À l'avant-garde des progrès médicaux, la conférence de l'Ircad au Liban, en collaboration avec le CHU de Montpellier, a exploré les actualités médico-chirurgicales dans le domaine des pathologies digestives.
L'hôpital français du Levant a organisé, samedi, une journée d'actualités médico-chirurgicales en collaboration avec l'Ircad International (l’Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif) et le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier. L'évènement était placé sous l’égide du ministre sortant de la Santé publique, Firas Abiad, et plusieurs personnalités ont assisté à la cérémonie d’ouverture, dont notamment le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari.
Aux origines de l’Ircad
C’est au cœur de l'Alsace, entre les rues pavées et les maisons à colombages de Strasbourg, que le professeur Jacques Marescaux, médecin et chirurgien hospitalier français, a fondé, en 1994, l’Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif.
Devenu très vite un lieu de référence en matière de chirurgie mini-invasive et leader mondial de la robotique chirurgicale, l’Ircad n’a pas tardé à ouvrir des antennes dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, au Taïwan, au Brésil, au Liban, en Chine et au Rwanda.
Dans une interview accordée à Ici Beyrouth, avant le coup d’envoi de la conférence de samedi, le PDG de l’Hôpital français universitaire du Levant (jumelé avec l’hôpital de Montpellier), le Dr Antoine Maalouf, explique d’emblée que c’est «l’efficacité du système médical libanais qui a poussé le professeur le fondateur de l’Ircad à choisir la capitale libanaise pour y ouvrir son cinquième centre».
«C’est en 2018, à l’occasion d’un congrès médical à Beyrouth, que le professeur Marescaux a choisi le Liban comme siège du centre régional de l’Ircad pour le Moyen-Orient. Il a ainsi préféré la simplicité, mais aussi l’efficacité du système médical libanais, à l’argent des pays du Golfe», souligne-t-il.
«C’était une récompense formidable pour le travail et les efforts du Dr Elie Abboud (ancien praticien des hôpitaux de Narbonne et ancien député de l’Hérault) conjugués aux miens», ajoute le Dr Maalouf, rappelant que «l’Ircad s’est implanté au Liban en janvier 2019, quelques mois avant le soulèvement populaire du 17 octobre». «À l’époque, se souvient-il, nous avions dû nous frayer un chemin entre les manifestants qui avaient bloqué les routes pour faire parvenir le robot et des équipements à l’hôpital».
Dans son allocution durant la séance inaugurale, le Dr Maalouf a insisté sur ses liens avec ses partenaires français. Il a ensuite cédé la parole au ministre Makari qui a assuré que des efforts «sérieux étaient déployés afin de remettre le Liban sur la carte du tourisme médical régional».
Une vidéo de Jacques Marescaux (qui a eu un empêchement de dernière minute) a été ensuite diffusée, dans laquelle ce dernier a retracé l'évolution de l'Ircad dans le monde. Le Pr Marescaux a aussi mis l’accent sur le rôle de l’Ircad qui vise, a-t-il dit, à favoriser l’intégration, dans une même salle d’opération, de technologies informatisées permettant d’augmenter la sécurité, l’efficacité et la précision du geste chirurgical. Cette révolution technique facilite l’amélioration des performances du chirurgien, depuis la visibilité lors de l’opération jusqu’à la précision de la main lors du geste médical.
Greffe hépatique, tumeurs, chirurgie hépatobiliaire et IA
Tour à tour, les intervenants ont exposé les avancées dans des domaines liés à la chirurgie. Le professeur Francis Navarro, chef de service au CHU de Montpellier et responsable du service de chirurgie digestive B et Transplantation est le premier à prendre la parole. Sommité européenne et mondiale, il est également responsable de l'équipe médicale de chirurgie hépatique, biliaire, pancréatique et de transplantation. Rien que ça!
Dans une présentation bien maîtrisée, il s’est penché sur des sujets cruciaux, tels que la greffe hépatique à partir de donneurs vivants, laquelle constitue une lueur d'espoir pour les patients libanais. La présentation a été suivie d’une discussion et de questions-réponses entre les médecins libanais et l’intervenant.
Le Pr Ibrahim Dagher, chirurgien viscéral et digestif franco-libanais, a ensuite parlé de la chirurgie hépatobiliaire mini-invasive qui promet de nouvelles perspectives dans le domaine des approches chirurgicales modernes.
Les avancées au niveau du diagnostic et de la prise en charge des tumeurs endocrines sporadiques du pancréas ont ensuite été abordées par le Dr Isabelle Raingeard, avant que celle-ci passe le relais au Pr Laurent Palazzo. Ce dernier a présenté les dernières avancées dans l'utilisation de l'écho endoscopique dans la gestion des tumeurs kystiques du pancréas.
La conférence s'est achevée sur une note futuriste avec une présentation du Pr Joe Abou Jaoude sur l'apport de l'intelligence artificielle dans le diagnostic des maladies digestives.
Chirurgie digestive du futur
L'histoire de la médecine au Liban remonte à des millénaires. Elle trouve ses racines dans les civilisations antiques qui ont peuplé la région. Les phéniciens, réputés pour leur ingéniosité maritime, ont laissé un héritage médical remarquable, mettant en place des systèmes de santé avancés et des pratiques médicales sophistiquées. Cette tradition de soins médicaux de haute qualité perdure jusqu'à nos jours, faisant du Liban un foyer de la recherche et de l'innovation en médecine. Le succès de cette journée l’a encore prouvé.
Véritable bastion de l'innovation médicale, en grand vaisseau qu'il est, l’Ircad est en train de façonner l'avenir de la chirurgie digestive à l'échelle mondiale grâce à ses sept centres. Le Liban est à bord et maintient le cap. Les forces de l’ombre auront beau tenter d'empêcher son progrès, rien n’y fera. Bien ancré dans cette région du monde, le Liban restera, envers et contre tous, un pays phare du Moyen-Orient.
C’est bien-là son rôle.
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