Quand la Mer Rouge \

En première ligne des attaques contre le trafic maritime en mer Rouge depuis octobre, les Houthis inquiètent quant à leur capacité à s’en prendre désormais aux câbles de télécommunications. Une menace prise au sérieux par le gouvernement yéménite et l’agence de télécommunications locale.
Rien ne semble dissuader les Houthis d’arrêter leurs attaques contre divers navires et de perturber le trafic maritime mondial, malgré des frappes punitives régulières des forces britanniques et américaines. Menée sous prétexte de soutien au peuple palestinien, la campagne du groupe armé yéménite pourrait cibler les importants câbles de télécommunications situés sous la mer Rouge et paralyser une bonne partie de l’Internet mondial.
L’alerte est donnée par le Gulf International Forum qui reprend un message publié le 24 décembre 2023 dans une chaîne Telegram affiliée aux Houthis. On y perçoit une carte de la région où sont affichés les emplacements des différents câbles sous-marins qui traversent la zone et passent par le détroit de Bab el-Mandab. Cet endroit, stratégique pour le commerce international, puisqu’il relie l’Europe à l’Asie, est situé entre Djibouti et l’Erythrée, côté africain, et le Yémen, côté péninsule Arabique.
Scénario catastrophe
«Il existe des cartes des câbles internationaux reliant toutes les régions du monde par la mer. Il semble que le Yémen se trouve dans un emplacement stratégique, puisque les lignes Internet qui relient des continents entiers – et pas seulement des pays – y passent à proximité», peut-on lire dans ce message publié sur cette chaîne Telegram qui ne relève pas des canaux officiels des Houthis. Le gouvernement yéménite reconnu par les Nations unies a affirmé prendre la menace au sérieux, tout comme Yemen Telecom, l’agence de télécommunications locale.

Un tel scénario serait catastrophique, s’il venait à se produire, car la quinzaine de câbles sous-marins enterrés sous la mer Rouge alimentent entre 17% et 30% de la population mondiale en Internet, soit les données de 1,3 à 2,3 milliards de personnes. Autre risque important, les transactions financières colossales de l'ordre de 10.000 milliards de dollars traitées quotidiennement par ces câbles. Autant dire que les Houthis ont entre les mains une arme bien plus dangereuse aux yeux du monde que n’importe quel missile à destination d’un navire.
Des câbles à 100 m sous la mer
Si cette menace est crédible, c’est parce que certains de ces câbles sont situés à moins de 100 mètres sous le niveau de la mer. En 2013, trois plongeurs égyptiens étaient parvenus à sectionner l’un d’entre eux au nord d’Alexandrie. Un incident qui avait réduit la bande passante Internet dans le pays de 60% et qui avait mis en lumière des failles de sécurité déconcertantes.
Selon des analystes du Gulf Security Forum, «les Houthis ont conservé la capacité à harceler les navires en surface grâce à des missiles et des engins d'attaque rapide, mais n'ont pas les submersibles nécessaires pour atteindre les câbles».  Si les câbles avaient été épargnés jusque-là, c’était davantage «à cause du sous-développement technologique des équipements en possession des Houthis que par manque de motivation», ont-ils ajouté.
Après une nouvelle salve de frappes de la coalition des forces britanniques et américaines sur des cibles houthies, le groupe armé yéménite a juré une nouvelle fois de riposter. «Nous répondrons à l'escalade par l'escalade», a prévenu le samedi 4 février un porte-parole de l’organisation, Nasr el-Din Amer.
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