Maryse Condé, figure emblématique de la littérature francophone, s’est éteinte à l’âge de 90 ans, laissant derrière elle un héritage littéraire riche et diversifié, explorant l’histoire et l’identité noire.
Née en 1934 en Guadeloupe, Maryse Condé grandit dans une famille où le français prime sur le créole. Ce n’est qu’à son arrivée à Paris, à l’âge de 19 ans, qu’elle prend conscience de sa couleur de peau et de son appartenance à un autre monde. Sa rencontre avec Aimé Césaire est un tournant décisif dans sa quête identitaire.
Mère célibataire, elle épouse Mamadou Condé et part vivre en Guinée, pays fraîchement indépendant. Malgré ses efforts, elle ne parvient pas à devenir africaine et ressent un fossé entre les Antillais et les Africains. Son mariage échoue, elle fuit au Ghana puis au Sénégal, où elle rencontre son deuxième mari, Richard Philcox, qui deviendra son traducteur.
C’est à 42 ans, après des années d’épreuves en Afrique, que Maryse Condé commence à écrire. Son premier roman, Hérémakhonon, paraît en 1976. Suivront Ségou (1984-1985), un best-seller sur l’empire bambara au dix-neuvième siècle, Moi, Tituba, sorcière noire de Salem (1986) et La Vie scélérate (1987), témoignant de sa volonté de réhabiliter l’image des Noirs et de retrouver ses origines.
Avec Traversée de la mangrove (1989), Célanire cou-coupé (2000) ou Histoire de la femme cannibale (2005), elle délaisse les reconstitutions historiques. Installée à New York, elle enseigne à Columbia University une «littérature en français qui ne parle pas de la France» et acquiert une grande notoriété outre-Atlantique.
Maryse Condé refuse tout sentiment de fierté régionale, raciale ou communautaire, affirmant que l’endroit d’où l’on vient importe peu, seul compte le peuple que l’on est devenu et la culture que l’on a à présenter au monde. Après la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité en 2001, elle préside, en France, le comité pour la mémoire de l’esclavage.
Atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle se retire en Provence à 80 ans et dicte son dernier livre, L’Évangile du nouveau monde, une réécriture du Nouveau Testament se déroulant en Guadeloupe.
Malgré plusieurs citations pour le Nobel de Littérature, Maryse Condé n’avait jusqu’alors jamais été distinguée. En 2018, elle remporte le «Nouveau prix de littérature» à Stockholm, un substitut au Nobel reporté cette année-là.
À travers son œuvre, Maryse Condé a exploré avec finesse et sensibilité les thèmes de l’identité noire, de l’esclavage et de la diversité des cultures. Son écriture, empreinte d’humanité et de lucidité, a marqué la littérature francophone et laisse un héritage inestimable aux générations futures.
Avec AFP
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