Thierry Mugler, visions et passions d’un créateur hors normes
Thierry Mugler, figure internationale de l’expression artistique des années 80 et 90, créateur qui a défié les lois de l’apesanteur sur la planète Mode, nous a quittés pour taquiner les étoiles intergalactiques qu’il n’a jamais cessé de côtoyer dans son imaginaire et ses créations devenues iconiques.



Silhouette structurée, coupe affirmée, taille corsetée, décolleté plongeant et épaules surdimensionnées sont la signature de sa vision futuriste puisée dans une mémoire historique et interstellaire. Sous tous les angles, il aura célébré la puissance féminine, toujours conquérante et ultra sensuelle.

“J’essaie de mettre sur pied une élégance nette, moderne, avec des vêtements graphiques. Cela vient toujours par une histoire d’aventure avec une femme”. Thierry Mugler, en 1983, dans “Nuits Magnétiques”.

Stars de la pop et du 7e art portent encore et toujours ses créations lors des galas du Met ou des festivals internationaux, des œuvres d’art mobiles, sorties d’une bande dessinée de science-fiction, entre mouvement de comètes et scintillement d’étoiles.

Bowie, Diana Ross, Madonna et même ultérieurement Lady Gaga, tous en sont fans, y compris Kim Kardashian qui lui commandera des tenues uniques et personnalisées.

On se souvient encore du scandale provoqué par Jack Lang, alors ministre de la Culture, se rendant à un événement habillé en col Mao en 1985.

Il a été précurseur de la mise en scène dans les défilés aux allures de spectacle: 80 shows en vingt ans dignes de superproductions hollywoodiennes. Il assurera la conception du clip de George Michael, emblématique des années 90. Même la Comédie-Française lui confiera le plus important budget costumes de son histoire.


Créateur du parfum Angel, toujours parmi les plus vendus au monde, un toutes les dix secondes, aux accords sucrés et de patchouli: “ Il y a eu beaucoup à convaincre. J’ai voulu faire un parfum mythologique, de grande qualité, en cristal, fini à la main. Et en plus le bleu, dans l’histoire du parfum pour femmes, ne s’est jamais vendu.”

En 2002, quand le marketing commence à imposer ses diktats, il se retire de la mode pour s’adonner à sa passion de la photographie et celle de la mise en scène comme dans Mugler Follies. D’ailleurs, il ne s’est jamais retiré, mais a juste changé d’outil, comme il le disait lui-même.

L’exposition “Thierry Mugler, Couturissime”, qui lui est dédiée actuellement au Musée des Arts Décoratifs, retrace l’œuvre de ce créateur si singulier qui a révolutionné la mode, la haute couture et le parfum. ”Croyons en demain. Vive le futur! ”

“Il a construit un univers de fantasmes, de transhumanisme, une hybridation entre les super héroïnes, la robotique et l’esthétique animalière. Avant les autres, il a valorisé les corps gainés, les hanches extrapolées, les talons vertigineux”, décrypte Thierry Maxime Loriot, commissaire de l’exposition et auteur du livre qui l’accompagne.

“Mes vêtements haute couture n’étaient pas toujours faciles à porter, mais qui cherche du facile? Il faut créer des émotions.”

Thierry Mugler, dont la mesure est la démesure, sublimant les femmes par des armures de beauté, les amazones des temps modernes vous remercient de les avoir adoubées, et aimées.

Thierry Mugler, Couturissime, jusqu’au 24 avril 2022, au Musée des Arts Décoratifs, Paris.

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