À Robert Ghanem, cinq ans après ton départ, le «train de la vie» continue de traverser les villages et les villes de notre beau pays.
«Il y a plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants».
Jean D’Ormesson
Cinq ans après ta disparition prématurée*, une pensée émue, des souvenirs tenaces et toujours aussi présents, continuent de marquer la mémoire de tous ceux qui t’ont accompagné, aimé et respecté; ta famille, tes amis, tes collègues et «ton peuple»!
Amour, amitié, dignité et patriotisme ont, en effet, été les mots clés de ton existence sur cette terre! Une équation emblématique, que tu as toujours cherché à partager avec tous ceux que tu as côtoyés et fréquentés. Elle a imprégné ton environnement et laissé un souvenir vivace et indélébile de ta quête de sincérité, de liberté, de vérité, de justice et de sérénité. Ces objectifs profonds et constants ont toujours été la toile de fond de la trame que tu as tissée avec patience, discrétion et détermination, tout au long d’une vie riche en expériences diverses et variées.
Beaucoup d’évènements, de drames, de misères et de divisions ont continué de jalonner, depuis ton départ, le chemin de ce pays, que tu avais tellement chéri! Après ta disparition, un grand nombre de nos amis t’ont rejoint, après avoir lutté, chacun à sa façon, pour la réalisation d’objectifs nationaux, similaires aux tiens, ceux de la liberté, de l’indépendance, de la démocratie et de la souveraineté!
Mais, nous, tes compagnons de toujours, qui avons vécu ton cheminement de l’intérieur, nous ne pourrons jamais oublier tes inquiétudes et les innombrables déceptions politiques qui t’avaient indisposé. C’est ce qui, d’ailleurs, t’avait poussé à te retirer de la campagne des législatives de 2018. Tu avais, en effet, appréhendé un état des lieux, perçu le grand chaos politique qui se profilait, et la situation d’effondrement généralisé qui commençait à toucher et à balayer toutes les institutions. L’avenir allait malheureusement confirmer toutes tes appréhensions.
Je ne vais pas revenir sur ces années dures et insupportables qui ont suivi ton départ. Elles sont, aujourd’hui encore, chaque jour plus difficiles à vivre, et l’univers qui nous entoure est de plus en plus sombre.
L’inconnu et le doute plongent notre peuple dans une longue traversée du désert, sans horizons clairs. Le pays se vide de ses jeunes. Il ne reste plus que les vieux, ou ceux qui, pour des raisons diverses, ne peuvent pas le quitter, ou encore ceux qui continuent de croire à une potentielle renaissance de cette nation, en misant sur un «deal», encore incertain, entre des décideurs régionaux et internationaux.
Face à cette immense inquiétude qui habite les citoyens du pays du Cèdre depuis plusieurs décennies, je voudrais, pour terminer, et à l’occasion de cet hommage, partager avec toi, avec tous tes amis, un texte d’espoir et d’espérance à l’adresse de nos enfants et de notre peuple: «L’espoir des hommes vise l’avenir. Il travaille à le maintenir ouvert, à le rendre heureux. Mais un espoir digne de ce nom ne saurait tourner le dos au passé, car, qui prétend inventer le futur doit commencer par hériter d’une tradition; qui veut se jeter en avant ferait bien de regarder derrière lui. Tout espoir est alors comme «doublé» de mémoire, autrement dit tout espoir futur s’évertue d’abord à sauver le passé.
Oui, l’audace de l’avenir passe par l’injonction du souvenir».
Avant de te quitter, nous voulons enfin nous adresser à Viviane, ton épouse, et à tes fils, ainsi qu’à leurs familles, pour leur exprimer toute notre affection et notre amitié, et leur dire qu’ils pourront toujours être fiers de cet héritage humaniste que tu leur auras transmis.
*L’ancien ministre et député Robert Ghanem est décédé le 10 février 2019 des suites d'une crise cardiaque.
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