Khalaf: la responsabilité de l’État, un droit et un devoir
Le secrétaire général de l'Association des banques du Liban, Fadi Khalaf, a estimé que «dans le contexte de crise financière que le Liban traverse, le rôle de l'État et de ses institutions financières dans l'aggravation de cette crise est mis en évidence». Et M. Khalaf de poursuivre: «Une série de mesures et d'actions contredisent les principes fondamentaux du droit international, y compris les principes des Nations unies concernant la responsabilité internationale des pays.»

Dans l’introduction du rapport mensuel de l'association intitulé «La responsabilité de l'État, même après un certain temps», M. Khalaf a rappelé que ces principes définissent le cadre dans lequel les États doivent œuvrer pour garantir la stabilité et l’ordre financiers et économiques, et certifient que les États portent l’entière responsabilité de tout échec à réglementer et à surveiller efficacement le système financier.

Par conséquent, «exiger que l'État soit tenu pour responsable n'est pas seulement un droit pour ceux qui sont touchés par cette crise, c'est aussi un devoir lié à la garantie de la justice et au rétablissement de la confiance dans le système financier», a-t-il affirmé. Avant d'ajouter: «Les personnes concernées doivent exiger que l'État paie son dû, même après un certain temps, et en même temps insister sur la mise en œuvre de réformes radicales qui empêchent la répétition de telles crises. Exiger de l'État est un droit et un devoir, afin que le droit ne soit pas perdu et que l'obligation soit mise en œuvre.»

M. Khalaf a insisté sur le fait qu'il faut «tenir l’État pour responsable afin que tout le monde sache que la crise est systémique et que l’État est le premier responsable du gaspillage massif des dépôts ».

Ainsi, chiffres à l’appui, il recense:

• Les pertes de la Banque du Liban jusqu'en 2020 se sont élevées à 51 milliards de dollars et sont à la charge de l'État, selon l'article 113 du Code de la monnaie et du crédit.


• La dette de l'État envers la Banque du Liban s'élève à 16,5 milliards de dollars.

• La Banque du Liban a dépensé environ 23 milliards de dollars pour soutenir la contrebande, les commerçants et la livre depuis le début de la crise grâce aux investissements obligatoires dans les banques.

• C'est l'État qui s'est abstenu de promulguer des lois qui empêchent l'enrichissement des emprunteurs aux dépens des déposants de 31 milliards de dollars.

M. Khalaf a assuré que les chiffres montrent que c'est«l’État, avec ses institutions, qui est responsable de la dissipation de plus de 121 milliards de dollars sur les 124 milliards déposés dans les banques à la veille du 17 octobre 2019».

Et M. Khalaf de conclure: «Il est vrai que personne ne s'attend à ce que l'État soit capable de compenser comme par magie ses atrocités, ni de vendre ses biens pour payer ses dettes aux banques et aux déposants, mais le citoyen espère au moins que lumière soit faite sur des solutions. Cela commence par la reconnaissance par l'État de sa responsabilité dans la crise systémique qu'il a provoquée, de sorte qu'il recherche des plans possibles. L'État rejette les conséquences de ses crimes sur les banques et les déposants pour échapper à ses responsabilités et adopter une politique de la terre brûlée. Obscurcir les faits détruirait l’ensemble du secteur bancaire et éliminerait tout espoir de récupérer les dépôts.»
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