«Où sont passées tes chroniques du lundi?», m’ont demandé de nombreuses personnes. Ces billets qui évoquaient les sexas et leurs aventures improbables dans un monde qui l’est tout autant.
J’ai reconnu que je manquais de cette légèreté, typique des écrits qui jonglent entre «mi-fugue et mi-raison»… l’air du temps, sans doute…
Alors, en reprenant ma plume en cette année 2024, je ne peux m’empêcher de penser à George Orwell, ce visionnaire disparu le 21 janvier 1950, il y a 74 ans, et à ses mots qui résonnent avec une pertinence troublante: «Ceux qui voient le mal et n’agissent pas sont complices.»
Ce visionnaire a fait de sa vie une lutte contre les extrémismes qui repointent aujourd’hui du nez, histoire de nous signifier que l’Histoire, elle, ne fait que se répéter. Alors que certains avancent dans 2024 d’un pas (de danse) assuré, d’autres, plus prudents, ont parfaitement compris que le chemin est fortement miné. Que slalomer entre lesdites mines est aussi périlleux que de rester chez soi.
«Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air.» (Orwell)
Oui, la faux frappe. Aveuglement. Où que l’on soit. Lorsqu’elle ne tue pas physiquement, elle assassine de l’intérieur. Une partie de vous est désormais définitivement morte. L’autre n’a d’autre choix que celui de se soumettre.
«Le crime de penser n’entraîne pas la mort.» Hein? Il plaisantait Orwell? Alors qu’il faut réfléchir à mille fois avant de dire, d’écrire, de (sur) vivre? Oui, les temps sont durs pour les rêveurs; ces idéalistes incorrigibles qui n’ont pas encore compris que seule la corruption règne en maîtresse absolue. Que le mot, à défaut d’être brandi comme un glaive, sera étêté, arraché de son contexte, javellisé, essoré et replacé, lavé de son sens et son essence première.
Dans ce contexte, La Ferme des animaux d’Orwell n’est plus une fable, mais un miroir tendu à notre société. «Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.» Ces mots sonnent comme un écho de notre réalité, où l’égalité est un concept flou, manipulé par ceux qui se tiennent au sommet de la pyramide politique et sociale.
Il est hallucinant de constater que non, nous ne sommes pas en 2024, mais en 1984. Un monde où la surveillance est omniprésente, où la liberté est une illusion soigneusement entretenue et où l’Histoire est un récit en perpétuelle réécriture. En effet, la vision prophétique d’Orwell dans son roman 1984 s’immisce dans notre quotidien, nous rappelant la fragilité de nos libertés individuelles et la facilité avec laquelle elles peuvent être usurpées.
Son concept de la «novlangue», une langue conçue pour limiter la liberté d’expression et de pensée, trouve un écho inquiétant dans les stratégies de communication moderne. Comme il l’a si éloquemment exprimé: «La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.» Cette inversion perverse de la vérité est devenue un outil pour manipuler les masses, pour les garder dans un état de soumission et d’ignorance volontaire.
En ces temps troublés, il est de notre devoir, en tant qu’écrivains, penseurs et citoyens, de rester éveillés, de questionner et de défier ce qui nous est présenté comme inébranlable. Car, comme Orwell nous l’a enseigné, c’est dans notre capacité à penser, à critiquer et à rêver que réside notre plus grande force.
PS: Je vous promets une plus soutenable légèreté de l’être pour l’article suivant.
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