Le mercredi 6 mars 2024, le Choix Goncourt de l’Orient, organisé par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) au Moyen-Orient en partenariat avec l’académie Goncourt, l’Institut français du Liban et ceux de la région, a été proclamé au Centre d’employabilité francophone (CEF). Le grand gagnant est Triste Tigre de Neige Sinno, qui avait déjà remporté le prix Fémina 2023, le Goncourt des lycéens 2023 et le prix littéraire du Monde. Retour sur cette récompense, accompagné d'un entretien exclusif avec Mokhtar Amoudi, lauréat du prix Goncourt des détenus 2023.
Le Festival francophone du livre de 2023 a coïncidé avec l’annonce de la deuxième sélection de l’Académie Goncourt pour son prix. À cette occasion, les 28 universités participant au prix Goncourt Choix de l’Orient ont reçu cette sélection. Cependant, l’annonce du lauréat de ce prix a été repoussée et a eu lieu durant le mois de mars, mois la Francophonie.
Après une délibération à huis clos, calquée sur la procédure du prix Goncourt, le résultat a été prononcé, en présence de la romancière Paule Constant, ancienne lauréate du prix Goncourt et membre représentant la prestigieuse académie; de l’écrivain Moukhtar Amoudi, lauréat du prix Goncourt des détenus 2023; et de la présidente du jury Choix Goncourt de l’Orient, Salma Kojok.
L’écrivaine libanaise a exprimé sa joie d’avoir accompagné les opérations de vote, de délibération et de débats de cette 12e édition, auprès de 32 étudiants venus des 11 pays membres de l’AUF. Le prix Goncourt Choix de l’Orient 2023 a été proclamé par l’étudiante Maria Akmal de l’université Aïn Chams d’Égypte et repris en arabe par l’étudiant palestinien Nicolas Saadé. Ensuite, la plupart des étudiants membres du jury ont exprimé les raisons qui ont dicté leurs votes.
En effet, c’est Triste Tigre qui a fasciné la majorité, non seulement parmi les jeunes étudiantes, mais également chez les étudiants hommes. Les jeunes jurés ont insisté sur les dégâts occasionnés par l’inceste, le courage libérateur et contagieux de l’auteure-narratrice Neige Sinno et son érudition. Certains ont voté pour Humus de Gaspard Koenig, qui s’articule autour de l’écologie visant à intégrer la notion de valeur des écosystèmes et de la biodiversité, à travers une belle histoire dans la grande tradition littéraire réaliste.
Dans son mot d’ouverture, le directeur de l’AUF, Jean- Noël Baléo, a salué tous les participants, venus d’Arabie saoudite, de Chypre, de Djibouti, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Irak, de Jordanie, du Liban, et spécialement les étudiants venus de Palestine et du Yémen et ceux du Soudan, participant à distance. La directrice de l’Institut français du Liban, Sabine Sciortino, a insisté sur la volonté de l’ambassade de France au Liban et de l’Institut français de faire rayonner la francophonie.
Mokhtar Amoudi: «Le Liban est très proche de mon cœur»
Mokhtar Amoudi, qui a remporté le Goncourt des détenus 2023 avec son premier roman Les Conditions Idéales paru aux éditions Gallimard, a dévoilé à Ici Beyrouth qu’il a passé cinq ans à l’écrire. «Je parle de moi-même dans ce livre, de mon expérience, mais ce n’est pas de l’autofiction pour autant. Malgré les conditions, loin d’être idéales de la prison, certains prisonniers ont lu 16 romans avant de faire leur choix. Ils ont beaucoup aimé la dimension d’espoir, mais surtout le style accessible du roman.» L’écrivain révèle que le roman compte 30% d’écriture et tout le reste c’est de la réécriture.
Curieusement, c’est Louis-Ferdinand Céline qui lui a donné le désir d’écrire, bien que son style, consistant à «raconter des tragédies avec de l’humour», n’ait rien à voir avec lui, fait remarquer l’écrivaine Paule Constant à Ici Beyrouth, en soulignant l’importance du désir. Selon l’écrivain, « malgré les grandes difficultés que votre pays traverse, la vitalité des gens reste exemplaire et leurs belles valeurs n’ont pas changé. Le côté hétérogène de la capitale, les grandes tours à côté des anciens immeubles, des maisons traditionnelles et des maisons abîmées, mais debout, me fascine».
La directrice de l'Institut français du Liban Sabine Sciortino
Paule Constant: «Le Liban m’a porté bonheur»
«En automne 1998, j’étais venue au grand Salon du livre de Beyrouth et à mon retour, le prix Goncourt m’attendait à Paris. Je l’ai appris dans un taxi. J’ai senti alors que le Liban m’a porté bonheur. D’ailleurs, la francophonie et la francophilie qui le caractérisaient m’avaient extrêmement touchée. Depuis, j’ai toujours été fidèle au rendez-vous du Goncourt dans cette région. Or, le mot région ne peut pas exprimer l’immensité des pays que ce prix rassemble. C’est l’un des plus grands, des plus beaux et des plus importants prix Goncourt étrangers. Le Goncourt comporte 46 prix étrangers, mais c’est vous qui avez le prix le plus étonnant, le plus compliqué et le plus rayonnant».
Interrogée sur le processus de sélection des livres à l’académie Goncourt, Paule Constant explique qu'une grande quantité d’éditeurs leur envoient toute leur production. Chacun des membres du Goncourt reçoit 250 livres à la rentrée. Or, ils sont aussi différents les uns que les autres. «Nous commençons à lire à partir de mai et nous nous envoyons nos réflexions, nos critiques, pas celles qu’on trouve dans la presse qui savonnent ou encensent les livres. Pour ma part, cet été, sur les 250, j’en ai lu 80. Je suis très heureuse que Triste Tigre ait remporté le Choix Goncourt de l’Orient.»
Le Festival francophone du livre de 2023 a coïncidé avec l’annonce de la deuxième sélection de l’Académie Goncourt pour son prix. À cette occasion, les 28 universités participant au prix Goncourt Choix de l’Orient ont reçu cette sélection. Cependant, l’annonce du lauréat de ce prix a été repoussée et a eu lieu durant le mois de mars, mois la Francophonie.
Après une délibération à huis clos, calquée sur la procédure du prix Goncourt, le résultat a été prononcé, en présence de la romancière Paule Constant, ancienne lauréate du prix Goncourt et membre représentant la prestigieuse académie; de l’écrivain Moukhtar Amoudi, lauréat du prix Goncourt des détenus 2023; et de la présidente du jury Choix Goncourt de l’Orient, Salma Kojok.
L’écrivaine libanaise a exprimé sa joie d’avoir accompagné les opérations de vote, de délibération et de débats de cette 12e édition, auprès de 32 étudiants venus des 11 pays membres de l’AUF. Le prix Goncourt Choix de l’Orient 2023 a été proclamé par l’étudiante Maria Akmal de l’université Aïn Chams d’Égypte et repris en arabe par l’étudiant palestinien Nicolas Saadé. Ensuite, la plupart des étudiants membres du jury ont exprimé les raisons qui ont dicté leurs votes.
En effet, c’est Triste Tigre qui a fasciné la majorité, non seulement parmi les jeunes étudiantes, mais également chez les étudiants hommes. Les jeunes jurés ont insisté sur les dégâts occasionnés par l’inceste, le courage libérateur et contagieux de l’auteure-narratrice Neige Sinno et son érudition. Certains ont voté pour Humus de Gaspard Koenig, qui s’articule autour de l’écologie visant à intégrer la notion de valeur des écosystèmes et de la biodiversité, à travers une belle histoire dans la grande tradition littéraire réaliste.
Dans son mot d’ouverture, le directeur de l’AUF, Jean- Noël Baléo, a salué tous les participants, venus d’Arabie saoudite, de Chypre, de Djibouti, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de l’Irak, de Jordanie, du Liban, et spécialement les étudiants venus de Palestine et du Yémen et ceux du Soudan, participant à distance. La directrice de l’Institut français du Liban, Sabine Sciortino, a insisté sur la volonté de l’ambassade de France au Liban et de l’Institut français de faire rayonner la francophonie.
Mokhtar Amoudi: «Le Liban est très proche de mon cœur»
Mokhtar Amoudi, qui a remporté le Goncourt des détenus 2023 avec son premier roman Les Conditions Idéales paru aux éditions Gallimard, a dévoilé à Ici Beyrouth qu’il a passé cinq ans à l’écrire. «Je parle de moi-même dans ce livre, de mon expérience, mais ce n’est pas de l’autofiction pour autant. Malgré les conditions, loin d’être idéales de la prison, certains prisonniers ont lu 16 romans avant de faire leur choix. Ils ont beaucoup aimé la dimension d’espoir, mais surtout le style accessible du roman.» L’écrivain révèle que le roman compte 30% d’écriture et tout le reste c’est de la réécriture.
Curieusement, c’est Louis-Ferdinand Céline qui lui a donné le désir d’écrire, bien que son style, consistant à «raconter des tragédies avec de l’humour», n’ait rien à voir avec lui, fait remarquer l’écrivaine Paule Constant à Ici Beyrouth, en soulignant l’importance du désir. Selon l’écrivain, « malgré les grandes difficultés que votre pays traverse, la vitalité des gens reste exemplaire et leurs belles valeurs n’ont pas changé. Le côté hétérogène de la capitale, les grandes tours à côté des anciens immeubles, des maisons traditionnelles et des maisons abîmées, mais debout, me fascine».
La directrice de l'Institut français du Liban Sabine Sciortino
Paule Constant: «Le Liban m’a porté bonheur»
«En automne 1998, j’étais venue au grand Salon du livre de Beyrouth et à mon retour, le prix Goncourt m’attendait à Paris. Je l’ai appris dans un taxi. J’ai senti alors que le Liban m’a porté bonheur. D’ailleurs, la francophonie et la francophilie qui le caractérisaient m’avaient extrêmement touchée. Depuis, j’ai toujours été fidèle au rendez-vous du Goncourt dans cette région. Or, le mot région ne peut pas exprimer l’immensité des pays que ce prix rassemble. C’est l’un des plus grands, des plus beaux et des plus importants prix Goncourt étrangers. Le Goncourt comporte 46 prix étrangers, mais c’est vous qui avez le prix le plus étonnant, le plus compliqué et le plus rayonnant».
Interrogée sur le processus de sélection des livres à l’académie Goncourt, Paule Constant explique qu'une grande quantité d’éditeurs leur envoient toute leur production. Chacun des membres du Goncourt reçoit 250 livres à la rentrée. Or, ils sont aussi différents les uns que les autres. «Nous commençons à lire à partir de mai et nous nous envoyons nos réflexions, nos critiques, pas celles qu’on trouve dans la presse qui savonnent ou encensent les livres. Pour ma part, cet été, sur les 250, j’en ai lu 80. Je suis très heureuse que Triste Tigre ait remporté le Choix Goncourt de l’Orient.»
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