France: le ministère de la Culture, entre audace et conservatisme

La nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture, en remplacement de Rima Abdul Malak, marque un contraste saisissant entre deux personnalités que tout oppose.
Inconnue du grand public lors de sa nomination surprise en mai 2022, Rima Abdul Malak s’est rapidement fait remarquer par son style affirmé et ses prises de position tranchées, avant d’être brutalement désavouée par Emmanuel Macron après seulement un an et demi au ministère de la Culture.
Née en 1979 à Beyrouth, Rima Abdul Malak grandit au cœur de la guerre civile libanaise avant que sa famille ne trouve refuge en France alors qu’elle est âgée de 10 ans. Si la petite exilée découvre avec passion la culture et les libertés françaises, elle fait aussi l’amère expérience du racisme ordinaire. Brillante diplômée en sciences politiques, elle entame son parcours professionnel au sein d’associations culturelles et humanitaires avant d’intégrer la mairie de Paris puis l’Élysée comme conseillère à la culture sous Hollande.

Rompue aux arcanes du pouvoir, Rima Abdul Malak gère même une partie de la crise sanitaire avant d’être nommée de façon surprise au ministère de la Culture en 2022 pour prendre la succession de Roselyne Bachelot. Dès son arrivée rue de Valois, la quadra à la forte personnalité tape du poing sur la table. Elle pourfend publiquement l’extrême droite, montant au créneau contre un «concert néonazi» et la «censure» d’une œuvre d’art. Habituée des plateaux télé, elle menace même Cyril Hanouna de lui retirer ses fréquences.
Se posant en défenseure de la culture populaire, Rima Abdul Malak se fait remarquer par une intervention véhémente aux Molières 2023 pour vanter son action et défendre bec et ongles le budget «historique» accordé au ministère lors de son mandat. Si elle fronde avec conviction, son sens politique est cependant questionné et ses initiatives jugées hâtives. Sa violente charge contre Depardieu, qualifié de «honte» pour la France, est publiquement désavouée par l’Élysée.
Pour prendre sa suite, c’est une personnalité aux antipodes qui est désignée: Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux sous Sarkozy. Assumant un positionnement à droite, Dati agite aussitôt ses origines algérienne et marocaine pour promettre de défendre ardemment la «culture populaire» et la «diversité culturelle» de la France.
«La culture est un combat, un combat de tous les jours», assure avec fougue et détermination cette battante issue d’un milieu populaire. Si son discours se veut rassembleur, son style clivant laisse cependant présager des tensions à la tête d’un ministère réputé ingérable. Parmi ses chantiers prioritaires, cette femme de droite cite la réouverture de Notre-Dame pour fin 2024. L’avenir dira si son style et ses choix parviendront à faire consensus dans le monde culturel.
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