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- L’éditorial - Conflit régional : Escalade contrôlée
Une escalade qui va crescendo mais qui reste, du moins au stade actuel, sous contrôle. Telle est l’impression qui ressort de l’attaque aux missiles balistiques lancée dans la nuit de lundi, à partir de l’Iran, par les Gardiens de la Révolution islamique iranienne contre Erbil, capitale du Kurdistan autonome irakien. Cette agression, la première du genre depuis le déclenchement du conflit actuel, le 7 octobre dernier, survient dans le prolongement de la série de tirs de missiles effectués par les Houthis du Yémen contre les navires marchands transitant par la mer Rouge.
En apparence, l’ensemble de la région semble inexorablement glisser vers une conflagration généralisée à grande échelle. Les foyers conflictuels poussent ici et là et s’étendent géographiquement à de nouvelles zones, dans le sillage de la guerre de Gaza. Ce fut d’abord la frontière libano-israélienne, puis les drones lancés contre des positions américaines en Irak et en Syrie, ensuite la mer Rouge et le Yémen, enfin l’extension progressive des raids et des bombardements israéliens à de nouveaux secteurs du Liban-Sud, atteignant même la semaine dernière – développement nouveau – le nord du Litani, plus spécifiquement la région de l’Iqlim el-Touffah. Et enfin Erbil, avec les missiles balistiques.
Ce qui a accru les craintes d’un dérapage non contrôlé, c'est l’entrée en scène publiquement, pour la première fois, des Gardiens de la révolution islamique, de surcroît à partir du territoire iranien. Une question fondamentale se pose dans ce contexte: pourquoi lancer des missiles balistiques contre le territoire irakien, et non pas contre Israël plus directement, ou aussi contre la flotte américaine en mer Rouge? D’emblée, les pasdaran annonçaient que l’attaque avait visé un bureau du Mossad à Erbil. Allégation très vite démentie par une source officielle irakienne et par des observateurs sur place, cités par une chaîne satellitaire arabophone. Les Gardiens de la Révolution islamique s’aviseront et indiqueront que l’attaque visait les organisations kurdes anti-iraniennes. Dans les faits, c’est plutôt un célèbre homme d’affaires kurde qui sera victime, avec sa famille, de cette agression.
Cette succincte chronologie des faits illustre à quel point les trois principaux protagonistes du conflit armé en cours (les États-Unis, Israël et l’Iran) prennent soin de bien calculer leurs «coups» de manière à ne pas trop provoquer l’adversaire. Il s’agit pour chacun d’eux de marquer des points pour renforcer ou bétonner sa position (dans l’attente de l’heure H des négociations), mais sans dépasser certaines limites et lignes rouges, qu’il sait tacitement qu’il ne doit pas violer. Un dérapage savamment bien contrôlé…
Dans la pratique, Israël ne s’abstient pas de porter des coups sévères au Hezbollah, mais sans aller (pour l’heure) jusqu’à la guerre totale, ce qui permet à l’allié de Téhéran de se poser en «résistant» et de justifier son vaste déploiement milicien au Sud, qu’il pourra marchander en temps voulu. Le «Hezb», de son côté, calcule minutieusement ses ripostes. Quant aux Houthis du Yémen, télécommandés par Téhéran, ils s’en prennent au trafic maritime international en mer Rouge, mais évitent de s’attaquer directement aux navires de guerre américains. Et les dernières attaques américaines et britanniques contre les positions et l’infrastructure des Houthis, à la fin de la semaine dernière, seront pratiquement annoncées la veille au soir, plusieurs heures à l’avance, par des médias à Washington et Londres. Parallèlement, les raids occidentaux diminueront, certes, la capacité de nuisance des alliés de l’Iran, mais sans pour autant l’éliminer, ce qui permettra à Téhéran de compenser rapidement les pertes en matériel militaire. Et lorsque les pasdaran entrent dans la danse, c’est pour attaquer le Kurdistan irakien plutôt qu’Israël.
Faire mal à l’adversaire, plus ou moins sévèrement selon les circonstances, mais sans le mettre hors d’état de nuire, ce qui éternise le combat. À l’instar de Tom and Jerry…
Reste à espérer qu’un jour, espérons-le pas trop lointain, ce vaste jeu du chat et la souris débouchera quand même sur la recherche d’un règlement global, rationnel et durable, susceptible de mettre un terme aux trop rudes épreuves endurées par les populations de cette région depuis de longues décennies.
En apparence, l’ensemble de la région semble inexorablement glisser vers une conflagration généralisée à grande échelle. Les foyers conflictuels poussent ici et là et s’étendent géographiquement à de nouvelles zones, dans le sillage de la guerre de Gaza. Ce fut d’abord la frontière libano-israélienne, puis les drones lancés contre des positions américaines en Irak et en Syrie, ensuite la mer Rouge et le Yémen, enfin l’extension progressive des raids et des bombardements israéliens à de nouveaux secteurs du Liban-Sud, atteignant même la semaine dernière – développement nouveau – le nord du Litani, plus spécifiquement la région de l’Iqlim el-Touffah. Et enfin Erbil, avec les missiles balistiques.
Ce qui a accru les craintes d’un dérapage non contrôlé, c'est l’entrée en scène publiquement, pour la première fois, des Gardiens de la révolution islamique, de surcroît à partir du territoire iranien. Une question fondamentale se pose dans ce contexte: pourquoi lancer des missiles balistiques contre le territoire irakien, et non pas contre Israël plus directement, ou aussi contre la flotte américaine en mer Rouge? D’emblée, les pasdaran annonçaient que l’attaque avait visé un bureau du Mossad à Erbil. Allégation très vite démentie par une source officielle irakienne et par des observateurs sur place, cités par une chaîne satellitaire arabophone. Les Gardiens de la Révolution islamique s’aviseront et indiqueront que l’attaque visait les organisations kurdes anti-iraniennes. Dans les faits, c’est plutôt un célèbre homme d’affaires kurde qui sera victime, avec sa famille, de cette agression.
Cette succincte chronologie des faits illustre à quel point les trois principaux protagonistes du conflit armé en cours (les États-Unis, Israël et l’Iran) prennent soin de bien calculer leurs «coups» de manière à ne pas trop provoquer l’adversaire. Il s’agit pour chacun d’eux de marquer des points pour renforcer ou bétonner sa position (dans l’attente de l’heure H des négociations), mais sans dépasser certaines limites et lignes rouges, qu’il sait tacitement qu’il ne doit pas violer. Un dérapage savamment bien contrôlé…
Dans la pratique, Israël ne s’abstient pas de porter des coups sévères au Hezbollah, mais sans aller (pour l’heure) jusqu’à la guerre totale, ce qui permet à l’allié de Téhéran de se poser en «résistant» et de justifier son vaste déploiement milicien au Sud, qu’il pourra marchander en temps voulu. Le «Hezb», de son côté, calcule minutieusement ses ripostes. Quant aux Houthis du Yémen, télécommandés par Téhéran, ils s’en prennent au trafic maritime international en mer Rouge, mais évitent de s’attaquer directement aux navires de guerre américains. Et les dernières attaques américaines et britanniques contre les positions et l’infrastructure des Houthis, à la fin de la semaine dernière, seront pratiquement annoncées la veille au soir, plusieurs heures à l’avance, par des médias à Washington et Londres. Parallèlement, les raids occidentaux diminueront, certes, la capacité de nuisance des alliés de l’Iran, mais sans pour autant l’éliminer, ce qui permettra à Téhéran de compenser rapidement les pertes en matériel militaire. Et lorsque les pasdaran entrent dans la danse, c’est pour attaquer le Kurdistan irakien plutôt qu’Israël.
Faire mal à l’adversaire, plus ou moins sévèrement selon les circonstances, mais sans le mettre hors d’état de nuire, ce qui éternise le combat. À l’instar de Tom and Jerry…
Reste à espérer qu’un jour, espérons-le pas trop lointain, ce vaste jeu du chat et la souris débouchera quand même sur la recherche d’un règlement global, rationnel et durable, susceptible de mettre un terme aux trop rudes épreuves endurées par les populations de cette région depuis de longues décennies.
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