Dans le cadre d’une cérémonie novatrice, les SchizAwards visent à changer le regard sur la schizophrénie au cinéma. Organisée par l’association PositiveMinders, cette initiative met en lumière les représentations stéréotypées de la maladie mentale sur grand écran. L’objectif: promouvoir une compréhension plus juste et empathique de ce trouble complexe.
Le cinéma, avec ses récits captivants et ses personnages complexes, a souvent dépeint la schizophrénie de manière dramatique et mystérieuse. Ces représentations, empreintes de stéréotypes et de clichés, ont façonné l’imaginaire collectif, mais pas toujours de manière fidèle ou respectueuse. À Paris, une initiative novatrice cherche à renverser cette tendance: les SchizAwards. Organisée par l’association PositiveMinders, cette cérémonie en ligne coïncide avec les Journées mondiales de la schizophrénie (16-23 mars) et vise à révolutionner la perception du public sur ce trouble.
Jean-Christophe Leroy, fondateur de PositiveMinders, souligne l’origine pédagogique du projet, né de l’étonnement des jeunes face à la réalité de la schizophrénie, souvent éloignée de sa représentation cinématographique. S’inspirant du glamour des Oscars, les SchizAwards proposent une sélection de neuf films passés au crible par un jury composé de psychiatres et de personnes atteintes de schizophrénie, répartis en trois catégories allant de la représentation la plus juste à la plus erronée.
L’initiative vise à démystifier la schizophrénie, une maladie complexe qui souffre d’une image déformée au cinéma. Marine Raimbaud, psychiatre et membre du jury, dénonce l’exploitation cinématographique de la psychiatrie, qui joue sur une fascination teintée de peur. Elle souligne que le cinéma véhicule souvent des stéréotypes réducteurs, comme «l’idiot du village» ou le «fou dangereux», qui ne rendent pas justice à la diversité et à la complexité des manifestations cliniques de la schizophrénie.
Des films comme Shutter Island ou Fight Club ont marqué l’imaginaire collectif avec leurs personnages emblématiques, mais ont aussi contribué à une vision déformée des troubles mentaux. Raimbaud souligne que ces représentations ont un impact concret sur la perception et la prise en charge de la schizophrénie, conduisant certaines personnes à craindre ou à refuser le diagnostic.
Les SchizAwards s’inscrivent dans un mouvement plus large visant à améliorer la représentation des troubles mentaux au cinéma. L’objectif est de reconnaître la complexité de la schizophrénie, en s’éloignant des simplifications et en recherchant une narration plus nuancée. Cela nécessite un effort pour comprendre et dépeindre avec sensibilité non seulement les défis, mais aussi le courage et la résilience des personnes touchées.
L’initiative des SchizAwards reflète une prise de conscience croissante de l’importance de la représentation médiatique des troubles mentaux. En offrant une plateforme pour corriger les idées reçues, la cérémonie espère influencer positivement le dialogue public sur la schizophrénie. En mettant en lumière les décalages entre la fiction et la réalité, elle promeut une approche plus empathique et informée, essentielle pour combattre la stigmatisation et favoriser une meilleure compréhension de la schizophrénie.
Cette démarche s’inscrit dans un combat plus large contre les préjugés et la méconnaissance qui entourent les troubles psychiques. En décortiquant les rôles cinématographiques, les SchizAwards contribuent à déconstruire les clichés et à promouvoir une vision plus juste et respectueuse des personnes atteintes de schizophrénie. Cette (plus que) louable initiative rappelle que derrière chaque diagnostic se cache un être humain unique, avec ses forces et ses faiblesses, loin des caricatures hollywoodiennes.
Avec AFP
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