©La Consule générale de France et directrice de l’Institut français de Naples Lise Moutoumalaya en compagnie de la jeune auteure Zineb Mekouar et la professeure de littératures francophones à l’université «Orientale» de Naples Angela Buono.
À l'Institut français de Naples, Zineb Mekouar, finaliste du prix Goncourt du premier roman pour Il passaporto verde, a été mise à l'honneur le 8 mars. Son dialogue avec la professeure Angela Buono a exploré les thèmes de son roman, traitant de la fracture entre traditions et modernité, dans un événement célébrant la diversité culturelle et la francophonie.
Femme et francophone, Zineb Mekouar était à l’honneur à l’Institut français Grenoble de Naples lors de la symbolique journée du 8 mars, avant le coup d’envoi des Journées de la francophonie. Au cours d’un dialogue avec la modératrice Angela Buono, professeure de littératures francophones à l’université L’Orientale de Naples, en présence de Mme Lise Moutoumalaya, consule générale de France et directrice de l’Institut français de Naples, la jeune romancière d’origine marocaine a évoqué les thèmes principaux de son œuvre Il passaporto verde (titre italien de La Poule et son cumin), finaliste du Goncourt du premier roman.
Ce livre, dont les femmes sont les principales héroïnes, a néanmoins été écrit pour tous les êtres qui expérimentent au quotidien la douloureuse fracture qui naît de la confrontation entre passé et présent, traditions et modernité, Orient et Occident, quelles que soient leurs appartenances religieuses, sociales, ethniques ou culturelles. Les identités s’y superposent, s’y heurtent et s’y affrontent dans un jeu infini de réflexions et une valse inouïe de paradoxes.
L’analyse perspicace et courageuse ne fait aucune concession aux aberrations qui naissent du heurt des civilisations. Il est intéressant, d'une part, de découvrir le schisme qui se produit dans l’âme de ceux et celles qui boivent à la source des philosophes de l’illuminisme en continuant cependant à honorer les traditions séculaires de leur terre d’appartenance. Il est troublant, d’autre part, de lever le voile sur l’impasse que traverse l’Occident, figé dans son rôle d’ex-colonisateur à travers le regard brouillé, superficiel et frustrant qu’il pose sur l’autre. Dans ce roman qui se lit d’un trait, Zineb Mekouar, en dénonçant sans ménagements les souffrances et le malaise de la société marocaine contemporaine, ne fait que dénoncer l’impasse actuelle qui naît de la confrontation des peuples.
Elle reconnaît que le choix d’opter pour le roman crée, à la différence de l’essai, une identification immédiate avec les personnages et leurs cultures respectives.
La professeure Angela Buono, dans son dialogue avec l’auteure, ne manque pas de souligner l’importance de la langue, «personnage à part entière du roman». Français, arabe classique, berbère, verlan et dialecte marocain sont évoqués et permettent de construire des personnages multifacétiques, dont l’identité et les frontières fluctuent selon la langue adoptée.
La consule générale, Lise Moutoumalaya, rappelle alors avec enthousiasme que l’Italie est le cinquième pays francophone au monde. La présentation s’achève en gaieté avec Le donne della birra («femmes de la bière») venues de Gênes, pour faire découvrir aux Parthénopéens leur production de bière artisanale. L’association où collaborent hommes et femmes milite activement pour l’égalité et l’équité des genres. La Taralleria Napoletana, en collaboration avec la coopération Lazzarelle offre gracieusement les délicieuses galettes au poivre et saindoux préparées dans la plus pure tradition de la ville.
Le dialogue des femmes et de leurs invités se poursuit longuement dans les locaux du bel Institut français. Français, Napolitains et Méditerranéens optent pour la recette de Mamizou, sage héroïne et doyenne du livre de Zineb Mekouar. La seule réponse possible au dialogue des mondes réside dans le respect et l’ouverture bienveillante à la culture de l’autre.
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