Google a récemment célébré la vie et l’œuvre de feu l’artiste et écrivaine libano-américaine Etel Adnan avec un Doodle émouvant, mettant en lumière son impact profond sur l’art et la littérature du XXe siècle.
Le Google Doodle dévoilé le 15 avril capture magnifiquement l’essence de la carrière multiforme d’Etel Adnan. L’illustration dépeint Adnan à son bureau, pinceau à la main, entourée de ses emblématiques paysages abstraits et des œuvres écrites qui ont fait d’elle un géant littéraire.
Née à Beyrouth, en 1925, d’une mère grecque et d’un père syrien, Adnan a absorbé dès son plus jeune âge un mélange cosmopolite de cultures et de langues qui allait façonner sa vision artistique unique. Elle commence sa carrière comme écrivaine, signant plus d’une douzaine de recueils de poésie, d’essais et de romans acclamés qui abordent les thèmes de la guerre, de l’identité, du féminisme et du monde arabe.
Mais c’est durant son séjour en Californie, à la fin des années 1950, où elle enseigne la philosophie, qu’Adnan découvre sa passion pour la peinture. Inspirée par les collines et les horizons baignés de lumière de l’Ouest américain, elle commence à créer de vibrantes compositions abstraites aux blocs de couleurs audacieux appliqués directement au tube. Le mont Tamalpais, visible de sa maison de Sausalito, devient un motif central qu’elle peindra de mémoire pendant des décennies, chaque représentation unique.
L’œuvre littéraire la plus célèbre d’Adnan, le roman Sitt Marie-Rose, publié en 1978, capture avec force le traumatisme de la guerre civile libanaise à travers la véritable histoire d’une femme assassinée pour son activisme politique. Le livre remporte le prix France-Pays Arabes et est considéré comme un classique de la littérature de guerre, consacrant Adnan comme voix majeure de sa génération.
Le processus artistique d’Adnan transcende les frontières entre peinture, poésie et prose. Ses leporellos, livres d’artiste pliés en accordéon, combinant peintures et calligraphie arabe, deviennent une forme de signature qui lui permet de maîtriser une langue qui n’est pas sa langue maternelle. Les tapisseries inspirées des tapis persans de son enfance sont une autre façon pour elle de se connecter à ses racines et d’élargir la définition de l’art.
Tant dans ses peintures que dans ses écrits, Adnan cherche à transmettre un sentiment de connexion cosmique et d’amour pour le monde dans toute sa beauté et sa tragédie. «Je ne crois pas en l’Orient et l’Occident», a-t-elle un jour déclaré. «Je crois en un monde global où nous pouvons tous nous rencontrer». Ses œuvres, caractérisées par une pureté méditative de la concentration, étaient sa manière, selon ses propres mots, de «refléter mon immense amour pour le monde, le bonheur d’être simplement, pour la nature et les forces qui façonnent un paysage».
Bien qu’Adnan ait exposé à l’international depuis les années 1960, une reconnaissance à grande échelle pour son art visuel n’est venue que plus tard dans sa vie, lorsqu’elle a été incluse dans la Documenta 13, en 2012, à l’âge de 87 ans. De grands musées comme le Guggenheim, la Tate et le Centre Pompidou se sont mis à acquérir et à exposer son travail. Le Google Doodle rend un hommage approprié à cet épanouissement tardif de sa renommée.
Lorsque Adnan s’est éteinte à Paris, en 2021, à l’âge de 96 ans, le monde a perdu une artiste visionnaire dont la vie et l’œuvre ont transcendé les frontières, les cultures et les disciplines artistiques. Cependant, son héritage perdure à travers ses peintures et ses écrits – monuments intemporels à la capacité de l’esprit humain à l’empathie, à la résilience et à l’amour. Comme l’illustre avec émotion le Google Doodle, «l’amour cosmique» d’Etel Adnan pour le monde continue de résonner, nous invitant à élargir nos cercles de compréhension et de connexion.
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