Un cessez-le-feu à Gaza relancera-t-il la présidentielle libanaise?

Des responsables de la sécurité américains, français et arabes concernés par la guerre à Gaza ont déployé maints efforts pour un cessez-le-feu avant le mois du Ramadan, mais en vain. Parallèlement, les négociations se poursuivent avec une nouvelle proposition américaine pour ledit cessez-le-feu, en attendant la réponse du Hamas. Barbara Leaf, secrétaire d’État américaine adjointe pour les affaires du Proche-Orient, a souligné que son pays «œuvre pour un cessez-le-feu de six semaines à Gaza pour libérer les détenus et fournir de l'aide humanitaire». Avant d’ajouter: «Il n'est pas acceptable de mener une opération militaire à Rafah avant le transfert des civils vers des lieux sûrs».
Plus au nord, où la violence fait rage entre Israël et le Hezbollah depuis le 8 octobre, le Qatar cherche, selon des sources diplomatiques, une nouvelle formule de règlement après l'échec de l'initiative française pour la présidentielle libanaise bloquée depuis plus d’un an et demi. Paris avait proposé un compromis avec un président de la République issu de l'axe de la moumanaa (Hezbollah et ses alliés), un Premier ministre de l’opposition souverainiste et un gouvernement de technocrates pour une période définie afin de mettre en œuvre les réformes. Ces mesures visaient à restaurer la confiance du citoyen dans l’État et ses institutions, ainsi que la confiance extérieure dans un Liban souverain.
Le Qatar, quant à lui, a décidé d’adopter les critères établis par le Quintette pour choisir le président, et les forces politiques devraient assumer leurs responsabilités. Selon des sources bien informées, le président ne devrait pas relever d’une équipe ou d’un camp spécifique, ni être un président de défi pour le tandem Hezbollah-Amal. Il devrait entretenir de bonnes relations avec le Premier ministre, à qui il incombe la tâche de le choisir.
Selon certains cercles, une feuille de route sera présentée aux forces politiques pour élire un président, nommer un Premier ministre, former un gouvernement rapidement, régler la situation au Liban-Sud, commencer à mettre en œuvre les réformes demandées par le Fonds monétaire international et activer le rôle des donateurs pour aider le Liban.
Selon des milieux diplomatiques occidentaux, le cessez-le-feu à Gaza pourrait avoir un impact sur le front du Liban-Sud et ouvrir la voie à une réactivation de l'initiative présidentielle du Qatar, lancée il y a des mois et gelée par le déclenchement de la guerre à Gaza.

Il faut savoir que l'initiative qatarie bénéficie du soutien américain, car le déblocage de la présidentielle sera suivi d’un sauvetage économique du Liban. Partant, et en prévision de l'annonce du cessez-le-feu, les ambassadeurs des pays du Quintette se tournent vers les décideurs et les forces politiques, parfois en aparté, pour damer le terrain pour la période post-cessez-le-feu.
Par ailleurs, le bloc de la Modération nationale poursuit la seconde étape de son initiative, à savoir fixer la date de la réunion de consultation avant une session électorale. En réponse à ces développements, l'émissaire américain, Amos Hochstein, reviendrait au Liban pour stabiliser la situation au Sud, mettre en œuvre la résolution 1701 et fixer les 13 points frontaliers litigieux, dont le «B1» à Naqoura. En revanche, les fermes de Chebaa, Kfarchouba, et Ghajar ne font pas partie de sa mission, à laquelle a été ajouté le dossier présidentiel.
En prévision de ces données, une réunion serait prévue à Bkerké avec les chefs de partis et des forces chrétiens: les Forces Libanaises, le Courant patriotique libre, les Kataeb, les Marada et le chef du Mouvement de l'indépendance (Michel Moawad). Dans ce cadre, les FL ont remis en amont au patriarche Béchara Raï un document de huit pages avec une analyse de la situation, les constantes politiques chrétiennes et nationales, les objectifs et la feuille de route.
Dans les cercles FL, on affirme que ce document comporte des questions nécessitant des réponses, ainsi qu'un engagement et des garanties du tandem obstructionniste, et des assurances du Hezbollah. Et ce, pour éviter de retomber dans les mêmes crises à chaque élection présidentielle et formation de gouvernement, ce qui ne se produisait pas avant l'accord de Taëf.
Des sources proches des FL estiment que les événements qui se déroulent au Liban sont extrêmement dangereux. En effet, ils compromettent le partenariat et l'équilibre politique dans un contexte d'émigration importante, en particulier parmi les chrétiens qui doivent faire face à des agendas dictés par l'extérieur. Le fait de donner la priorité aux intérêts étrangers sur ceux du Liban porte atteinte au cœur de la coexistence dans le pays, laissant la prise de décision et l'autorité sous l'hégémonie des porteurs d'armes qui opèrent selon un agenda iranien.
La nécessité impérative de restructurer ce que l'on appelle la formule de coexistence afin de sauvegarder les caractéristiques uniques du Liban est également soulevée dans ces cercles. «Alors que nous plaidons pour un État et des institutions unifiés, le Hezbollah insiste pour avoir un candidat issu de son axe pro-iranien dans le cadre d'un accord de règlement pour la mise en œuvre de la résolution 1701».
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