Troisième report des élections municipales, échec cuisant de l’État

Lors d’une séance législative présidée par le président de la chambre, Nabih Berry, jeudi, le Parlement a approuvé «la prolongation du mandat des conseils municipaux et des moukhtars existants jusqu’à une date ne dépassant pas le 31 mai 2025», malgré les objections des députés opposés au Hezbollah.
Les élections locales ont été reportées pour la troisième fois consécutive.
La séance controversée a été boycottée par les Forces libanaises, le parti Kataeb et plusieurs députés indépendants et blocs anti-Hezbollah. Toutefois, 72 députés ont assuré le quorum pour voter le report des élections municipales pour une année supplémentaire.
Au cours de la séance, les députés du bloc Rassemblement démocratique, dirigé par le Parti socialiste progressiste (PSP), ont proposé un amendement au projet de loi qui reporterait les élections municipales jusqu’au 30 septembre 2024.
Les députés du bloc de la Modération nationale, qui ont assisté à la séance, se sont abstenus de voter, réitérant leur opposition au report des élections. Ils ont souligné la nécessité de tenir les élections pour garantir une bonne gouvernance locale du pays.
S’exprimant au nom du bloc, le député Ahmad Kheir a déclaré: «Nous nous abstiendrons de voter sur le projet de loi proposé, mais nous proposons plutôt de donner au ministère de l’Intérieur les pouvoirs d’extension technique (du mandat des municipalités) pour une période n’excédant pas quelques semaines.»
De son côté, le député du Bloc national indépendant,Tony Frangié, a appelé à trouver des alternatives pour sécuriser les fonds des municipalités, afin de permettre à celles-ci d’accomplir leurs tâches après le report des élections.

Le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, dont le parti a voté en faveur de la prolongation, a cherché à justifier son geste «anti-constitutionnel». «Nous sommes confrontés à deux options: soit un vide dans les instances municipales, soit la prolongation de leur mandat. Ce qui se déroule dans le sud du Liban ne peut être ignoré; c’est un facteur supplémentaire, mais ce n’est pas la raison principale», a-t-il déclaré.
Le député d’Amal, Ali Hassan Khalil, a également justifié le vote de son parti pour le report en disant: «C’est devenu une réalité et il n’y aura pas d’élections tant que les circonstances ne changeront pas.»
Le président de la Chambre, Nabih Berry, qui dirige également le mouvement Amal, avait précédemment déclaré que le sud du Liban ne pouvait être exclu de tout scrutin à venir, après que les Forces libanaises, le principal parti opposé au Hezbollah, eurent insisté pour que les élections se déroulent à temps.
Après la séance, le député du PSP, Wael Abou Faour, a déclaré à Ici Beyrouth: «Nous savons tous que nous avons une guerre dans le Sud que nous ne pouvons pas éviter. Je ne pense pas qu’il serait acceptable de diviser le Liban en deux zones distinctes. C’est pourquoi nous avons proposé, en tant que bloc démocratique, de reporter l’élection jusqu’en septembre. Mais notre proposition a été rejetée.»
Le Liban est censé organiser des élections municipales tous les six ans, mais les autorités, dont les finances sont épuisées, avaient organisé les dernières élections locales en 2016.
Le projet de loi de jeudi citait «des circonstances sécuritaires, militaires et politiques complexes à la suite de l’agression israélienne contre le Liban», notamment dans le Sud, près de la frontière, comme raisons du report.
Plus de 92.000 personnes ont été déplacées de leurs domiciles au Liban-Sud en raison de la violence incessante entre le Hezbollah et Israël depuis le 8 octobre.
Les conseils locaux aident à fournir des services élémentaires aux résidents, mais leur rôle a diminué à mesure que les caisses de l’État se sont vidées après l’effondrement de l’économie libanaise à la fin de 2019.
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