©(Présidence iranienne / AFP)
La mort, dimanche, du président iranien, Ebrahim Raïssi, considéré comme un successeur possible au guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a redistribué les cartes dans le processus de succession.
Après la mort dans un crash d'hélicoptère du président iranien, Ebrahim Raïssi, jusque-là considéré comme le successeur probable du guide suprême Ali Khamenei, les projecteurs se braquent sur le fils du guide, Mojtaba.
Même s'il reste ardu de lire le fonctionnement du régime, opaque et complexe, le curriculum du président décédé, pilier de la République islamique depuis des décennies, en faisait un candidat naturel pour devenir le troisième guide iranien depuis la révolution de 1979, après l'ayatollah Rouhollah Khomeini et Ali Khamenei.
Le guide suprême est nommé à vie par une Assemblée des Experts et tranche sur tous les sujets cruciaux, dont la politique étrangère du pays. Ali Khamenei, 85 ans, est en fonction depuis la mort de Khomeini, en 1989.
Depuis qu'il est guide, Khamenei a nommé Raïssi, son «confident de longue date», à plusieurs postes majeurs, dont la présidence du système judiciaire, relève le directeur du centre de réflexion pour le Moyen-Orient et l'ordre global (CMEG), Ali Fathollah-Nejad, même s'il est «très difficile de dire» s'il avait décidé qu'il serait son successeur.
«Seuls une poignée de hauts dirigeants savent si Raïssi devait devenir le prochain guide suprême», estiment aussi les analystes Ali Vaez et Naysan Rafati, dans une note d'International Crisis Group (ICG). «Mais si c'était le cas, sa mort entraîne un grand point d'interrogation sur la succession».
Les yeux se tournent désormais vers le fils du guide, Mojtaba Khamenei, 54 ans, homme de l'ombre à l'influence considérable et personnalité sanctionnée par les États-Unis. «Khamenei cherche depuis longtemps à positionner son fils comme son successeur», selon Ali Fathollah-Nejad, même si «le pouvoir dynastique» n'est pas bien vu au sein du régime.
«Toutefois, avec la disparition de Raïssi, les cartes de la succession de Khamenei sont rebattues, et l'attention revient sur Mojtaba», ajoute le directeur du CMEG, basé à Berlin.
Apparaissant rarement en public, quasiment jamais mentionné dans les médias, et sans fonction officielle, Mojtaba Khamenei est, d'après les analystes, le numéro 2 du cabinet du guide suprême, derrière le chef Mohammad Golpayegani.
Son importance a été révélée par les sanctions prises en 2019 contre lui par le Trésor américain, qui a jugé qu'Ali Khamenei lui avait «délégué une partie de ses responsabilités».
Mojtaba est «le candidat le plus important», celui qui a accumulé «un pouvoir considérable en coulisses», estime Suzanne Maloney, de la Brookings Institution.
Pour autant, les analystes n'excluent pas qu'un autre nom puisse sortir du chapeau, citant notamment Ali Reza Arafi, un dignitaire religieux membre de l'Assemblée des Experts et du Conseil des Gardiens de la Révolution, le bras armé du régime.
Stabilité et continuité devraient en tout cas être les priorités du régime, après les manifestations qui ont secoué l'Iran des mois durant, depuis la mort, en septembre 2022, de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du strict code islamique vestimentaire.
Le mouvement de contestation «Femme.Vie.Liberté» a été durement réprimé, mais n'est pas éteint dans ce pays où les conservateurs concentrent tous les pouvoirs depuis ces dernières années.
Même si les pouvoirs du président sont limités, la mort de Raïssi a néanmoins suscité un choc en Iran. Avant lui, un seul président est mort en fonction, Mohammad Ali Rajai, tué en août 1981 dans une attaque à la bombe, moins d'un mois après sa prise de fonction.
La période de succession va s'avérer risquée pour le pouvoir, estime Ali Fathollah-Nejad, alors que la protestation interne couve toujours et que la crise économique s'aggrave en raison notamment des sanctions occidentales.
«Si Khamenei meurt et/ou si Mojtaba est déclaré son successeur, de nouvelles manifestations populaires ne sont pas à exclure», estime-t-il.
«La grande question est de savoir si, dans un scénario de vide du pouvoir ou de succession contestée, nous pourrions assister à des fissures au sein du pouvoir et de l'appareil de sécurité, ouvrant une perspective sur l'inconnu», ajoute-t-il.
Stuart Williams, avec AFP
Après la mort dans un crash d'hélicoptère du président iranien, Ebrahim Raïssi, jusque-là considéré comme le successeur probable du guide suprême Ali Khamenei, les projecteurs se braquent sur le fils du guide, Mojtaba.
Même s'il reste ardu de lire le fonctionnement du régime, opaque et complexe, le curriculum du président décédé, pilier de la République islamique depuis des décennies, en faisait un candidat naturel pour devenir le troisième guide iranien depuis la révolution de 1979, après l'ayatollah Rouhollah Khomeini et Ali Khamenei.
Le guide suprême est nommé à vie par une Assemblée des Experts et tranche sur tous les sujets cruciaux, dont la politique étrangère du pays. Ali Khamenei, 85 ans, est en fonction depuis la mort de Khomeini, en 1989.
Depuis qu'il est guide, Khamenei a nommé Raïssi, son «confident de longue date», à plusieurs postes majeurs, dont la présidence du système judiciaire, relève le directeur du centre de réflexion pour le Moyen-Orient et l'ordre global (CMEG), Ali Fathollah-Nejad, même s'il est «très difficile de dire» s'il avait décidé qu'il serait son successeur.
«Seuls une poignée de hauts dirigeants savent si Raïssi devait devenir le prochain guide suprême», estiment aussi les analystes Ali Vaez et Naysan Rafati, dans une note d'International Crisis Group (ICG). «Mais si c'était le cas, sa mort entraîne un grand point d'interrogation sur la succession».
«Cartes rebattues»
Les yeux se tournent désormais vers le fils du guide, Mojtaba Khamenei, 54 ans, homme de l'ombre à l'influence considérable et personnalité sanctionnée par les États-Unis. «Khamenei cherche depuis longtemps à positionner son fils comme son successeur», selon Ali Fathollah-Nejad, même si «le pouvoir dynastique» n'est pas bien vu au sein du régime.
«Toutefois, avec la disparition de Raïssi, les cartes de la succession de Khamenei sont rebattues, et l'attention revient sur Mojtaba», ajoute le directeur du CMEG, basé à Berlin.
Apparaissant rarement en public, quasiment jamais mentionné dans les médias, et sans fonction officielle, Mojtaba Khamenei est, d'après les analystes, le numéro 2 du cabinet du guide suprême, derrière le chef Mohammad Golpayegani.
Son importance a été révélée par les sanctions prises en 2019 contre lui par le Trésor américain, qui a jugé qu'Ali Khamenei lui avait «délégué une partie de ses responsabilités».
Mojtaba est «le candidat le plus important», celui qui a accumulé «un pouvoir considérable en coulisses», estime Suzanne Maloney, de la Brookings Institution.
Pour autant, les analystes n'excluent pas qu'un autre nom puisse sortir du chapeau, citant notamment Ali Reza Arafi, un dignitaire religieux membre de l'Assemblée des Experts et du Conseil des Gardiens de la Révolution, le bras armé du régime.
«Fissures»
Stabilité et continuité devraient en tout cas être les priorités du régime, après les manifestations qui ont secoué l'Iran des mois durant, depuis la mort, en septembre 2022, de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des mœurs pour non-respect du strict code islamique vestimentaire.
Le mouvement de contestation «Femme.Vie.Liberté» a été durement réprimé, mais n'est pas éteint dans ce pays où les conservateurs concentrent tous les pouvoirs depuis ces dernières années.
Même si les pouvoirs du président sont limités, la mort de Raïssi a néanmoins suscité un choc en Iran. Avant lui, un seul président est mort en fonction, Mohammad Ali Rajai, tué en août 1981 dans une attaque à la bombe, moins d'un mois après sa prise de fonction.
La période de succession va s'avérer risquée pour le pouvoir, estime Ali Fathollah-Nejad, alors que la protestation interne couve toujours et que la crise économique s'aggrave en raison notamment des sanctions occidentales.
«Si Khamenei meurt et/ou si Mojtaba est déclaré son successeur, de nouvelles manifestations populaires ne sont pas à exclure», estime-t-il.
«La grande question est de savoir si, dans un scénario de vide du pouvoir ou de succession contestée, nous pourrions assister à des fissures au sein du pouvoir et de l'appareil de sécurité, ouvrant une perspective sur l'inconnu», ajoute-t-il.
Stuart Williams, avec AFP
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