Tollé mondial contre la condamnation à mort en Iran de Toomaj Salehi
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Les autorités iraniennes ont fait face jeudi à des pressions pour libérer un célèbre rappeur condamné à mort dans un verdict que ses partisans considèrent comme une simple vengeance contre sa musique qui a soutenu les manifestations antigouvernementales.

La condamnation à mort du rappeur iranien Toomaj Salehi, emprisonné pour son soutien au mouvement de contestation de 2022 en Iran, a été dénoncée jeudi par la France, l'Italie, et les experts d'un groupe de travail de l'ONU.

«La France condamne avec vigueur cette décision qui s'ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l'automne 2022 en Iran», indique le ministère français des Affaires étrangères dans une déclaration.

Ces condamnations ainsi que les «nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien», ajoute la diplomatie française.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a, lui aussi, affirmé «condamner fermement» la décision de la justice iranienne.

«Le gouvernement (italien) s'oppose à la peine de mort en tous lieux et circonstances. Nous continuons de défendre la liberté et les droits de l'homme de par le monde», a-t-il ajouté dans un communiqué sur les réseaux sociaux.

À Genève, ce sont dix experts indépendants des Nations unies qui ont dénoncé cette condamnation.

«Aussi dures que soient les chansons de M. Salehi à l'égard du gouvernement, elles sont une manifestation de la liberté artistique et des droits culturels», ont-ils indiqué dans un communiqué signé par cinq rapporteurs spéciaux et les cinq membres du groupe de travail sur la détention arbitraire.
«Privation arbitraire de la vie»

Ils se disent «alarmés par l'imposition de la peine de mort et les mauvais traitements présumés à l'encontre de M. Salehi, qui semblent uniquement liés à l'exercice de son droit à la liberté d'expression artistique et à la créativité».

En outre, ont-ils ajouté, «les exécutions à l'issue de procès inéquitables constituent une privation arbitraire de la vie».

Ces experts sont nommés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, mais ne s'expriment pas au nom de l'organisation.

Toomaj Salehi, célèbre rappeur de 33 ans, avait été arrêté en octobre 2022. Il avait soutenu, via ses chansons et sur les réseaux sociaux, le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini. La jeune Kurde iranienne était détenue par la police des mœurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire imposé aux femmes.

Des artistes étrangers lui avaient alors apporté leur soutien, craignant qu'il ne soit condamné à mort.

Les sympathisants ont utilisé le hashtag #SaveToomaj sur les médias sociaux afin de créer un élan en faveur d'une campagne internationale pour que sa vie soit épargnée.

«C'est une nouvelle dévastatrice et nous devons tous être indignés et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour #SaveToomaj. C'est un héros et un trésor national», a écrit l'actrice britannique d'origine iranienne Nazanin Boniadi sur X, anciennement Twitter.



Plusieurs centaines de personnes, dont des membres des forces de l'ordre, ont été tuées, et des milliers d'autres arrêtées au cours des manifestations qui se sont tenues en octobre et novembre 2022 en Iran, avant de refluer.

Neuf personnes ont été exécutées en lien avec ce soulèvement, selon des ONG.

L'Iran pratique la peine capitale à grande échelle. Amnesty international a recensé 853 exécutions en 2023, en augmentation de 48% par rapport à 2022 et de 172% par rapport à 2021.

Avec AFP
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