À Gaza, l’aide humanitaire prend des ailes
©(AFP)
Face aux difficultés et blocages israéliens rencontrés par les convois terrestres acheminant l'aide humanitaire à Gaza, de plus en plus de pays se tournent vers la voie aérienne. Une solution qui comporte toutefois son lot d'inconvénients.

Mardi 26 février, l’armée jordanienne annonçait avoir procédé, en coopération avec le Qatar, la France, l'Égypte et les Émirats arabes unis, à une série de largages d'aide humanitaire «directement à la population» de la bande de Gaza, pour reprendre les mots de son communiqué. Des vidéos prises par les habitants montrent notamment la réception de cette aide, larguée le long de la côte.



 










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Au total, quatre opérations de ce type ont eu lieu la même journée, par le biais d’avions cargo C-130, dont un aux couleurs françaises. Le contenu de ce pont aérien était, toujours selon le communiqué jordanien, constitué «de fournitures de secours et alimentaires, y compris des repas prêts à consommer à grande valeur nutritionnelle, pour soulager la souffrance de la population» dans l'enclave.

Mercredi, c'était au tour de la Maison Blanche, d'après une information rapportée par le site américain Axios, de considérer une telle option. Selon ce dernier, Washington considère le recours à sa propre flotte pour faire parvenir l'aide à une population se trouvant dans une situation humanitaire catastrophique. Et jeudi, les armées de l'air jordanienne, omanaise et bahreïnie ont procédé à un nouveau largage, suivies dans la journée par les forces aériennes égyptiennes et émiraties, selon un autre communiqué.

Le roi Abdallah II de Jordanie (G) à bord d'un avion militaire lors d'une opération de largage d'aide humanitaire au-dessus du sud de la bande de Gaza, le 27 février 2024. (Sécurité publique jordanienne, AFP)

Si l'armée jordanienne a déjà effectué plus d'une quinzaine de largages au-dessus de Gaza depuis le début de la guerre, la fréquence de ces derniers a considérablement augmenté. Le souverain du royaume hachémite, Abdallah II, a par ailleurs participé directement à l'un d'eux dans une opération de communication remarquée, le 13 février 2024.
Un ravitaillement terrestre mis en difficulté

Si de plus en plus de pays se tournent vers la voie aérienne, c'est notamment en raison des barrières rencontrées par les convois terrestres pour acheminer l'aide à la population gazaouie. Mardi 27 février, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), dénonçait le fait que les forces israéliennes bloquent «systématiquement» l'accès aux personnes ayant besoin d'aide humanitaire à Gaza. Et ce, au mépris des demandes formulées par la Cour internationale de justice (CIJ).

 

Image diffusée par l'armée jordanienne le 29 février 2024 montrant de l'aide humanitaire destinée à la bande de Gaza sur le tarmac avant d'être chargée dans un avion cargo, dans un lieu non divulgué en Jordanie. (Armée jordanienne, AFP)

Selon ce dernier, effectuer des évacuations médicales et des livraisons d'aide dans le nord de l'enclave est devenu pratiquement impossible, la dernière livraison datant du 23 janvier. Dans le Sud, leur faisabilité se dégrade rapidement, à mesure que l'armée israélienne s'approche de Rafah. La situation de l'Unrwa, l'agence en charge des réfugiés palestiniens mise à genoux par le retrait des financements de nombreux pays au début de l'année, n'arrange en rien la situation.

D'autant plus que même les convois qui avaient reçu une autorisation des autorités israéliennes ont été bloqués à plusieurs reprises ou ont essuyé des tirs. Le massacre de Rafah en constitue un exemple particulièrement sanglant. Des tirs israéliens contre une foule recevant une distribution d'aide dans la matinée du jeudi 29 février ont ainsi causé plus d'une centaine de morts et plusieurs centaines de blessés.


La voie aérienne, solution miracle?

La multiplication des incidents de ce type témoigne de la mauvaise volonté du gouvernement israélien, de plus en plus évidente, à protéger des populations en situation de famine. Selon l'OCHA, celle-ci est désormais «quasiment inévitable, si rien ne change». Dans ce cadre, la solution du pont aérien apporte son lot d'avantages vis-à-vis d'un approvisionnement terrestre… mais aussi d'inconvénients.

Photo diffusée par l'armée jordanienne le 29 février 2024 montrant de l'aide humanitaire larguée par un avion militaire au-dessus du nord de Gaza. (Armée jordanienne, AFP)

En termes d'avantages, sa rapidité est cruciale en situation d'urgence, permettant une livraison rapide de l'aide. De plus, elle contourne les barrages, voire les tirs de l'armée israélienne. D'autant que cette dernière ne se risquerait pas à tirer sans avertissement sur des appareils des pays énumérés en amont, au risque de se retrouver dans une situation politique délicate. La sécurité demeure donc un autre avantage, les opérations aériennes évitant les dangers des transports terrestres dans des zones instables.

Cependant, les coûts élevés d'un pont aérien constituent un inconvénient majeur, englobant les frais d'avions, de carburant, de personnel et de logistique. De plus, les avions ont une capacité limitée par rapport aux navires ou aux camions, et les conditions météorologiques défavorables peuvent retarder les opérations.

Surtout, ces avions-cargos restent, dans l'absolu, dépendants des autorisations israéliennes pour entrer dans l'espace aérien de l'enclave. Il reste peu probable qu'à l'heure actuelle, le gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, tente d'en restreindre l'accès, comme ce fut le cas avec l'aide terrestre, en arguant de la présence d'armes au sein des convois de l'Unrwa. Du moins, pour le moment.

 
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