Gaza: un plan arabe pour l’après-guerre... sous conditions
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Au moment où Israël poursuit son offensive contre le Hamas, les dirigeants arabes réfléchissent aux moyens de soutenir la bande de Gaza après la guerre, en posant comme condition d’ouvrir la voie à un État palestinien.

Le pari est loin d’être gagné, mais le quintette formé par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie et l’Égypte a clairement fait savoir que son soutien financier et politique, crucial pour l’avenir de la bande de Gaza dévastée, aurait un coût.

«Nous avons étroitement collaboré, à cet égard, avec les Palestiniens. Il doit s’agir d’une véritable voie vers un État palestinien», a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal ben Farhane, lors d’une réunion spéciale du Forum économique mondial à Ryad, le mois dernier.

Ce n’est pas la première fois que les dirigeants arabes défendent la solution à deux États, susceptible de désamorcer les tensions au Moyen-Orient. Mais la guerre entre Israël et le Hamas représente pour eux à la fois une urgence et une opportunité. Le mois dernier, en marge de la réunion du Forum économique mondial à Ryad, des ministres des Affaires étrangères européens et arabes ont discuté des moyens d’unir leurs efforts pour avancer vers cette solution. La guerre à Gaza sera également en tête de l’ordre de jour du sommet de la Ligue arabe prévu jeudi à Bahreïn.

Les pays arabes «font pression sur les États-Unis pour obtenir deux choses: la création d’un État palestinien et sa reconnaissance par les Nations unies», a affirmé à l’AFP un diplomate arabe du Golfe, sous couvert d’anonymat.

Selon Sanam Vakil, du groupe de réflexion britannique Chatham House, les dirigeants arabes essaient «de travailler avec l’administration Biden pour soutenir mutuellement ce qu’on appelle le jour d’après».

L’une des questions centrales de ce plan est la réforme de l’Autorité palestinienne, qui permettrait d’unifier sous une même direction la Cisjordanie et la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007.

«Nous croyons en un gouvernement palestinien unique», a déclaré mardi le Premier ministre du Qatar, Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. La transition ne devrait pas «affecter la cause palestinienne» ni «saper l’Autorité palestinienne», a-t-il ajouté lors d’un Forum économique à Doha.

Celle-ci s’est dotée en mars d’un nouveau gouvernement dont la priorité sera d’œuvrer à «réunifier les institutions, y compris en assumant la responsabilité de Gaza», selon son Premier ministre Mohammed Mustafa.

«Nous avons un plan»

Mais le principal obstacle à surmonter est le gouvernement de Benjamin Netanyahou, a estimé l’analyste émirati Abdulkhaleq Abdulla, en soulignant que les efforts arabes essayaient aussi d’atteindre l’opposition israélienne.

Le chef de la diplomatie des Émirats arabes unis, Abdallah ben Zayed, a ainsi rencontré Yair Lapid, figure de l’opposition israélienne, le mois dernier, à Abou Dhabi où ils ont discuté de la nécessité de mener des négociations sur une solution à deux États, selon un communiqué du ministère émirati des Affaires étrangères.

Selon Abdulkhaleq Abdulla, «il y a des promesses que si l’opposition israélienne remporte les élections (anticipées), elle pourrait se montrer plus ouverte et plus coopérative».

Les dirigeants arabes ont largement exclu la possibilité de participer à la gouvernance de Gaza ou d’envoyer des troupes dans les conditions actuelles.

Abdallah ben Zayed a affirmé samedi que son pays refusait «d’être entraîné dans un plan visant à couvrir la présence israélienne dans la bande de Gaza». Son homologue jordanien, Ayman al-Safadi, a assuré aussi le mois dernier que les États arabes n’enverraient pas de troupes à Gaza pour éviter d’être associés à la «misère créée par cette guerre». «En tant que pays arabes, nous avons un plan. Nous savons ce que nous voulons. Nous voulons la paix sur la base de la solution des deux États», a-t-il déclaré.

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux géants du Golfe riches en pétrole, sont également réticents à payer la facture de la reconstruction sans garanties. «Ils ne veulent certainement pas être juste une tirelire. Ils ne sont pas disposés à simplement réparer les dégâts d’Israël», souligne Bernard Haykel, spécialiste de l’Arabie saoudite à l’université de Princeton.

L’ambassadrice des Émirats arabes unis à l’ONU, Lana Nusseibeh, a prévenu en février que son pays ne pouvait «pas continuer à financer et voir ensuite tout ce que nous avons construit détruit».

Hashem Osseiran, avec AFP
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