Bassil, le mal-aimé
Le ridicule ne tuera pas Gebran Bassil de sitôt. Entre mensonges, demi-vérités et fabulations, le député de Batroun ne manque pas d’air pour dire tout et n’importe quoi afin de se rendre intéressant.

Lors d’une interview télévisée sur la chaîne OTV mercredi soir, le gendre de l’ancien président de la République a lancé des fleurs au président de la Chambre, Nabih Berry, avec qui il entretient des relations plus que glaciales, assurant «l’apprécier et l’aimer à titre personnel», bien que les deux hommes n’aient jamais caché leur mépris l’un envers l’autre. Une opération de séduction dont le seul but est de se rapprocher du chef du mouvement Amal, puisque M. Bassil n’a décidément plus d’alliés.

En effet, le numéro un du Courant patriotique libre (CPL) a aliéné son – ancien – principal allié, le Hezbollah, par ses frasques et ses caprices au cours des dernières années, notamment au sujet de la présidence. La formation pro-iranienne, lassée par son comportement d’enfant gâté et son insolence, a fini par prendre ses distances avec la personne qui lui assurait un minimum de couverture politique chrétienne.

Cette prise de position n’enchante pas particulièrement Gebran Bassil, qui n’a pas hésité à qualifier la fameuse entente de Mar Mikhaël d’obsolète et de dépassée. «Cet accord avec le Hezbollah visait à protéger le Liban et à faire face à Israël, qui agresse constamment le pays. Cependant, il ne s'étend pas au-delà de cet objectif. Ce document d'entente ne traitait pas de la libération de la Palestine, car cette question relève de la responsabilité des Palestiniens eux-mêmes.» Et d’ajouter: «Nous sommes contre l’unité des fronts et nous soutenons la logique de la paix. Les résolutions internationales, notamment la 1701, doivent être appliquées. Nous devons récupérer les fermes de Chebaa, assurer le retour des réfugiés palestiniens et celui des déplacés syriens et obtenir les droits sur les ressources gazières.»


Par ailleurs, M. Bassil a appelé à la neutralité du Liban «dans les conflits qui ne lui apportent aucun avantage», soulignant que cela ne signifiait pas être neutre par rapport aux questions régionales importantes. Il a aussi plaidé en faveur du développement d’un système sur la base d'un État civil, de la réforme constitutionnelle, de la création d'un Sénat, de l'unification des statuts personnels, et a souligné l'importance de la décentralisation du développement. Un revirement de position pour le moins troublant pour un politicien qui défendait bec et ongles une milice terroriste pro-iranienne qui s’évertuait à bafouer les institutions et violer la Constitution.

Le chef du parti orange a abordé la question de l'élection présidentielle, critiquant les chrétiens qu'il accuse de prolonger délibérément la vacance à la tête de l'État dans le but de réaliser des gains politiques personnels. Il a appelé les responsables religieux et politiques à assumer leurs responsabilités dans cette situation. Ironiquement, cette critique émane de quelqu'un qui a lui-même bloqué la formation d'un nouveau gouvernement pendant des mois lors du mandat de son beau-père. De plus, il persiste sans relâche à entraver l'élection d'un chef de l'État dans le but de pouvoir lui-même accéder à la magistrature suprême.

Interrogé sur l’arrivée de l’émissaire américain Amos Hochstein jeudi, Gebran Bassil a exprimé son indignation quant à l'objectif de la visite du diplomate. «Ce que Amos Hochstein viendra proposer nécessite un président de la République, car résoudre les treize points litigieux n'est pas suffisant. Nous avons besoin d’un chef de l’État pour mener les négociations», a-t-il conclu.

Quoi qu’il en soit, mis à part les piques voilées lancées aux uns et les reproches adressés aux autres, l’entretien du chef du CPL n’a rien apporté de nouveau au niveau politique et ne changera certainement pas la donne. Rien de surprenant lorsque ses propos sont populistes, primaires et dénués de fond.
Commentaires
  • Aucun commentaire