L’euphorie des fêtes passée, les commerçants dressent un premier bilan pour le moins positif de cette période de fin d’année. Avec les retombées de la guerre de Gaza sur le Liban, ils s’attendaient au pire, mais contre toute attente, la dynamique a bel et bien été au rendez-vous. Le bilan n’est pas exceptionnel, mais bien meilleur que ce qu’ils pouvaient espérer.
On s’attendait au pire. Mais, contre toute attente, la saison des fêtes pour les commerçants a été meilleure que ce qu’ils pouvaient espérer. Malgré le spectre de la guerre qui menace d’éclater dans le pays, l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat de la plupart des Libanais, les commerçants ont pu compter sur une importante fréquentation de leurs boutiques, surtout par les expatriés. Malgré une tendance aux achats de dernière minute, les consommateurs ont fini par faire de dépenses importantes.
«Le début du mois de décembre a été très calme, mais dès le 21, les clients ont afflué», raconte une bijoutière basée à Beyrouth, qui se dit satisfaite par le volume des ventes. Même son de cloche chez le propriétaire d’un magasin de jouets qui confie que pour lui, «la saison des achats a démarré tard». «Heureusement, les chiffres sont équivalents à ceux de l’année passée», poursuit-il. Pour les propriétaires des boutiques de vêtements aussi, la saison a été bonne, même si les clients se sont rués à la dernière minute.
Un bon mois pour le secteur de l’alimentation
Le mois de décembre 2023 a également été «bon» pour les propriétaires des supermarchés, malgré des conjonctures politique et économique défavorables. Le président du Syndicat des propriétaires des supermarchés, Nabil Fahed, affirme ainsi à Ici Beyrouth que le mois de décembre a été meilleur que celui de décembre 2022, mais reste nettement inférieur aux chiffres affichés avant la crise de 2019.
Il explique que grâce à la dollarisation des produits, la concurrence a pu jouer un rôle, chaque supermarché présentant des offres sur des produits phares des fêtes tels que la dinde, le whisky ou le vin. M. Fahed précise toutefois que «ces deux semaines d’euphorie des achats ne permettent pas de rattraper les pertes engendrées en octobre et novembre, du fait de la guerre à Gaza et ses débordements au Liban».
Les pâtisseries ont, elles aussi, à leur grande surprise, très bien travaillé au mois de décembre, «même mieux que l’année dernière». «Nous n’avons jamais autant vendu de bûches, de monts-blancs, de chocolats et de marrons glacés, se réjouit le propriétaire d’une pâtisserie. Mais cela ne compense pas les pertes accumulées pendant les deux mois précédents.»
Plus de 120 millions de dollars de vente par jour
Le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, explique à Ici Beyrouth que 2023 a été une année «très contrastée». Elle est divisée en trois périodes. La première s’étend du 1ᵉʳ janvier au 7 octobre, date à laquelle la guerre à Gaza a commencé. «C’était une bonne période pour l’activité économique en général, et pour l’activité commerciale en particulier, celle-ci ayant augmenté de 20%, avance-t-il. Malheureusement, tout cela s’est évaporé au lendemain du 7 octobre.»
Durant cette deuxième période, une baisse des activités a été constatée dans certains secteurs, alors que d’autres ont connu un «effondrement». «La baisse des activités variait entre 50% et 70%», note M. Chammas.
La troisième période englobe les dix derniers jours de l’année. «Avec l’arrivée massive des expatriés, la saison a pu être sauvée», estime M. Chammas. Il n’en reste pas moins que «les chiffres sont restés en deçà de ceux observés en 2022».
Il précise, dans ce contexte, que, selon les estimations, le volume des ventes durant les dix derniers jours de l’année 2023, tous secteurs confondus, varie entre 100 et 125 millions de dollars par jour, contre près de 150 millions par jour en 2022, et 250 millions de dollars par jour en 2018. «Le recul est notable, mais nous avons évité la catastrophe», poursuit-il.
M. Chammas note en outre que les commerçants font face à deux problèmes: le surstock, qui va peser sur les marges dans les ventes à venir, et le manque de liquidités. «L’année 2024 commence lentement sur le plan économique, d’autant que la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour et que le marché se grippe», déplore M. Chammas.
Cette euphorie des achats, le temps de quelques jours, a permis aux commerçants de renflouer leurs caisses, même s’ils n’ont pas pu profiter d’une année exceptionnelle. S’ils se disent satisfaits par les résultats de l’activité commerciale durant les deux dernières semaines de l’année, ils ne cachent pas leur angoisse, d’autant qu’ils n’ont aucune vision d’avenir.
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