- Accueil
- Guerre au Moyen-Orient
- Bruits de bottes et guerre des mots entre Israël et l'Iran
©(Atta KENARE, AFP)
Depuis l'attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas, le premier avril, la surenchère verbale entre les deux pays n'en finit pas. Tandis que des responsables américains craignent une riposte imminente, les appels au calme se multiplient à travers le monde.
Depuis l'attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas, qui a fait 16 morts, parmi lesquels sept membres du corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), l'Iran n'en finit pas dans la surenchère contre l'État hébreu.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait menacé le 2 avril qu'Israël serait «puni» après cette frappe. Il a depuis réitéré ses menaces le 10 avril, tout en étant repris par plusieurs de ses subordonnés.
Une source familière avec le dossier a ainsi déclaré jeudi au Wall Street Journal qu'une attaque provenant d'Iran et visant le nord ou le sud d'Israël était attendue dans les 24 à 48 heures à venir. De plus, vendredi, deux responsables américains ont déclaré à la chaîne CBS s'attendre à une attaque iranienne contre Israël le jour même, avec «plus de 100 drones et des dizaines de missiles».
Les spéculations vont bon train quant à la forme que prendrait la réponse iranienne. Parmi les hypothèses évoquées, celle d'une attaque visant directement le territoire israélien reste la plus préoccupante pour les États-majors israélien et américain. Selon le Wall Street Journal, le CGRI a déjà présenté plusieurs options à M. Khamenei. Parmi elles, celle rapportée par CBS.
L'origine en demeure néanmoins spéculative: ceux-ci pourraient être lancés d'Irak, du Liban-Sud, du Yémen, de Syrie ou même directement depuis le territoire iranien – voire depuis plusieurs endroits simultanément. À noter que Damas a catégoriquement réfuté toute riposte réalisée depuis son sol.
Pour autant, la riposte iranienne pourrait ne pas se manifester sur le territoire israélien, mais sur ses intérêts à l'étranger. Les représentations diplomatiques israéliennes et autres instances analogues constituent là des cibles de choix pour une réponse «adaptée» à l'attaque du 1ᵉʳ avril. Cela pourrait aussi entraîner une attaque contre le dispositif militaire israélien à l'étranger.
Quelle que soit la forme de cette réponse, les responsables israéliens et américains ont affiché leur unité face à celle-ci. Mercredi 10 avril, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, puis le président Joe Biden ont successivement réaffirmé leur soutien à Israël face aux menaces iraniennes.
Des déclarations depuis suivies par d'autres. Un responsable américain cité par Al-Jazeera a indiqué mercredi, sous couvert d'anonymat, que les États-Unis aideraient à intercepter les roquettes ou les drones iraniens contre Israël. Il a notamment précisé que Washington pourrait aider Israël à répondre à toute attaque directe de l'Iran, bien que les détails ne soient pas clairs.
En parallèle, le responsable du commandement américain pour le Moyen-Orient (US Centcom), le général Michael Kurilla, est arrivé jeudi en Israël. Sa présence doit permettre aux deux pays de coordonner leur action face à la menace iranienne.
Il faut préciser qu'Israël a déjà attaqué l'Iran directement sur son territoire plusieurs fois, notamment en assassinant plusieurs scientifiques en lien avec le programme nucléaire de Téhéran, entre 2010 et 2020.
Dans l'attente d'une potentielle réponse iranienne, l'espace médiatique reste le terrain d'affrontement favori des différents protagonistes. De son côté, l'Iran persiste dans ses menaces en public.
«Les consulats et les ambassades de n'importe quel pays sont considérés comme le territoire de ce pays. En attaquant notre consulat, ils ont attaqué notre territoire», a notamment déclaré M. Khamenei mercredi, cité par l'agence de presse Mehr.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé la 11 avril sur X que «la légitime défense avec pour objectif de punir l'agresseur devient une nécessité», en réponse à l'attaque de Damas, dans le sillage d'un appel avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Des menaces qui ne sont pas restées sans réponse. «Si l'Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l'Iran», a notamment répondu en persan le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, le 10 avril, après la dernière sortie du guide suprême iranien.
«Quiconque nous fait du mal, nous lui ferons du mal». «Nous sommes prêts à répondre à tous les besoins de sécurité de l'État d'Israël, tant sur le plan défensif qu'offensif», a pour sa part déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.
Enfin, la Maison blanche a indiqué jeudi avoir «mis en garde» l'Iran, tandis que le secrétaire d'État, Antony Blinken, s'est entretenu par téléphone avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur Téhéran contre toute attaque visant Israël, selon le département d'État.
Dans les faits, l'escalade verbale sur le champ médiatique cache une réalité beaucoup plus timorée, avec une volonté manifeste de désescalade. Derrière les mises en gardes américaines et les gesticulations iraniennes, les deux camps ont ouvert des canaux indirects pour apaiser la situation, selon un responsable américain sous couvert d'anonymat.
Du côté iranien, M. Khamenei craint qu'une frappe directe sur Israël n'aboutisse à un résultat erroné, si Israël lance une attaque massive contre les infrastructures iraniennes. «Le plan d'attaque a été présenté au Guide suprême et il en étudie le risque politique».
L'exemple de l'appel passé par Mme Baerbock à M. Amir-Abdollahian, dans lequel elle a exhorté Téhéran à faire preuve de retenue, s'incrit dans cette dynamique. Les États-Unis espèrent ainsi que ce ballet diplomatique pourrait, avec les messages forts de solidarité et de soutien à Israël, encore dissuader Téhéran de passer à l'action. D'autres acteurs non liés à Washington, à l'image du Kremlin, ont appelé à une baisse des tensions.
Quelques éléments laissent toutefois penser que l'Iran a pris la mesure des mises en garde américaines. Lors de sa visite à Oman, le 7 avril, M. Amir-Abdollahian a transmis à Washington un message selon lequel l'Iran n'agirait pas dans la précipitation, mais répondrait à l'attaque d'Israël de manière à éviter une escalade majeure, a rapporté Reuters. Un autre élément qui conforte cette idée réside dans la prochaine visite du chef de la diplomatie iranienne au siège des Nations unies, à New York, la semaine prochaine, jusqu'à présent maintenue.
Par ailleurs, la justice argentine a reconnu vendredi que l'Iran est l'instigateur, par le biais du Hezbollah, des attentats commis contre l’ambassade d’Israël en 1992 et la mutuelle israélienne AMIA à Buenos Aires, en 1994. Une annonce qui ressemble à une pression supplémentaire contre la République islamique au niveau diplomatique, le dirigeant argentin actuel, Javier Milei, ne cachant pas sa sympathie pour Israël.
Depuis l'attaque israélienne contre le consulat iranien à Damas, qui a fait 16 morts, parmi lesquels sept membres du corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), l'Iran n'en finit pas dans la surenchère contre l'État hébreu.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait menacé le 2 avril qu'Israël serait «puni» après cette frappe. Il a depuis réitéré ses menaces le 10 avril, tout en étant repris par plusieurs de ses subordonnés.
Une source familière avec le dossier a ainsi déclaré jeudi au Wall Street Journal qu'une attaque provenant d'Iran et visant le nord ou le sud d'Israël était attendue dans les 24 à 48 heures à venir. De plus, vendredi, deux responsables américains ont déclaré à la chaîne CBS s'attendre à une attaque iranienne contre Israël le jour même, avec «plus de 100 drones et des dizaines de missiles».
Quelle pourrait être la forme de cette réponse?
Les spéculations vont bon train quant à la forme que prendrait la réponse iranienne. Parmi les hypothèses évoquées, celle d'une attaque visant directement le territoire israélien reste la plus préoccupante pour les États-majors israélien et américain. Selon le Wall Street Journal, le CGRI a déjà présenté plusieurs options à M. Khamenei. Parmi elles, celle rapportée par CBS.
L'origine en demeure néanmoins spéculative: ceux-ci pourraient être lancés d'Irak, du Liban-Sud, du Yémen, de Syrie ou même directement depuis le territoire iranien – voire depuis plusieurs endroits simultanément. À noter que Damas a catégoriquement réfuté toute riposte réalisée depuis son sol.
Pour autant, la riposte iranienne pourrait ne pas se manifester sur le territoire israélien, mais sur ses intérêts à l'étranger. Les représentations diplomatiques israéliennes et autres instances analogues constituent là des cibles de choix pour une réponse «adaptée» à l'attaque du 1ᵉʳ avril. Cela pourrait aussi entraîner une attaque contre le dispositif militaire israélien à l'étranger.
Réplique américano-israélienne
Quelle que soit la forme de cette réponse, les responsables israéliens et américains ont affiché leur unité face à celle-ci. Mercredi 10 avril, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, puis le président Joe Biden ont successivement réaffirmé leur soutien à Israël face aux menaces iraniennes.
Des déclarations depuis suivies par d'autres. Un responsable américain cité par Al-Jazeera a indiqué mercredi, sous couvert d'anonymat, que les États-Unis aideraient à intercepter les roquettes ou les drones iraniens contre Israël. Il a notamment précisé que Washington pourrait aider Israël à répondre à toute attaque directe de l'Iran, bien que les détails ne soient pas clairs.
En parallèle, le responsable du commandement américain pour le Moyen-Orient (US Centcom), le général Michael Kurilla, est arrivé jeudi en Israël. Sa présence doit permettre aux deux pays de coordonner leur action face à la menace iranienne.
Il faut préciser qu'Israël a déjà attaqué l'Iran directement sur son territoire plusieurs fois, notamment en assassinant plusieurs scientifiques en lien avec le programme nucléaire de Téhéran, entre 2010 et 2020.
La surenchère médiatique enfle
Dans l'attente d'une potentielle réponse iranienne, l'espace médiatique reste le terrain d'affrontement favori des différents protagonistes. De son côté, l'Iran persiste dans ses menaces en public.
«Les consulats et les ambassades de n'importe quel pays sont considérés comme le territoire de ce pays. En attaquant notre consulat, ils ont attaqué notre territoire», a notamment déclaré M. Khamenei mercredi, cité par l'agence de presse Mehr.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé la 11 avril sur X que «la légitime défense avec pour objectif de punir l'agresseur devient une nécessité», en réponse à l'attaque de Damas, dans le sillage d'un appel avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Des menaces qui ne sont pas restées sans réponse. «Si l'Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l'Iran», a notamment répondu en persan le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, le 10 avril, après la dernière sortie du guide suprême iranien.
«Quiconque nous fait du mal, nous lui ferons du mal». «Nous sommes prêts à répondre à tous les besoins de sécurité de l'État d'Israël, tant sur le plan défensif qu'offensif», a pour sa part déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.
Enfin, la Maison blanche a indiqué jeudi avoir «mis en garde» l'Iran, tandis que le secrétaire d'État, Antony Blinken, s'est entretenu par téléphone avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur Téhéran contre toute attaque visant Israël, selon le département d'État.
Derrière les gesticulations, les appels au calme
Dans les faits, l'escalade verbale sur le champ médiatique cache une réalité beaucoup plus timorée, avec une volonté manifeste de désescalade. Derrière les mises en gardes américaines et les gesticulations iraniennes, les deux camps ont ouvert des canaux indirects pour apaiser la situation, selon un responsable américain sous couvert d'anonymat.
Du côté iranien, M. Khamenei craint qu'une frappe directe sur Israël n'aboutisse à un résultat erroné, si Israël lance une attaque massive contre les infrastructures iraniennes. «Le plan d'attaque a été présenté au Guide suprême et il en étudie le risque politique».
L'exemple de l'appel passé par Mme Baerbock à M. Amir-Abdollahian, dans lequel elle a exhorté Téhéran à faire preuve de retenue, s'incrit dans cette dynamique. Les États-Unis espèrent ainsi que ce ballet diplomatique pourrait, avec les messages forts de solidarité et de soutien à Israël, encore dissuader Téhéran de passer à l'action. D'autres acteurs non liés à Washington, à l'image du Kremlin, ont appelé à une baisse des tensions.
Quelques éléments laissent toutefois penser que l'Iran a pris la mesure des mises en garde américaines. Lors de sa visite à Oman, le 7 avril, M. Amir-Abdollahian a transmis à Washington un message selon lequel l'Iran n'agirait pas dans la précipitation, mais répondrait à l'attaque d'Israël de manière à éviter une escalade majeure, a rapporté Reuters. Un autre élément qui conforte cette idée réside dans la prochaine visite du chef de la diplomatie iranienne au siège des Nations unies, à New York, la semaine prochaine, jusqu'à présent maintenue.
Par ailleurs, la justice argentine a reconnu vendredi que l'Iran est l'instigateur, par le biais du Hezbollah, des attentats commis contre l’ambassade d’Israël en 1992 et la mutuelle israélienne AMIA à Buenos Aires, en 1994. Une annonce qui ressemble à une pression supplémentaire contre la République islamique au niveau diplomatique, le dirigeant argentin actuel, Javier Milei, ne cachant pas sa sympathie pour Israël.
Lire aussi
Commentaires