De l'importance d'appliquer la 1701
Pour le Premier ministre sortant, Najib Mikati, «un plan en trois étapes est indispensable» pour rétablir la paix dans la région et permettre la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël, au lendemain de la guerre qui oppose le Hamas et l’État hébreu depuis le 7 octobre dernier. Il s’agit, selon lui, de procéder d’abord à un «cessez-le-feu à Gaza, ensuite à l’échange des otages, pour enfin parvenir à la mise en place d’un plan de paix permanente, soit la création de deux États, israélien et palestinien».

M. Mikati a tenu ces propos dans le cadre d’un webinaire organisé par le Groupe d’action américaine pour le Liban (American Task Force for Lebanon – ATFL) et modéré par son président, Edward Gabriel. Il participait à un débat autour du conflit dans la région, avec l’ancien ministre des Affaires étrangères par intérim Tarek Mitri et l’ancien ambassadeur des États-Unis au Liban Jeffrey Feltman.

M. Mikati a indiqué que la situation au Liban (qui connaît des affrontements à la frontière sud du pays entre le Hezbollah et les forces israéliennes depuis le 7 octobre dernier), en Jordanie, en Irak et en mer Rouge «est étroitement liée à celle dans la bande de Gaza». En d’autres termes, «tant que la paix ne s’installera pas dans cette zone, la diplomatie ne pourra pas avancer sur tous les dossiers», a souligné M. Mikati.

En ce sens, il s’est dit «inquiet, l’ampleur des hostilités constituant un indicateur du risque que les pays de la région encourent». Il a ainsi rappelé que le «Liban s’oppose à la guerre» et qu’il «s’engage pleinement à respecter les résolutions internationales, dont la 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, étant soucieux du maintien de la stabilité à long terme». La raison pour laquelle la 1701 n’est pas totalement mise en œuvre est qu’elle a fait l'objet «de 35.000 violations israéliennes au cours des 14 dernières années», a affirmé le Premier ministre sortant, avant d'insister: «Commençons par mettre fin à ces violations pour pouvoir parler de paix et de stabilité».

D’où la nécessité, selon lui, pour les parties prenantes, de «donner la priorité au dialogue et aux procédés diplomatiques pour éviter toute escalade au Liban». M. Mikati a par ailleurs indiqué qu’il est «impératif de considérer un redéploiement des forces armées libanaises dans le Sud en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) afin de préparer le terrain pour les négociations sur la frontière terrestre entre le Liban et Israël, selon l'accord d’armistice de 1949».

1701 et perspectives de règlement

Dans son rapport périodique qui couvre la période allant du 21 juin au 20 octobre 2023, le secrétaire général des Nations unies s’était penché sur la mise en œuvre de la 1701. Il avait manifesté, selon Tarek Mitri, un des artisans de cette résolution, «une certaine préoccupation quant à la situation au Liban-Sud. Et ce, du fait des hostilités incessantes, de la présence d’armes illégales, des violations israéliennes de la résolution 1701 et de l'espace aérien libanais, et de l’occupation par les Israéliens de la partie nord du village libanais de Ghajar».


Le rapport souligne, toujours selon M. Mitri, «l’importance pour le Liban que son armée soit puissante et bien équipée». L’ancien ministre a, dans ce contexte, rappelé qu’en l’espace de 17 ans (depuis 2006, date à laquelle la résolution a été adoptée, et jusqu’au 8 octobre 2023), «nous n’avons pas assisté à des échanges militaires majeurs à la frontière, la situation ayant été relativement stable». D’après lui, le Hezbollah, «qui ne s’est pas complètement retiré de la zone située entre le Litani et la Ligne bleue, y a limité ses activités militaires».

M. Mitri s’est par ailleurs penché sur la genèse de la résolution, avant de constater que «les efforts diplomatiques actuels en faveur de la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 ont tous échoué jusqu’à présent». À défaut de parvenir à un cessez-le-feu, «une longue pause humanitaire pourrait créer des conditions propices pour parvenir à son application», a-t-il expliqué.

Avis qu’a partagé l’ancien ambassadeur américain à Beyrouth Jeffrey Feltman. Dans son intervention, M. Feltman a considéré qu’un «cessez-le-feu est nécessaire pour calmer la situation et discuter de problématiques diverses». Il a cité, à titre d’exemple, la «présence des Houthis en mer Rouge, les négociations sur la frontière entre le Liban et Israël et l’échange d’otages entre le Hamas et Israël». Il a, dans le même ordre d’idées, rejeté la possibilité selon laquelle le Hezbollah serait prêt à une guerre à grande échelle. Il n’a cependant pas exclu que «des erreurs de calcul militaires et stratégiques puissent se produire, le risque de guerre accidentelle étant aujourd’hui élevé».

Le diplomate a rappelé ce qui s’était produit en 2006, en référence à la guerre entre le Hezbollah et Israël, lorsque le Hezbollah avait enlevé deux soldats israéliens, donnant ainsi à Tel Aviv le prétexte qu’il cherchait pour lancer une guerre destructrice contre le Liban. Dans un de ses discours à l’époque, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait admis son erreur, en lançant un: «Si j’avais su».

D’après M. Feltman, l’application de la 1701 peut être considérée «comme un plan de désescalade, surtout lorsque l’on considère que son adoption dépend d’autres résolutions et accords antérieurs, notamment l’accord d’armistice de 1949».

 
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