Augmentation de salaire: et après, où on va?
La revalorisation salariale dans le secteur privé est on ne peut plus justifiée à la lumière d’une inflation galopante à trois chiffres et une loi de Finances 2024 dans le cadre de laquelle les taxes et les impôts ont été multipliés entre dix et quarante fois.
Les concertations entre les organismes économiques et la confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL) sur la question d’un réajustement du salaire minimum se poursuivent. La fumée blanche devrait sortir d’ici à mardi prochain, selon le ministre sortant du Travail, Moustapha Bayram.
Un salaire minimum de 20.000.000 de livres figure au sein du dialogue social. Il est clair que dans des négociations sur une augmentation de salaire, il faut que les deux parties, le patronat et les salariés, en ressortent gagnantes.
Pour rappel, depuis le déclenchement de la crise multidimensionnelle et la dévaluation spectaculaire de la monnaie nationale en octobre 2019, le salaire minimum a été relevé une seule fois, passant de 650.000 livres à 9.000.000 livres.
Le patronat réticent
Le patronat justifie sa réticence à relever le seuil minimum des salaires par les coûts supplémentaires qu’il devrait supporter en termes d’augmentation de ses cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Un organisme, dans lequel il aurait perdu confiance. D’ailleurs, le secteur privé a déjà relevé de lui-même les salaires de ses employés en livres et en dollars frais mais refuse de les déclarer à la CNSS.
Samir Saliba, membre du Rassemblement des chefs d’entreprise (RDCL) et propriétaire de MikeSport, qui s’exprimait dans le cadre d’un débat organisé par le Conseil économique et social (CES) sur la question de la CNSS, a résumé la position du patronat au sujet de la déclaration des salaires à la Caisse.

Il a notamment souligné que «le plus grand défi du patronat dans les circonstances que traverse le pays est la protection et la sauvegarde du capital humain, pilier de l’opérabilité de nos entreprises», insistant par ailleurs «qu’aucun organisme social ne peut rivaliser avec le patronat pour défendre les employés en proposant des avantages ou des concessions supplémentaires».
Pas de confiance dans la CNSS
«On n’a plus confiance dans la CNSS qui a dilapidé notre argent et celui de nos employés», a-t-il relevé, ajoutant que «toutes les grandes entreprises ont souscrit des polices d’assurance auprès de compagnies d’assurance privées en faveur de leurs employés».
Il a par ailleurs décrié les prestations de la CNSS qui sont défaillantes ainsi la corruption qui sévit au sein de cet établissement public, censé être «un établissement de service». «Certains fonctionnaires de la CNSS exigent deux millions de livres pour nous fournir un papier», a-t-il dit.
Selon lui, le patronat est en train de payer une sorte de «racket» à la CNSS. «Assurez-nous un service respectable et nous payerons nos dus à la CNSS, et ce, quel que soit le montant du salaire minimum et des autres tranches salariales.»   
Par ailleurs, on note que si le salaire minimum passe à 20 millions de livres, la tranche du salaire soumise aux prélèvements de la CNSS sera de 100 millions de livres.
En un mot comme en mille, l’augmentation de salaire n’est pas une fin en soi. Elle est une mesure temporaire en attendant une réforme structurelle qui sortirait le pays du cercle vertigineux de l’inflation.
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