Alors que nous commémorons le dix-neuvième anniversaire du retrait militaire syrien du Liban le 26 avril 2005, il est évident que les priorités du Liban n’ont guère évolué, en raison de l’impasse politique persistante depuis de nombreuses années. Cette impasse compromet sérieusement tout espoir de progrès, de modernisation et de développement dont le pays a grandement besoin dans divers secteurs vitaux.
Les clivages au Liban demeurent inchangés, voire certains se sont même aggravés au cours des dernières années, suscitant une inquiétude croissante, notamment en ce qui concerne la formule politique existante et les querelles persistantes autour de l’accord de Taëf. De plus, l’émergence de propositions telles que le fédéralisme ou la partition engendrent un climat d’incertitude et de tensions politiques dans certains milieux.
Il est vraiment préoccupant de voir ces idées ressurgir, surtout après avoir été largement rejetées lors des périodes les plus sombres sur le plan politique et militaire, comme durant la guerre civile dévastatrice. En 1990, le Liban avait réussi à surmonter ses divisions temporaires, en ouvrant les routes et en supprimant les barrières et les barricades. Est-il concevable que les Libanais ne puissent pas maintenir l’unité de leur pays en temps de paix, après avoir surmonté ces épreuves en période de guerre?
Par ailleurs, il est regrettable de constater que la concrétisation de la «deuxième indépendance» n’ait pas immédiatement suivi le retrait militaire syrien. Les différends concernant les priorités et les approches politiques ont eu un impact déterminant dans divers domaines, notamment avec l’établissement de nouvelles normes quant à l’application de la Constitution et des lois (ou leur non-application). Cela concerne particulièrement l’élection d’un président de la République, la formation des gouvernements et les échéances démocratiques telles que les élections législatives, municipales et des mokhtars, ainsi qu’au niveau de la loi électorale et d’autres questions cruciales.
Il est également dommage que les Libanais ne parviennent pas à diriger leur pays sans l’intervention étrangère, qui agit souvent comme médiateur pour résoudre les conflits et les divergences. Cependant, cette intercession est souvent incompatible avec les principes de souveraineté et d’identité nationale, ce qui expose le pays à des revers majeurs, tant sur le plan formel que substantiel.
Dans ce contexte, quel message transmet-on aux jeunes générations et comment peut-on les encourager à avoir confiance en leur patrie et à y envisager un avenir prometteur plutôt que de songer à partir à l’étranger au terme de leurs études scolaires ou universitaires?
Il est fallacieux de croire que les Libanais sont incapables de prendre en main les affaires de leur pays, ou qu’ils manquent d’expérience, de savoir-faire et de volonté pour le faire. De la même manière, il est inacceptable de les contraindre à choisir entre la soumission à une tutelle ou une occupation, d’une part, et le chaos, la paralysie institutionnelle et les blocages constitutionnels, d’autre part. Cette perspective réductrice ne fait que plonger le peuple libanais dans des dilemmes impossibles, reflétant un manque de vision et entraînant des conséquences préjudiciables à tous les niveaux.
La question fondamentale est la suivante: quels enseignements les Libanais ont-ils tirés du retrait syrien du Liban? Cependant, la question la plus cruciale réside dans la compréhension des raisons pour lesquelles ils n’ont pas su capitaliser sur ce retrait dans le but de servir les intérêts les plus importants du Liban, et pourquoi ils ont échoué à établir véritablement un État de droit et des institutions robustes, préférant alimenter les conflits et les divisions internes.
Dans les sociétés plurielles, les visions et les approches sur des questions sensibles telles que la politique étrangère, la défense, l’économie et le social sont monnaie courante. Cela exige des discussions approfondies afin de renforcer les points communs et empêcher le pays de sombrer dans la discorde ou de suivre une voie contraire aux intérêts nationaux de la majorité de ses citoyens.
Bien que difficile, cet exercice est indispensable, car il représente le seul moyen de surmonter les divisions. Sans cela, la dispute devient l’alternative inévitable, entraînant des cycles de violence supplémentaires et plongeant le pays dans des épreuves cruelles, avec pour conséquences des pertes humaines considérables, avant de devoir revenir à la table des négociations. Alors pourquoi ne pas s’épargner ces épreuves en favorisant plutôt le rapprochement entre les différentes parties concernées?
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