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- La mer Rouge, jugulaire du commerce maritime mondial
©(AFP)
Les frappes menées par la coalition internationale en mer Rouge depuis le début de l'année illustrent une nouvelle fois l'importance de celle-ci pour le commerce maritime à l'échelle du globe. Voici les principaux points pour comprendre les spécificités de cette artère vitale, à la dimension stratégique majeure.
Depuis le 7 octobre 2023, la mer Rouge est progressivement devenue une extension du conflit à Gaza. Les Houthis, groupe de confession chiite zaïdiste contrôlant l'ouest du pays et soutenu par l'Iran, y mènent régulièrement des attaques contre des navires commerciaux en soutien au Hamas.
Par conséquent, les principales compagnies de transport maritime ont interrompu le passage de leurs bateaux par cet espace maritime, ce qui affecte sensiblement les flux commerciaux à l'échelle globale.
Le cargo Galaxy Leader sous contrôle houthi près de Hodeida, au Yémen, le 28 novembre (Maxar Technologies, AFP).
La mer Rouge, située entre l'Afrique du Nord-Est et la péninsule arabique, occupe une position stratégique cruciale dans le réseau mondial du commerce maritime. Cette étendue d'eau relie les espaces économiques méditerranéens et surtout européen à l'océan Indien et aux économies asiatiques via le canal de Suez, au nord, et le détroit de Bab el-Mandab (Porte des lamentations), au sud. Elle fournit ainsi une voie de navigation vitale pour les marchandises et le commerce international.
Constituant l'un des couloirs maritimes les plus empruntés au monde, elle est considérée comme une «autoroute de la mer» reliant l'Europe à l'Asie.
Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, transportant des millions de barils de pétrole par jour, ou encore des biens manufacturés en Asie.
Selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), basée à Londres, 12% du commerce mondial passe habituellement par la mer Rouge. Le Pentagone évoque de son côté entre 10 et 15%. À titre complémentaire, le quotidien britannique The Guardian évoquait le chiffre de 30% du trafic mondial de conteneurs, dans un article publié en décembre 2023.
D'autre part, la région abrite plusieurs ports majeurs, dont Port-Saïd en Égypte, Djibouti et Jeddah, en Arabie saoudite. Un pipeline construit par le royaume saoudien permet notamment à cette dernière d'acheminer le pétrole extrait dans les champs d'exploitation, situés à l'est du pays. Ces ports jouent donc un rôle crucial en facilitant les échanges commerciaux entre les continents asiatique, africain et européen.
Enfin, les expéditions de pétrole via la mer Rouge représentaient environ 12% du total du pétrole acheminé par voie maritime au premier semestre 2023. Et les expéditions de gaz naturel liquéfié (GNL) via ces routes, à cette période, constituaient environ 8% du commerce de GNL mondial, selon une note de S&P Global Commodity Insights.
En raison de son importance économique, cette région est devenue l'une des plus militarisées au monde. D'autant plus qu'elle cumule les points de tension, entre la guerre civile au Soudan et les incidents liés à la piraterie dans le golfe d'Aden, au large de la Somalie.
C'est pourquoi de nombreux pays y positionnent des moyens militaires conséquents. La marine américaine et sa «Task Force 151», ainsi que les marines de l'Union européenne sous l'égide de la mission Atalante, comptent parmi les déploiements les plus importants.
Cette photo prise le 1ᵉʳ août 2017 montre le personnel de l'Armée populaire de libération chinoise assistant à la cérémonie d'ouverture de la base militaire chinoise à Djibouti. (AFP)
S'y ajoutent les marines d'autres pays comme le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, l'Arabie saoudite ou encore l'Inde.
Le cœur de cette présence réside notamment à Djibouti où, fait notable, des bases militaires américaine, française et japonaise y côtoient des installations de la marine chinoise depuis 2017.
Néanmoins, le principal défi dans la région reste celui des Houthis. Équipés de moyens importants, à l'image d'une pléthore de drones et de missiles fournis par leurs parrains iraniens, ceux-ci sont en mesure de menacer durablement le commerce mondial. Une perspective, par ailleurs, devenue en partie réalité: plusieurs géants du commerce mondial tels que Maersk, MSC, CMA-CGM ou encore Evergreen ont annoncé la suspension de leurs passages en mer Rouge.
Cela n'est pas sans conséquence pour les ports de la région, à l'image d'Eilat, au sud d'Israël, dont l'activité a baissé de 85% depuis le début des attaques houthies, selon les propos de son directeur exécutif. Même son de cloche côté égyptien, où les recettes du canal de Suez sont en chute libre, comme le rapportait The Guardian en décembre 2023.
Des combattants houthis sur un porte-missiles antinavires lors d'un défilé militaire officiel, le 21 septembre 2023. (Mohammed HUWAIS, AFP)
C'est dans ce cadre que les États-Unis ont lancé, en décembre 2023, l'opération «Prosperity Guardian» (Gardien de la prospérité) qui inclut une dizaine de pays. Pour autant, cela n'a pas refroidi les ardeurs de l'allié local de Téhéran, qui a même augmenté la fréquence de ses attaques.
Par conséquent, les forces américaines, britanniques et celles de plusieurs autres participants à «Prosperity Guardian» ont commencé à mener des frappes depuis début janvier 2024. Une réaction qui, pour l'instant, ne semble toujours pas rassurer les grands armateurs: ceux-ci préfèrent désormais contourner l'Afrique plutôt que d'emprunter la «porte des lamentations».
Depuis le 7 octobre 2023, la mer Rouge est progressivement devenue une extension du conflit à Gaza. Les Houthis, groupe de confession chiite zaïdiste contrôlant l'ouest du pays et soutenu par l'Iran, y mènent régulièrement des attaques contre des navires commerciaux en soutien au Hamas.
Par conséquent, les principales compagnies de transport maritime ont interrompu le passage de leurs bateaux par cet espace maritime, ce qui affecte sensiblement les flux commerciaux à l'échelle globale.
Le cargo Galaxy Leader sous contrôle houthi près de Hodeida, au Yémen, le 28 novembre (Maxar Technologies, AFP).
La mer Rouge, située entre l'Afrique du Nord-Est et la péninsule arabique, occupe une position stratégique cruciale dans le réseau mondial du commerce maritime. Cette étendue d'eau relie les espaces économiques méditerranéens et surtout européen à l'océan Indien et aux économies asiatiques via le canal de Suez, au nord, et le détroit de Bab el-Mandab (Porte des lamentations), au sud. Elle fournit ainsi une voie de navigation vitale pour les marchandises et le commerce international.
Constituant l'un des couloirs maritimes les plus empruntés au monde, elle est considérée comme une «autoroute de la mer» reliant l'Europe à l'Asie.
Artère du commerce mondial
Environ 20.000 navires transitent chaque année par le canal de Suez, transportant des millions de barils de pétrole par jour, ou encore des biens manufacturés en Asie.
Selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS), basée à Londres, 12% du commerce mondial passe habituellement par la mer Rouge. Le Pentagone évoque de son côté entre 10 et 15%. À titre complémentaire, le quotidien britannique The Guardian évoquait le chiffre de 30% du trafic mondial de conteneurs, dans un article publié en décembre 2023.
D'autre part, la région abrite plusieurs ports majeurs, dont Port-Saïd en Égypte, Djibouti et Jeddah, en Arabie saoudite. Un pipeline construit par le royaume saoudien permet notamment à cette dernière d'acheminer le pétrole extrait dans les champs d'exploitation, situés à l'est du pays. Ces ports jouent donc un rôle crucial en facilitant les échanges commerciaux entre les continents asiatique, africain et européen.
Enfin, les expéditions de pétrole via la mer Rouge représentaient environ 12% du total du pétrole acheminé par voie maritime au premier semestre 2023. Et les expéditions de gaz naturel liquéfié (GNL) via ces routes, à cette période, constituaient environ 8% du commerce de GNL mondial, selon une note de S&P Global Commodity Insights.
Zone géostratégique majeure
En raison de son importance économique, cette région est devenue l'une des plus militarisées au monde. D'autant plus qu'elle cumule les points de tension, entre la guerre civile au Soudan et les incidents liés à la piraterie dans le golfe d'Aden, au large de la Somalie.
C'est pourquoi de nombreux pays y positionnent des moyens militaires conséquents. La marine américaine et sa «Task Force 151», ainsi que les marines de l'Union européenne sous l'égide de la mission Atalante, comptent parmi les déploiements les plus importants.
Cette photo prise le 1ᵉʳ août 2017 montre le personnel de l'Armée populaire de libération chinoise assistant à la cérémonie d'ouverture de la base militaire chinoise à Djibouti. (AFP)
S'y ajoutent les marines d'autres pays comme le Royaume-Uni, le Japon, la Chine, l'Arabie saoudite ou encore l'Inde.
Le cœur de cette présence réside notamment à Djibouti où, fait notable, des bases militaires américaine, française et japonaise y côtoient des installations de la marine chinoise depuis 2017.
Le problème des Houthis
Néanmoins, le principal défi dans la région reste celui des Houthis. Équipés de moyens importants, à l'image d'une pléthore de drones et de missiles fournis par leurs parrains iraniens, ceux-ci sont en mesure de menacer durablement le commerce mondial. Une perspective, par ailleurs, devenue en partie réalité: plusieurs géants du commerce mondial tels que Maersk, MSC, CMA-CGM ou encore Evergreen ont annoncé la suspension de leurs passages en mer Rouge.
Cela n'est pas sans conséquence pour les ports de la région, à l'image d'Eilat, au sud d'Israël, dont l'activité a baissé de 85% depuis le début des attaques houthies, selon les propos de son directeur exécutif. Même son de cloche côté égyptien, où les recettes du canal de Suez sont en chute libre, comme le rapportait The Guardian en décembre 2023.
Des combattants houthis sur un porte-missiles antinavires lors d'un défilé militaire officiel, le 21 septembre 2023. (Mohammed HUWAIS, AFP)
C'est dans ce cadre que les États-Unis ont lancé, en décembre 2023, l'opération «Prosperity Guardian» (Gardien de la prospérité) qui inclut une dizaine de pays. Pour autant, cela n'a pas refroidi les ardeurs de l'allié local de Téhéran, qui a même augmenté la fréquence de ses attaques.
Par conséquent, les forces américaines, britanniques et celles de plusieurs autres participants à «Prosperity Guardian» ont commencé à mener des frappes depuis début janvier 2024. Une réaction qui, pour l'instant, ne semble toujours pas rassurer les grands armateurs: ceux-ci préfèrent désormais contourner l'Afrique plutôt que d'emprunter la «porte des lamentations».
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