Après une interruption qui aura duré plusieurs confinements, le Met Opera de New York a rouvert ses immenses portails pour enclencher la saison des programmations, dès octobre 2021, avec le mythique opéra Porgy and Bess, celui-là même qui se jouait à guichets fermés avant la pandémie.

Tout d’abord, il y a le sublime Opera du Metropolitan, situé dans le centre culturel du Lincoln Center en plein Manhattan à New York. La première architecture du lieu a été construite en 1883 puis ravagée par un incendie à la fin du XIXe siècle. Bien qu’active dans son utilité, elle sera rasée, et un nouvel opéra, l’actuel, verra le jour en 1966, grâce au talent de l’architecte Wallace K. Harrison.

Bien au loin, le bâtiment tout en pierre de travertin est illuminé par l’éclairage du soir, annonçant l’attente de nous recevoir.

En marchant sur le parvis pour nous rendre à l’opéra, nous voyons au premier plan les fontaines en action, nous préparant visuellement à la musicalité à venir. Au second plan, nous apercevons à travers les cinq arches qui rythment la façade les deux immenses fresques commanditées à Marc Chagall.

Le hall nous gobe dans son antre, nous projetant çà et là à différents niveaux.

Salles combles. 3 800 personnes, munies de pass sanitaire et carte d’identité à l’appui, ont fait fi du coronavirus, car seule la contagion du plaisir retrouvé était la bienvenue.

Le proscenium, ou avant-scène, tout en cadre doré, mesure 16 mètres de largeur et autant en hauteur, et le rideau principal, tout en soie damassée, est le plus grand du monde. Celui-ci, dans le silence imposé des premières notes, finit par s’ouvrir…

Et là, par la magie du lieu, de la mise en scène, des décors, de l’éclairage, des acteurs, chanteurs, danseurs, et surtout par la musique de Georges Gershwin, nous sommes plongés dans les années trente, dans une cité pauvre de la Caroline du Sud, où la classe noire se réunit chaque samedi pour chanter et danser au son du piano, dans un mélange de lyrique et de jazz.

Pendant ce temps-là, un jeune couple essaye d’endormir leur bébé, et la maman entonne une berceuse devenue célèbre: Summertime

Voici Bess et son compagnon Crown, qui, ayant trop bu et perdu au jeu, fou de rage, saute sur son partenaire qui l’a battu et le tue. Bess, désemparée, trouve refuge chez Porgy, un mendiant amoureux d’elle. Les amis de Robin, assassiné par Crown, le veillent et chantent leur peine et leur prière tout en mélopées teintées de jazz et de gospel. Un enquêteur blanc passant par-là commence à interroger tout le monde et les menaces.

À travers cette scène, Gershwin démontre à quel point la vie des Noirs ne tenait qu’à un fil, et toute l’injustice qui en découlait.

Les hommes finissent par aller à la pêche pour gagner leur vie, tandis que Porgy chante son bonheur de vivre avec Bess. Le temps passe, au rythme des spirituals. Un grand pique-nique est organisé. Bess ne veut pas y aller, car elle a un mauvais pressentiment. Un très beau duo d’amour a lieu entre elle et Porgy qui l’encourage à y aller: "Tous deux on ne fait plus qu’un maintenant."

Au sortir d’un fourré surgit son ex-compagnon Crown, ivrogne et drogué, qui veut récupérer Bess. Elle refuse, lui explique que désormais elle est une femme bien, elle est la femme de Porgy! Et pourtant, elle va de nouveau lui céder et ne rentrera qu’une semaine plus tard chez Porgy. Celui-ci, bien qu’infirme, a tout vu, tout compris. Une bagarre éclate entre Crown et Porgy. Se défendant, Porgy tue Crown. Retenu une semaine par les policiers, Porgy revient chercher Bess. Celle-ci est entretemps retombée dans la drogue et est partie.

La dernière scène nous montre un Porgy à la recherche de sa bien-aimée et entonnant des airs plein d’amour, dans l’espoir de la retrouver… Le lourd rideau en soie damassée finit par se refermer pour ne rouvrir que sous une pluie déchaînée d’une standing ovation.

Le compositeur voulait le drame et l’histoire d’amour de Carmen et la beauté des Maîtres chanteurs. il y a brillamment réussi en une synthèse d’opéra occidental, de blues, de négrospiritual et de jazz.

Porgy and Bess est inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée à Charleston, et marque un avant/après important de l’histoire d’opéra américain.

Et c’est réchauffés par les mélopées lancinantes de cette œuvre, l’air de Summertime murmurant encore dans notre douce douleur d’avoir partagé ces moments magiques, que nous affrontons le froid glacial et venteux de l’hiver new-yorkais.

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