Un nouveau rapport de l’Unicef sur la jeunesse au Liban, rendu public vendredi, souligne que les jeunes ne cherchent plus qu’à survivre. Ce qui a poussé nombre d’entre eux à abandonner leurs études, à chercher un travail informel et à accepter d’être mal rémunérés rien que pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et aider leurs familles.
https://youtu.be/rfGhIvMSr8k
Badoui est malheureux. À 21 ans, ce jeune homme "ambitieux", qui voulait se bâtir un brillant avenir, confie que "tout est très difficile" au Liban. "J’essaie de libérer mes émotions, d’oublier et de sortir de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Mais sans succès. Tout ce que nous vivons m’entraîne encore plus dans le désespoir", ajoute-t-il.
Le cas de Badoui rapporté dans un nouveau rapport sur la jeunesse libanaise du bureau de l’Unicef n’est pas isolé. Celle-ci est touchée de plein fouet par la crise économique et financière qui sévit depuis plus de deux ans dans le pays. Intitulé À la recherche de l’espoir, une sombre perspective pour la jeunesse alors que le Liban vacille au bord de l’effondrement, ce document, rendu public vendredi, met en exergue le désespoir dans lequel plongent les jeunes qui ne cherchent plus qu’à survivre. Ce qui a poussé nombre d’entre eux à abandonner leurs études, à chercher un travail informel et à accepter d’être mal rémunérés rien que pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et aider leurs familles. "L’impact combiné de l’effondrement économique, la pandémie de Covid-19 et les explosions au port de Beyrouth en 2020 poussent les jeunes des différents milieux, à assumer des responsabilités inadaptées à leur âge, avec ce que cela implique d'impact sur leur santé mentale et sur leur accès aux opportunités", peut-on lire dans le document.
D’après le rapport, 31% des jeunes ne poursuivent pas leurs études, ne travaillent pas ni ne suivent une formation. Pour l’année académique 2021-2022, seuls 43% des jeunes se sont inscrits dans un établissement pédagogique contre 60% en 2020-2021. Ce qui est d’autant plus grave, estime l’agence onusienne puisque le décrochage scolaire et universitaire a un impact sur l’avenir des jeunes et sur leurs opportunités de travail. "À moins qu’une action rapide ne soit entreprise pour renverser cette tendance, la situation actuelle s’aggravera et aura des implications sur la croissance future et la cohésion sociale", met en garde l’Unicef.
Des mécanismes d’adaptation négatifs
Toujours selon le rapport, le revenu mensuel moyen de la jeunesse ouvrière est de 1,6 million de livres. Un chiffre qui chute de moitié parmi les jeunes Syriens qui touchent en moyenne un dollar pour une journée de travail. "Durant la semaine qui a précédé l’étude, 70% des jeunes se trouvaient au chômage et sans aucune source de revenus", déplore l’Unicef. Elle précise qu’outre le décrochage scolaire ou universitaire, la crise libanaise a poussé les familles à chercher d’autres mécanismes d’adaptation négatifs. Aussi, 13% des familles poussent-elles leurs enfants de moins de 18 ans à travailler. De plus, un jeune sur deux a réduit ses dépenses de santé et seuls 60% ont pu recevoir des soins de santé primaires lorsqu’ils en ont eu besoin.
Hanine, 17 ans, raconte ainsi à l’Unicef: "L’argent que nous recevons n’est plus suffisant. L’inflation est telle que les revenus ne suivent plus. Chaque mois, nous devons fixer une priorité entre le loyer, les médicaments et l’alimentation. Nous ne pouvons pas tout avoir."
De son côté, Hind, 22 ans, souligne que ses perspectives d’avenir sont "sombres". "Pour la première fois de ma vie, je veux quitter mon pays, je veux quitter le Liban", dit-elle. Quant à Fatima, 18 ans, elle explique que son père ne trouvant pas du travail, "ce sont mes frères âgés de 15 et 16 ans qui travaillent". "À eux deux, ils assurent 100 dollars par mois et nous devons trouver le moyen de survivre avec cette somme", souligne-t-elle.
Comportements à risque
"L’impact combiné de la crise a entraîné une hausse des problèmes de santé mentale parmi les jeunes, qui s’est traduit par des comportements à risque et à la consommation de substances illicites, ainsi qu’à une hausse de la violence basée sur le genre", déplore l’Unicef. D’après le rapport, un adolescent sur quatre souffre d’un trouble psychiatrique. "De façon alarmante, 94% des adolescents présentant un trouble mental n’ont pas cherché à se faire traiter", regrette l’agence onusienne. Elle fait remarquer que dans le cadre d’une évaluation rapide de la jeunesse au Liban, menée en septembre 2021 sur 900 personnes âgées entre 15 et 24 ans, un jeune sur quatre a confié "se sentir souvent déprimé" et plus de la moitié d'entre eux ont affirmé que leur vie a empiré au cours de la dernière année.
Selon une autre étude également menée par l’Unicef, 86% des jeunes au Liban sont anxieux, 41% d’entre eux sont convaincus que leur seule chance est de chercher du travail à l’étranger et 33% s’attendent à ce que leur vie empire davantage.
Pour venir en aide à ces jeunes, l’Unicef a adopté une approche holistique pour leur assurer un apprentissage, les rendre autonomes sur le plan économique et renforcer leurs compétences. En 2021, plus de 60.000 jeunes ont bénéficié du programme de l’agence onusienne.
Une jeune adolescente ayant bénéficié du programme de l’Unicef destiné aux jeunes pour les rendre autonomes. ©Unicef/Fouad Choufany
Lire aussi : Tempête: les Libanais grelottent
https://youtu.be/rfGhIvMSr8k
Badoui est malheureux. À 21 ans, ce jeune homme "ambitieux", qui voulait se bâtir un brillant avenir, confie que "tout est très difficile" au Liban. "J’essaie de libérer mes émotions, d’oublier et de sortir de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Mais sans succès. Tout ce que nous vivons m’entraîne encore plus dans le désespoir", ajoute-t-il.
Le cas de Badoui rapporté dans un nouveau rapport sur la jeunesse libanaise du bureau de l’Unicef n’est pas isolé. Celle-ci est touchée de plein fouet par la crise économique et financière qui sévit depuis plus de deux ans dans le pays. Intitulé À la recherche de l’espoir, une sombre perspective pour la jeunesse alors que le Liban vacille au bord de l’effondrement, ce document, rendu public vendredi, met en exergue le désespoir dans lequel plongent les jeunes qui ne cherchent plus qu’à survivre. Ce qui a poussé nombre d’entre eux à abandonner leurs études, à chercher un travail informel et à accepter d’être mal rémunérés rien que pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et aider leurs familles. "L’impact combiné de l’effondrement économique, la pandémie de Covid-19 et les explosions au port de Beyrouth en 2020 poussent les jeunes des différents milieux, à assumer des responsabilités inadaptées à leur âge, avec ce que cela implique d'impact sur leur santé mentale et sur leur accès aux opportunités", peut-on lire dans le document.
D’après le rapport, 31% des jeunes ne poursuivent pas leurs études, ne travaillent pas ni ne suivent une formation. Pour l’année académique 2021-2022, seuls 43% des jeunes se sont inscrits dans un établissement pédagogique contre 60% en 2020-2021. Ce qui est d’autant plus grave, estime l’agence onusienne puisque le décrochage scolaire et universitaire a un impact sur l’avenir des jeunes et sur leurs opportunités de travail. "À moins qu’une action rapide ne soit entreprise pour renverser cette tendance, la situation actuelle s’aggravera et aura des implications sur la croissance future et la cohésion sociale", met en garde l’Unicef.
Des mécanismes d’adaptation négatifs
Toujours selon le rapport, le revenu mensuel moyen de la jeunesse ouvrière est de 1,6 million de livres. Un chiffre qui chute de moitié parmi les jeunes Syriens qui touchent en moyenne un dollar pour une journée de travail. "Durant la semaine qui a précédé l’étude, 70% des jeunes se trouvaient au chômage et sans aucune source de revenus", déplore l’Unicef. Elle précise qu’outre le décrochage scolaire ou universitaire, la crise libanaise a poussé les familles à chercher d’autres mécanismes d’adaptation négatifs. Aussi, 13% des familles poussent-elles leurs enfants de moins de 18 ans à travailler. De plus, un jeune sur deux a réduit ses dépenses de santé et seuls 60% ont pu recevoir des soins de santé primaires lorsqu’ils en ont eu besoin.
Hanine, 17 ans, raconte ainsi à l’Unicef: "L’argent que nous recevons n’est plus suffisant. L’inflation est telle que les revenus ne suivent plus. Chaque mois, nous devons fixer une priorité entre le loyer, les médicaments et l’alimentation. Nous ne pouvons pas tout avoir."
De son côté, Hind, 22 ans, souligne que ses perspectives d’avenir sont "sombres". "Pour la première fois de ma vie, je veux quitter mon pays, je veux quitter le Liban", dit-elle. Quant à Fatima, 18 ans, elle explique que son père ne trouvant pas du travail, "ce sont mes frères âgés de 15 et 16 ans qui travaillent". "À eux deux, ils assurent 100 dollars par mois et nous devons trouver le moyen de survivre avec cette somme", souligne-t-elle.
Comportements à risque
"L’impact combiné de la crise a entraîné une hausse des problèmes de santé mentale parmi les jeunes, qui s’est traduit par des comportements à risque et à la consommation de substances illicites, ainsi qu’à une hausse de la violence basée sur le genre", déplore l’Unicef. D’après le rapport, un adolescent sur quatre souffre d’un trouble psychiatrique. "De façon alarmante, 94% des adolescents présentant un trouble mental n’ont pas cherché à se faire traiter", regrette l’agence onusienne. Elle fait remarquer que dans le cadre d’une évaluation rapide de la jeunesse au Liban, menée en septembre 2021 sur 900 personnes âgées entre 15 et 24 ans, un jeune sur quatre a confié "se sentir souvent déprimé" et plus de la moitié d'entre eux ont affirmé que leur vie a empiré au cours de la dernière année.
Selon une autre étude également menée par l’Unicef, 86% des jeunes au Liban sont anxieux, 41% d’entre eux sont convaincus que leur seule chance est de chercher du travail à l’étranger et 33% s’attendent à ce que leur vie empire davantage.
Pour venir en aide à ces jeunes, l’Unicef a adopté une approche holistique pour leur assurer un apprentissage, les rendre autonomes sur le plan économique et renforcer leurs compétences. En 2021, plus de 60.000 jeunes ont bénéficié du programme de l’agence onusienne.
Une jeune adolescente ayant bénéficié du programme de l’Unicef destiné aux jeunes pour les rendre autonomes. ©Unicef/Fouad Choufany
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