'impasse du concept irréaliste des 'mémoires partagées'".
Emmanuel Macron a ensuite demandé "pardon" aux harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent "abandonnés" par la France. Un projet de loi, actant ce "pardon" et tentant de "réparer" les préjudices subis, est en cours d'examen au Parlement et devrait être adopté d'ici la fin du mois de février.
La candidate LR Valérie Pécresse a qualifié mercredi ce texte de "rendez-vous manqué avec l’Histoire" qui "répond d’abord à un calcul électoral".
Cette série d'actes mémoriels se poursuivra par la commémoration des Accords d'Evian le 19 mars, soit 20 jours avant le premier tour de la présidentielle. L'Elysée a indiqué préparer avec attention cet anniversaire pour qu'il "ne soit pas pris en otage" par la politique.
Avec AFP
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