«Elektra»: une projection particulière au Women International Film Festival

 
Le film Elektra a été présenté lors du Women International Film Festival à ABC Dbayeh, le jeudi 18 avril, en présence du réalisateur Hisham Bizri. La distribution était composée de Diamand Abou Abboud, aux côtés de Manal Issa (Elektra), Flavia Bechara (Oreste), Lisa Debs (Égisthe) et Reina Jabbour (chœur). Situé dans le théâtre Piccadilly de Beyrouth, ravagé par la guerre, le film se déroule sur trois jours, mettant en scène un groupe d'acteurs et une scénariste essayant de redonner vie à ce lieu désolé à travers la tragédie de Sophocle, Elektra.
L'oeuvre cinématographique Elektra trouve ses racines à Argos vers 410 av. J.-C. et raconte la lutte implacable d’Elektra et de son frère Oreste pour obtenir justice après l’assassinat de leur père Agamemnon par leur mère Clytemnestre et leur beau-père Égisthe, dans le sillage de la guerre de Troie. Transposé dans les ruines du théâtre Piccadilly de Beyrouth, le film explore intensément les thèmes de la tromperie, de la justice et de la vengeance. Les acteurs sont témoins des rêves vivaces de la scénariste, où elle affronte le mépris et les mensonges des acteurs, jusqu’à confronter son propre assassinat.
Avec une interprétation aux mille facettes, Diamand Abou Abboud tient le rôle principal, écrivant dans le film les scènes qui composent la future pièce. Ses personnages sont multiples, incluant la scénariste, Clytemnestre, la sœur coupable, l’amante jalouse et elle-même. Cette méthode permet à Diamand Abou Abboud de créer une performance qui résonne avec authenticité et introspection, affrontant les traumatismes personnels et psychologiques exacerbés par un Beyrouth en déclin. Son parcours reflète la reconnaissance tardive trouvée dans le récit de Sophocle, enrichissant sa prise de conscience de soi et sa profondeur tant en tant que personnage qu’interprète.
Hisham Bizri visait à créer un film qui transcende la compréhension narrative directe, se concentrant plutôt sur une expérience visuelle. Le processus de tournage, décrit comme une improvisation orchestrée, s’est étendu sur 20 jours. Les scènes étaient écrites au jour le jour, puis filmées, liées par le thème central d’Elektra et du théâtre Piccadilly. La présence constante des cinq actrices, du réalisateur et de l’équipe technique a apporté une continuité au milieu de la complexité inhérente aux tragédies grecques, que le film embrasse plutôt que de simplifier.


Sans script prédéfini, le film a évolué en cinq chapitres distincts, chacun pouvant être considéré comme un court métrage autonome, reflétant les interactions dynamiques entre le réalisateur et ses actrices. Ce processus collaboratif impliquait des sessions d’écriture nocturnes suivies de révisions quotidiennes et de tournages, favorisant une synergie créative parmi l’équipe. La décision de Hisham Bizri de conserver les imperfections linguistiques lors des répétitions souligne l’accent mis par le film sur l’identité à travers le prisme de la tragédie grecque, privilégiant l’authenticité à l’exactitude.
Cette approche narrative, couplée à un engagement à capturer l’essence brute de la performance et l’atmosphère hantée de son cadre, positionne Elektra comme une exploration cinématographique unique des couches culturelles et historiques, reliant l’antique au contemporain à travers le médium du film.
Hisham Bizri a affirmé que «le film n’était pas destiné à être explicitement compris, mais plutôt à être vu avec les yeux». Le réalisateur a ensuite expliqué pourquoi il avait choisi de garder les erreurs linguistiques lors des répétitions de la pièce de théâtre. Ainsi, jouant des tragédies grecques dans le film, les actrices faisaient de nombreuses erreurs, mais pour le réalisateur, «cela représente notre réalité ; nous n’avons pas une identité fixe».
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