Gaza: le sud sous tensions au lendemain de l’attaque contre l’Unrwa
©Des jeunes Palestiniens récupèrent des livres dans les décombres d'une mosquée et de bâtiments qui se sont effondrés lors d'un bombardement israélien autour de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 janvier 2024. (Photo AFP)
La ville de Khan Younès, au sud de Gaza, restait, jeudi, au centre des affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas palestinien, au lendemain de tirs de chars meurtriers contre l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), à Khan Younès, faisant au moins «douze morts et 75 blessés», selon Thomas White, responsable de l’organisation à Gaza. Un bilan qui risque de s’alourdir, selon des sources médicales.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins ont fait état de frappes aériennes vers Rafah et de combats à Khan Younès, le ministère de la Santé de Gaza dénombrant, au matin, de nombreux morts et blessés à travers ce territoire ravagé par des mois de guerre.

L’armée israélienne a indiqué avoir «encerclé» Khan Younès et appelé la population locale à partir à Rafah, plus au sud. Mais les combats rendent dangereux les transports vers cette ville où se massent la majorité des 1,7 million de Palestiniens déjà déplacés par la guerre.

«Violation des règles de la guerre»

Après les tirs meurtriers sur le site de l’ONU, l’armée israélienne a indiqué à l’AFP qu’un «examen» des opérations était en cours, mais qu’elle avait «exclu (...) une frappe aérienne ou d’artillerie», évoquant aussi «la possibilité» d’un tir du Hamas.

Or, Philippe Lazzarini, chef de l’Unrwa, a affirmé que le centre d’accueil était «clairement» identifié et que ses coordonnées avaient été «partagées avec les autorités israéliennes». Il a fustigé «une violation flagrante des règles fondamentales de la guerre».

Les États-Unis, premiers alliés d’Israël, ont dit «déplorer» ces tirs et appelé à ce que les sites de l’ONU à Gaza soient «protégés».

«Ça suffit!»

Au 111e jour de la guerre, la situation humanitaire continue de s’aggraver dans le territoire assiégé. Dans ce contexte, Rome et Paris ont annoncé respectivement que cent enfants palestiniens blessés à Gaza seraient soignés dans des hôpitaux italiens et que sept enfants blessés étaient arrivés en France pour y être traités.

Parallèlement, des manifestants israéliens ont bloqué, mercredi soir, une artère clé de la métropole israélienne de Tel-Aviv pour exhorter le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou à accepter une pause dans les combats, voire un cessez-le-feu.

«Ça suffit! (...) Nous ne voulons pas que les otages nous reviennent sous forme de cadavres, nous en avons assez des bombardements à Gaza, nous en avons assez de voir des enfants morts, nous voulons envoyer un message clair: la population en Israël réclame un accord et la paix», a déclaré Sapir Sluzker Amran, une manifestante.


Le Qatar, «responsable des attaques du 7 octobre»

Sur le plan diplomatique, le Qatar, l’Égypte et les États-Unis tentent actuellement une médiation afin de parvenir à une nouvelle trêve, plus longue, à Gaza, incluant la libération d’otages et de prisonniers.

Il convient de signaler, dans ce contexte, que le ministre israélien des Finances et figure de l’extrême-droite, Bezalel Smotrich, a accusé, jeudi, le Qatar, un des acteurs clés des négociations avec le mouvement islamiste palestinien du Hamas, d’être «responsable» de l’attaque du 7 octobre.

«Le Qatar est un pays qui soutient et finance le terrorisme», a-t-il déclaré, sur son compte X. L’émirat «est le parrain du Hamas et est largement responsable des massacres commis par le Hamas sur les citoyens israéliens», a ajouté Bezalel Smotrich, qui dirige le parti «Sionisme religieux».

«Une chose est claire: le Qatar ne sera impliqué en aucune façon dans ce qui se passera à Gaza après la guerre», a-t-il conclu.

Des propos tenus au lendemain de la diffusion, mercredi, par la chaîne israélienne 12 d’un enregistrement audio du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans lequel il juge «problématique» le rôle de Doha dans cette médiation avec l’Iran. «Je n’ai aucune illusion à leur égard», a-t-il déclaré. Les Qatariens «ont des moyens de faire pression (sur le Hamas, NDLR). Et pourquoi? Parce qu’ils les financent».

En retour, le Qatar s’est dit «consterné», jugeant ces remarques «irresponsables et nuisibles pour les efforts visant à sauver des vies innocentes».

Le conflit exacerbe par ailleurs les tensions régionales, notamment au large du Yémen où les Houthis, proches de l’Iran, ont tiré, mercredi, des missiles contre deux navires américains, les forçant à rebrousser chemin.

Avec AFP

 
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