Chaque semaine, nous vous proposons d’explorer une citation marquante d’un grand psychanalyste, pour en révéler toute la profondeur et la richesse. Ces formules lapidaires, souvent provocantes, ouvrent des perspectives inédites sur les méandres de la psyché humaine. En décryptant ces citations avec rigueur et pédagogie, nous vous invitons à un voyage passionnant au cœur de la pensée psychanalytique, pour mieux comprendre nos désirs, nos angoisses et nos relations aux autres. Prêts à plonger dans les eaux profondes de l’inconscient ?
Sigmund Freud nous invite à une profonde réflexion avec sa citation : «Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort !» Pour le psychanalyste, la mort est au cœur même de la vie psychique. C’est dans Au-delà du principe de plaisir qu’il introduit le concept de pulsion de mort. Selon lui, dans chaque être humain, existe une tendance fondamentale à retourner à un état antérieur, inorganique, qui s’oppose aux pulsions de vie (Éros). Cette pulsion de mort (Thanatos) se manifeste par une compulsion de répétition, une tendance à la destruction de l’autre et de soi. Ces pulsions sont présentes dès le début de la vie : notre naissance marque le début du voyage vers la mort. C’est en acceptant cette réalité que nous pourrons vivre pleinement notre existence.
Par sa citation, Freud nous encourage à faire face à la mort, à la mettre en mots, à ne pas nous la cacher ni à nous-mêmes ni aux autres, fussent nos enfants, comme c’est malheureusement souvent le cas dans notre culture. Accepter la mort, c’est avant tout accepter cette part d’ombre en nous, cette force qui nous pousse vers le néant. C’est reconnaître que nous sommes habités par des pulsions contradictoires, que notre psychisme est le théâtre d’un conflit permanent entre Éros et Thanatos. En refusant de voir cette réalité, nous nous condamnons à vivre dans l’illusion, c’est-à-dire dans le déni de notre vulnérabilité et de notre propre finitude.
On ne peut donc détacher la mort de la vie et par conséquent du désir, conçu non comme un besoin à satisfaire, mais comme cette chose indestructible enfouie en notre inconscient. C’est parce que nous sommes des êtres de désir que nous sommes confrontés à la mort puisqu’il n’y a de désir que sur fond de perte, de manque, de la séparation d’avec l’objet premier de notre amour. Et c’est cette expérience fondatrice de la perte qui introduit la mort dans notre vie psychique, qui nous fait prendre conscience de notre fragilité humaine et de notre mortalité.
Accepter la mort, c’est donc aussi accepter la perte, le manque, la castration symbolique. C’est renoncer à l’illusion de la toute-puissance, à la croyance en notre immortalité. C’est faire le deuil de l’objet perdu, de la complétude originelle, pour accéder à notre désir propre, à notre subjectivité. Accepter la mort, c’est, très tôt, entreprendre de faire la traversée de la souffrance et de la perte pour pouvoir réinvestir la vie. C’est renoncer à la domination du fantasme pour s’ouvrir à la réalité de l’autre, à la rencontre avec l’altérité.
Autrement, le refus de la mort peut prendre des formes pathologiques, comme la mélancolie ou la manie. Le mélancolique, incapable de faire le deuil de l’objet perdu, s’identifie à lui et retourne contre lui-même la haine qu’il lui vouait. Le maniaque, quant à lui, dénie la perte et la mort en s’abandonnant à une jouissance effrénée, en niant toute limite.
À son tour, Jacques Lacan, dans son retour à Freud, a placé la mort au cœur de sa théorie du sujet. Pour lui, le sujet naît de la rencontre avec le symbolique, avec le langage qui le divise et le détermine. Mais cette rencontre est aussi une rencontre avec la mort, car le signifiant est porteur d’une négativité radicale, d’un manque à être qui habite le sujet. Accepter la mort, c’est ainsi accepter cette division subjective, cette béance qui nous constitue. C’est renoncer à l’illusion d’un Moi fort et autonome pour assumer notre dépendance à l’Autre, au désir de l’Autre. C’est faire le deuil de l’unique pour accéder à la dimension du deux, de l’altérité, de la différence, de la castration symbolique. Nous sommes des « parlêtres », dit Lacan, des êtres de langage, donc des sujets désirants et mortels, déterminés par nos pulsions inconscientes.
Alors, si nous voulons vraiment supporter la vie, si nous voulons être libres et responsables de notre désir, il nous faut accepter la mort comme une donnée structurelle de notre existence, il nous faut traverser le fantasme pour nous ouvrir à la contingence du réel, à la rencontre toujours singulière avec l’autre.
Paradoxalement, c’est en acceptant notre finitude et notre manque à être que nous pouvons accéder à notre désir le plus intime, à ce qui fait de nous des sujets uniques et irremplaçables. Et c’est en faisant ce pas vers l’inconnu que nous pouvons espérer une vie plus authentique, plus intense.
Or, qu’observons-nous par le monde ? Le culte de la consommation effrénée, addictive, que la société nous offre comme un moyen de fuir la réalité de la mort, en se lançant dans des achats compulsifs avec l’illusion d’être, de cette façon, vivants et heureux. La recherche du plaisir immédiat, des distractions constantes servant de mécanismes d’évitement face à l’angoisse existentielle. Le déni de l’existence de la pulsion de mort en privilégiant l’instant présent, en ne se fixant que sur le «positif». Certains appellent cela résilience !
Dégrader nous-mêmes notre environnement et détruire notre planète : qu’est-ce donc sinon laisser libre cours à l’œuvre de la pulsion de mort ?
Tout près de nous, une guerre n’en finit pas de nous terroriser, une guerre où l’adversaire est déshumanisé, identifié comme étant moins qu’humain que son attaquant. Toute guerre est la manifestation extrême de la pulsion de mort : elle porte en son essence la destruction non seulement de l’autre, mais de soi, de sa propre humanité.
Alors, osons regarder la mort en face, osons l’apprivoiser avec les outils que nous offre la psychanalyse. Car c’est en faisant ce travail sur nous-mêmes que nous pourrons vraiment nous sentir vivants, libres, créatifs et humains.
Sigmund Freud nous invite à une profonde réflexion avec sa citation : «Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort !» Pour le psychanalyste, la mort est au cœur même de la vie psychique. C’est dans Au-delà du principe de plaisir qu’il introduit le concept de pulsion de mort. Selon lui, dans chaque être humain, existe une tendance fondamentale à retourner à un état antérieur, inorganique, qui s’oppose aux pulsions de vie (Éros). Cette pulsion de mort (Thanatos) se manifeste par une compulsion de répétition, une tendance à la destruction de l’autre et de soi. Ces pulsions sont présentes dès le début de la vie : notre naissance marque le début du voyage vers la mort. C’est en acceptant cette réalité que nous pourrons vivre pleinement notre existence.
Par sa citation, Freud nous encourage à faire face à la mort, à la mettre en mots, à ne pas nous la cacher ni à nous-mêmes ni aux autres, fussent nos enfants, comme c’est malheureusement souvent le cas dans notre culture. Accepter la mort, c’est avant tout accepter cette part d’ombre en nous, cette force qui nous pousse vers le néant. C’est reconnaître que nous sommes habités par des pulsions contradictoires, que notre psychisme est le théâtre d’un conflit permanent entre Éros et Thanatos. En refusant de voir cette réalité, nous nous condamnons à vivre dans l’illusion, c’est-à-dire dans le déni de notre vulnérabilité et de notre propre finitude.
On ne peut donc détacher la mort de la vie et par conséquent du désir, conçu non comme un besoin à satisfaire, mais comme cette chose indestructible enfouie en notre inconscient. C’est parce que nous sommes des êtres de désir que nous sommes confrontés à la mort puisqu’il n’y a de désir que sur fond de perte, de manque, de la séparation d’avec l’objet premier de notre amour. Et c’est cette expérience fondatrice de la perte qui introduit la mort dans notre vie psychique, qui nous fait prendre conscience de notre fragilité humaine et de notre mortalité.
Accepter la mort, c’est donc aussi accepter la perte, le manque, la castration symbolique. C’est renoncer à l’illusion de la toute-puissance, à la croyance en notre immortalité. C’est faire le deuil de l’objet perdu, de la complétude originelle, pour accéder à notre désir propre, à notre subjectivité. Accepter la mort, c’est, très tôt, entreprendre de faire la traversée de la souffrance et de la perte pour pouvoir réinvestir la vie. C’est renoncer à la domination du fantasme pour s’ouvrir à la réalité de l’autre, à la rencontre avec l’altérité.
Autrement, le refus de la mort peut prendre des formes pathologiques, comme la mélancolie ou la manie. Le mélancolique, incapable de faire le deuil de l’objet perdu, s’identifie à lui et retourne contre lui-même la haine qu’il lui vouait. Le maniaque, quant à lui, dénie la perte et la mort en s’abandonnant à une jouissance effrénée, en niant toute limite.
À son tour, Jacques Lacan, dans son retour à Freud, a placé la mort au cœur de sa théorie du sujet. Pour lui, le sujet naît de la rencontre avec le symbolique, avec le langage qui le divise et le détermine. Mais cette rencontre est aussi une rencontre avec la mort, car le signifiant est porteur d’une négativité radicale, d’un manque à être qui habite le sujet. Accepter la mort, c’est ainsi accepter cette division subjective, cette béance qui nous constitue. C’est renoncer à l’illusion d’un Moi fort et autonome pour assumer notre dépendance à l’Autre, au désir de l’Autre. C’est faire le deuil de l’unique pour accéder à la dimension du deux, de l’altérité, de la différence, de la castration symbolique. Nous sommes des « parlêtres », dit Lacan, des êtres de langage, donc des sujets désirants et mortels, déterminés par nos pulsions inconscientes.
Alors, si nous voulons vraiment supporter la vie, si nous voulons être libres et responsables de notre désir, il nous faut accepter la mort comme une donnée structurelle de notre existence, il nous faut traverser le fantasme pour nous ouvrir à la contingence du réel, à la rencontre toujours singulière avec l’autre.
Paradoxalement, c’est en acceptant notre finitude et notre manque à être que nous pouvons accéder à notre désir le plus intime, à ce qui fait de nous des sujets uniques et irremplaçables. Et c’est en faisant ce pas vers l’inconnu que nous pouvons espérer une vie plus authentique, plus intense.
Or, qu’observons-nous par le monde ? Le culte de la consommation effrénée, addictive, que la société nous offre comme un moyen de fuir la réalité de la mort, en se lançant dans des achats compulsifs avec l’illusion d’être, de cette façon, vivants et heureux. La recherche du plaisir immédiat, des distractions constantes servant de mécanismes d’évitement face à l’angoisse existentielle. Le déni de l’existence de la pulsion de mort en privilégiant l’instant présent, en ne se fixant que sur le «positif». Certains appellent cela résilience !
Dégrader nous-mêmes notre environnement et détruire notre planète : qu’est-ce donc sinon laisser libre cours à l’œuvre de la pulsion de mort ?
Tout près de nous, une guerre n’en finit pas de nous terroriser, une guerre où l’adversaire est déshumanisé, identifié comme étant moins qu’humain que son attaquant. Toute guerre est la manifestation extrême de la pulsion de mort : elle porte en son essence la destruction non seulement de l’autre, mais de soi, de sa propre humanité.
Alors, osons regarder la mort en face, osons l’apprivoiser avec les outils que nous offre la psychanalyse. Car c’est en faisant ce travail sur nous-mêmes que nous pourrons vraiment nous sentir vivants, libres, créatifs et humains.
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