La partie de ping-pong entre l'Iran et Israël devrait se calmer

Les frappes de représailles entre l'Iran et Israël, la dernière en date ayant eu lieu tôt ce matin sur la ville d'Ispahan, au centre de l'Iran, ne devraient pas se poursuivre, étant donné que les deux parties cherchent discrètement à apaiser les tensions.


Pendant la nuit, des explosions ont retenti dans la ville d'Ispahan, décrites comme une attaque israélienne par les médias américains et israéliens. Les Iraniens, cependant, ont rapporté une version différente des faits.


Selon les médias et les responsables iraniens, les quelques explosions ont été causées par la défense aérienne de l'Iran. Celle-ci aurait abattu trois drones au-dessus d'Ispahan, dont l'attaque aurait été menée par des personnes qui se seraient «infiltrées» plutôt que par Israël.


Les versions contradictoires de l'incident, dont l'importance est évidemment minimisée par l'Iran, alors qu'Israël s'est abstenu de toute revendication ou commentaire officiel, indiquent une volonté des deux côtés d'éviter l'escalade à la suite de l'attaque par drones et missiles iraniens sur Israël samedi dernier, selon l'analyste en sécurité et défense au Moyen-Orient basé à Dubaï, Riyad Kahwaji.


«C'est une attaque aérienne israélienne réalisée à l'aide d'armes de précision de longue portée, apparemment lancées depuis l'espace aérien irakien, ciblant une base aérienne près d'Ispahan, laquelle avait été utilisée pour lancer des drones contre Israël lors de l'attaque de samedi», a expliqué M. Kahwaji à Ici Beyrouth.


Selon lui, la version iranienne de l'incident, niant toute violation de la souveraineté de l'Iran de l'extérieur, «dispensera les responsables iraniens de mettre à exécution leurs menaces antérieures de riposter en cas d'attaque par Israël ». Israël, quant à lui, sous la pression des États-Unis, aide Téhéran à vendre sa version en gardant le silence.


L'attaque de vendredi a montré aux Iraniens qu'Israël peut les frapper et même cibler leurs sites nucléaires de manière autonome en cas de nouvelle attaque, a soutenu M. Kahwaji.


«L'Iran se trouve dans une situation similaire à celle d'une personne qui a grimpé en haut d'un arbre et qui doit maintenant en redescendre», a expliqué M.  Kahwaji. En effet, «l’attaque a confirmé l'avantage qualitatif considérable d'Israël malgré la supériorité quantitative de l'Iran», a ajouté celui qui est également directeur de l'Institut d'analyse militaire pour le Proche-Orient et le Golfe.


Lors de son attaque du 13 avril, l'Iran a lancé environ 310 missiles et drones contre Israël, dont seulement 7 ont réussi à pénétrer les défenses aériennes israéliennes. Tandis qu'Israël a tiré un petit nombre de missiles, 3 ou 4, et presque tous ont réussi à passer outre les défenses aériennes iraniennes.


La confrontation directe sans précédent entre Israël et l'Iran, depuis la frappe aérienne israélienne du 1ᵉʳ avril qui a détruit un bâtiment dans le complexe du consulat d'Iran à Damas et tué plusieurs officiers iraniens, y compris des généraux de haut rang, devrait s’atténuer.


«Selon le discours iranien, Téhéran ne prévoit pas de riposter, ce qui signifie qu’Israël ne sera pas contraint de riposter non plus» a déclaré M. Kahwaji, ajoutant que «les confrontations directes ouvertes sont désormais terminées, et que la guerre de l’ombre par procuration via leurs alliés reprend selon les règles du jeu établies».


Pour sa part, le général à la retraite de l'armée libanaise Khaled Hamadé a noté que l'attaque israélienne d'aujourd'hui sur Ispahan «n'a pas été une surprise».


Selon lui, l'attaque israélienne contre la mission diplomatique iranienne à Damas, qui a déclenché les frappes de représailles, marque le début d’une nouvelle phase de confrontations régionales sous l’égide des États-Unis.


«L'ampleur de l'attaque iranienne de la semaine dernière avec des drones et des missiles contre Israël, son impact limité et la manière dont elle a été menée démontrent que ce sont les États-Unis qui tiennent les rênes des échanges restreints», a déclaré M. Hamadé à Ici Beyrouth.


«La portée limitée de l'attaque d'aujourd'hui s'inscrit également dans ce même schéma. Cette phase devrait durer au moins jusqu'après l'élection présidentielle américaine en novembre», a-t-il conclu.

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