Les relations entre Beyrouth et Nicosie ne sont pas au beau fixe. Chypre a récemment appelé l’Union européenne à intervenir pour l’aider à endiguer les flux incessants de migrants clandestins syriens qui accèdent à l’île depuis le Liban. Chypre réclame que les aides européennes au pays du Cèdre contribuent à mettre fin à ces opérations.
D’après le ministre chypriote de l’Intérieur, Konstantinos Ioannou, «la situation va de mal en pis, plusieurs réfugiés étant arrivés sur l’île à bord d’embarcations de fortune qui mettent leur vie en péril».
Selon certaines informations publiées par l’agence Reuters, «ce sont plus de 600 individus qui sont récemment arrivés à Chypre, encouragés par des conditions climatiques favorables qui les incitent à effectuer ce voyage en mer de 10 heures uniquement, depuis les côtes syriennes ou libanaises».
Le dossier était également à l’ordre du jour, lors d’un entretien entre le président chypriote, Níkos Christodoulídis, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
M. Christodoulídis a relevé, au cours de cette conversation, la responsabilité du Liban qui doit mettre fin à ce phénomène.
D’après des rapports officiels à Chypre, plus de 2.000 individus, qui ont fait le voyage en mer, ont trouvé refuge sur l’île durant les trois premiers mois de l’année, contre 78 uniquement durant le premier trimestre de 2023.
Au sein du gouvernement libanais, on a rejeté cependant en bloc les accusations selon lesquelles les autorités du pays seraient en train de faciliter le départ des migrants. De sources autorisées, on a indiqué que les forces de sécurité sont récemment parvenues à empêcher des dizaines de Syriens de rejoindre les côtes chypriotes à bord de cinq embarcations de fortune. L’une d’elles a été interceptée par la Marine libanaise à quelques mètres de son point de départ, non loin de Tripoli, au Liban-Nord.
À en croire les mêmes sources, les autorités libanaises, en charge de ce dossier, déploient tous les efforts nécessaires pour freiner cette immigration, mais elles sont incapables de jouer le rôle de gendarme au service de Chypre.
Il faut aussi savoir que la Marine libanaise évite parfois d’intervenir au large, surtout si la mer est démontée, pour éviter que les embarcations dans lesquelles se tassent des migrants fassent naufrage et qu’il y ait des victimes, comme cela avait été le cas en août 2022, lorsque des dizaines de migrants avaient trouvé la mort à la suite du naufrage du bateau qui les emmenait vers l’Europe.
Selon des sources officielles libanaises, c’est le retour du beau temps qui favorise le départ de clandestins par voie maritime. Le phénomène risque même de gagner en ampleur. D’après celles-ci, le problème ne concerne pas seulement Chypre, mais se pose aussi entre le Liban et l’Union européenne qui empêche Beyrouth de renvoyer chez eux les migrants syriens, sous prétexte de l’insécurité dans le pays.
Ce dossier a négativement affecté les relations entre le Liban et Chypre, à l’heure où le pays du Cèdre est à la traîne dans la délimitation des frontières maritimes communes, alors qu’il avait finalisé ce dossier avec Israël. Des responsables libanais s’étaient pourtant engagés – auprès de délégués chypriotes en visite au Liban au lendemain de l’accord du 31 octobre 2022 avec Tel-Aviv – à reprendre, «en l’espace de quelques jours», les pourparlers avec Nicosie au sujet des frontières maritimes. La promesse n’a cependant pas été tenue.
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