Négociations autour des frontières terrestres, sans président de la République

Quand la guerre à Gaza prendra fin et que les attaques depuis le territoire libanais cesseront, l’étape la plus importante sera celle des négociations indirectes entre le Liban et Israël – par l’intermédiaire du conseiller américain Amos Hochstein – au sujet de la délimitation des frontières terrestres entre les deux pays.
D’après un diplomate américain, ces négociations – prolongées au-delà de l’opération “déluge d’Al-Aqsa” – ont été entamées alors que les deux États avaient finalisé l’accord sur la délimitation des frontières maritimes, en octobre 2022. Désormais, tout a été clarifié sur le plan de la résolution du dossier de Ghajar nord et celui des 13 points litigieux le long de la Ligne bleue. Il incombe à présent à Israël et au Liban de s'entendre autour d’une formule au cours des réunions tripartites parrainées par les États-Unis, prévues à Naqoura.
Il est à noter que ces événements ont lieu en l’absence d’un président de la République qui, conformément à l’article 52 de la Constitution, prend en charge les négociations et veille à la ratification des conventions internationales aux côtés du Premier ministre, sachant qu’aucune ratification n’est possible sans l’approbation du Conseil des ministres. C’est effectivement ce qui s’est déroulé le jour où l’accord sur la délimitation des frontières maritimes avec Israël a été signé par le président Michel Aoun, le 27 octobre 2022. À l’époque, la Chambre avait refusé d’entamer des discussions au sujet de l’accord en question et de le soumettre au vote.

Dans ce contexte, selon des responsables libanais, les négociations indirectes actuelles sont inacceptables en l’absence d’un président de la République. Ces mêmes responsables ajoutent que le président de la Chambre, Nabih Berry, et le chef du gouvernement sortant, Najib Mikati, s’arrogent les prérogatives du président de la République et profitent du vide pour enfreindre la loi. Dans les circonstances actuelles, la responsabilité pèse sur ceux qui entravent l’élection d’un président, à la tête desquels le Hezbollah. Plus encore, le vide présidentiel consolide la marginalisation des chrétiens dans ces pourparlers et limite leur rôle quant aux négociations futures avec Israël.
D’après certaines informations, le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a mis en garde contre ces violations de la Constitution et a appelé toutes les parties concernées à suspendre toutes les négociations indirectes et à n’envisager aucun engagement ou discussion avant l’élection d’un président. Cependant, la demande de M. Bou Habib a été ignorée par les pouvoirs législatif et exécutif, l'incitant à réfléchir à une alternative: se dissocier de ce dossier et tout ce qu’il comporte comme responsabilités et accords potentiels.
En contrepartie, ceux en faveur des démarches de MM. Berry et Mikati considèrent que le Liban ne peut se permettre de rester à l’écart en ce temps de crise. Pour eux, il faudrait que le pays du Cèdre saisisse cette opportunité pour résoudre les différends concernant la frontière terrestre. Les défenseurs des deux responsables ont ajouté que l’accord-cadre relatif à la délimitation des frontières maritimes a été annoncé depuis Aïn el-Tiné, la résidence du président de la Chambre, en présence d’un président de la République à Baabda. Ceux-ci ont refusé la remise en cause des positions de MM. Berry et Mikati, prétendant que ces derniers se distinguent par leur patriotisme et ne sacrifieraient jamais les intérêts du Liban.
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