L’exposition No Title du peintre et sculpteur Fadi Yazigi à la galerie Tanit, ouverte du 10 janvier au 16 février 2024, annonce la couleur, laissant au spectateur le soin de s’imprégner d’images éloquentes et poignantes. En effet, les toiles sont brandies comme un étendard pour témoigner d’une histoire parsemée de blessures, un art coup de poing qui se passe de tout commentaire.
L’œuvre du peintre et sculpteur Fadi Yazigi, syrien d’origine, fait partie de plusieurs collections publiques ou privées, tant au British Museum de Londres, à la Fondation Atassi à Dubaï qu’au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis. L’artiste se caractérise par un style semi-figuratif, expressionniste ou cubiste rappelant Miro ou Picasso, mais se distingue par la liberté de la facture et la force d’expression. Ses œuvres se déclinent en un subtil mélange de couleurs sourdes ou sonores qui s’entrechoquent et éclatent comme un cri. Les rouges, verts, bleus, blancs ou noirs s’interpénètrent dans une sorte de lutte incessante. L’artiste révèle ainsi un univers artistique torturé, discordant, fracassé dans une perception du monde déchiré par la violence et les conflits.
Sur ses tableaux, des corps démembrés, des visages hagards, désemparés, interpellent le spectateur et l’introduisent d’emblée dans une dimension spéculaire, introspective. Les personnages esquissés à la hâte se présentent de profil avec un œil montré de face à la manière des Égyptiens de la période pharaonique. Ce regard inquisiteur, accusateur, vous poursuit de toile en toile, à l’instar de «l’œil qui était dans la tombe et regardait Caïn». Fadi Yazigi use de plus d’un langage propre pour raconter une histoire avec certaines réminiscences bibliques, montrant par exemple deux personnages en fuite avec leur âne rappelant Marie et Joseph se dirigeant vers Bethléem pour sauver Jésus, ou une tête décapitée offerte sur une assiette comme prix de la cupidité des hommes.
Ses œuvres à caractère symbolique se définissent aussi par des portraits qui se déclinent de manière répétitive dans une litanie obsédante, miroir d’une humanité en déroute, en quête d’absolu. Les figures de ces créatures défilent ainsi de toile en toile, créant un rythme lancinant, incantatoire semblable à la danse-toupie quasi hypnotique des soufis. Bras et yeux s’élèvent vers le ciel comme une prière ou s’envolent vers un ailleurs. Les faces émaciées ou déformées, lacérées de larmes ou de traits noirs, sont érigées en icônes.
Le cercle, symbole du sacré et de l’infini, est aussi bien présent pour marquer les contours d’une tête, les parties d’un corps, se transformer en roue, en assiette, pour rappeler surtout la dimension spirituelle de l’Être en lutte avec la matière. Toutefois, un sentiment d’enfermement et d’étouffement se dégage de l’ensemble des œuvres. Les personnages semblent figés dans leur cadre, face à un horizon bouché, des potentialités gâchées, un avenir compromis. L’artiste à cet effet assène ses toiles de gros traits à l’encre noire ou de gribouillis pour créer des cases, boîtes ou cadres afin d’y ranger toutes sortes de créatures humaines ou animales, cheval ou oiseau, dans un cloisonnement inexorable.
L’œuvre de Yazigi se présente ainsi comme un questionnement existentiel, une réflexion sur la condition humaine pour partager son désarroi face au gâchis, aux souffrances des régions moyen-orientales entraînées dans le gouffre infernal de la guerre et de l’oppression. Les sculptures en bronze, têtes au sourire figé ou encore, momie chevauchant une monture engluée dans un linceul, semblent appartenir au monde des ténèbres et de la pesanteur. Il en est de même avec l’installation fixée au mur ; des gros dés à jouer portant des têtes sur chaque côté, rangés dans une grande boîte fixée au mur dans une mise en scène amère, sorte de mécanique implacable, décrivant une humanité à la dérive, ballotée entre le hasard et l’autodestruction.
Fadi Yazigi porte certes un regard désenchanté sur le monde, mais cette gravité est souvent atténuée par des notes plus légères grâce à la présentation ludique des installations, les clins d’œil ironiques ou les sourires qui s’affichent parfois sur les toiles en signe d’espérance ou de résilience. Cette exposition assez particulière vous happera, vous entraînera dans un univers vibrant, inspirant et malgré tout teinté de lumière. À découvrir absolument jusqu’au 16 février 2024.
L’œuvre du peintre et sculpteur Fadi Yazigi, syrien d’origine, fait partie de plusieurs collections publiques ou privées, tant au British Museum de Londres, à la Fondation Atassi à Dubaï qu’au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis. L’artiste se caractérise par un style semi-figuratif, expressionniste ou cubiste rappelant Miro ou Picasso, mais se distingue par la liberté de la facture et la force d’expression. Ses œuvres se déclinent en un subtil mélange de couleurs sourdes ou sonores qui s’entrechoquent et éclatent comme un cri. Les rouges, verts, bleus, blancs ou noirs s’interpénètrent dans une sorte de lutte incessante. L’artiste révèle ainsi un univers artistique torturé, discordant, fracassé dans une perception du monde déchiré par la violence et les conflits.
Sur ses tableaux, des corps démembrés, des visages hagards, désemparés, interpellent le spectateur et l’introduisent d’emblée dans une dimension spéculaire, introspective. Les personnages esquissés à la hâte se présentent de profil avec un œil montré de face à la manière des Égyptiens de la période pharaonique. Ce regard inquisiteur, accusateur, vous poursuit de toile en toile, à l’instar de «l’œil qui était dans la tombe et regardait Caïn». Fadi Yazigi use de plus d’un langage propre pour raconter une histoire avec certaines réminiscences bibliques, montrant par exemple deux personnages en fuite avec leur âne rappelant Marie et Joseph se dirigeant vers Bethléem pour sauver Jésus, ou une tête décapitée offerte sur une assiette comme prix de la cupidité des hommes.
Ses œuvres à caractère symbolique se définissent aussi par des portraits qui se déclinent de manière répétitive dans une litanie obsédante, miroir d’une humanité en déroute, en quête d’absolu. Les figures de ces créatures défilent ainsi de toile en toile, créant un rythme lancinant, incantatoire semblable à la danse-toupie quasi hypnotique des soufis. Bras et yeux s’élèvent vers le ciel comme une prière ou s’envolent vers un ailleurs. Les faces émaciées ou déformées, lacérées de larmes ou de traits noirs, sont érigées en icônes.
Le cercle, symbole du sacré et de l’infini, est aussi bien présent pour marquer les contours d’une tête, les parties d’un corps, se transformer en roue, en assiette, pour rappeler surtout la dimension spirituelle de l’Être en lutte avec la matière. Toutefois, un sentiment d’enfermement et d’étouffement se dégage de l’ensemble des œuvres. Les personnages semblent figés dans leur cadre, face à un horizon bouché, des potentialités gâchées, un avenir compromis. L’artiste à cet effet assène ses toiles de gros traits à l’encre noire ou de gribouillis pour créer des cases, boîtes ou cadres afin d’y ranger toutes sortes de créatures humaines ou animales, cheval ou oiseau, dans un cloisonnement inexorable.
L’œuvre de Yazigi se présente ainsi comme un questionnement existentiel, une réflexion sur la condition humaine pour partager son désarroi face au gâchis, aux souffrances des régions moyen-orientales entraînées dans le gouffre infernal de la guerre et de l’oppression. Les sculptures en bronze, têtes au sourire figé ou encore, momie chevauchant une monture engluée dans un linceul, semblent appartenir au monde des ténèbres et de la pesanteur. Il en est de même avec l’installation fixée au mur ; des gros dés à jouer portant des têtes sur chaque côté, rangés dans une grande boîte fixée au mur dans une mise en scène amère, sorte de mécanique implacable, décrivant une humanité à la dérive, ballotée entre le hasard et l’autodestruction.
Fadi Yazigi porte certes un regard désenchanté sur le monde, mais cette gravité est souvent atténuée par des notes plus légères grâce à la présentation ludique des installations, les clins d’œil ironiques ou les sourires qui s’affichent parfois sur les toiles en signe d’espérance ou de résilience. Cette exposition assez particulière vous happera, vous entraînera dans un univers vibrant, inspirant et malgré tout teinté de lumière. À découvrir absolument jusqu’au 16 février 2024.
Lire aussi
Commentaires