Secteur immobilier: La grippe sans fin

 
Le secteur de l’immobilier va de mal en pis. L’offre et la demande sont plombées en l’absence de crédits bancaires et de vision d’avenir pour le pays. Les promoteurs dégagent vers d’autres cieux plus cléments. C’est la grippe sans fin.
«Parler d’investissements dans l’immobilier au Liban à l’heure actuelle est une plaisanterie de mauvais goût», confie à Ici Beyrouth un promoteur immobilier sous le couvert de l’anonymat. «Les grands placements dans le secteur de l’immobilier nécessitent une stabilité du cadre juridique et une garantie minimale de retour sur investissement», dit-il, ajoutant, «qu’il est normal que le promoteur ne veuille pas perdre de l’argent». Une lapalissade. «Le Liban est un pays en guerre même si le gouvernement fait l’autruche», souligne un vieux routier du courtage immobilier.
Estimation d’un bien
Selon lui, «le marché immobilier au Liban est un marché sans balises, sachant qu’à la base l’estimation du prix d’un bien immobilier n’est pas une science parfaite». Il s’explique en soulignant que personne n’est en mesure de donner un pourcentage approximatif justifié et valable de la valeur de marché des propriétés bâties en 2024 par rapport à celle qui était en vigueur avant le déclenchement de la crise multidimensionnel en octobre 2019. Tout est traité au cas par cas dans le secteur de l’immobilier.
Riches et pauvres
Désormais, le marché de l’immobilier est segmenté entre riches et pauvres. Les riches ont déjà acheté, ne vendent pas et n’investissent pas au pays en attendant que la situation se décante. Quant aux pauvres, ils n’achètent pas parce que tout simplement, ils n’en ont pas les moyens. Les crédits bancaires ont disparu et l’épargne est quasiment impossible dans les circonstances actuelles en raison de la dévaluation des salaires malgré la partie des émoluments versés en dollars frais et l’inflation galopante. Certes, acheter sans prêts permet de ne pas s’endetter. Mais, pour s’y faire, il faut que le potentiel acheteur ait une épargne conséquente.
Des prix cassés

La Banque de l’habitat a commencé d'accorder des prêts de l’ordre de 50.000 dollars. Mais, les conditions ne coulent pas de source. De plus, le postulant au prêt doit prévoir de s’installer bien loin de la capitale vu le montant modique du crédit.
Est-il toujours possible de faire de bonnes affaires? «Pas vraiment», souligne le courtier précité. Les biens immobiliers dont les prix sont cassés pour besoin de liquidités immédiates du propriétaire sont de moins en moins attractifs en termes d’éléments propres aux types de produit proposé, qui engendrent automatiquement une décote du prix de vente. 
Blanchiment d’argent
L’immobilier n’a jamais cessé d’être un moyen pour recycler l’argent sale au Liban comme ailleurs dans le monde. Mais, au pays du Cèdre, il représente moins de 9% du marché, selon divers experts, ce qui ne peut pas donner le pouls du marché.
Les étrangers achètent
Pour ce qui est des étrangers, la légère hausse des surfaces acquises par des non-Libanais de l’ordre de 1,76% entre fin 2019 et fin 2023 n’est en elle-même pas indicative. Elle résulte probablement de propriétés achetées avec des chèques de dollars bancaires ou d’enregistrement tardif des fonds immobiliers acquis dû à la fermeture des départements du cadastre.  
On connaît bien l’adage: quand le bâtiment va, tout va. Or, aujourd’hui, le bâtiment ne va pas bien…
 
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