©Crédit photo: Loïc Venance/AFP
Actrice américaine emblématique des années 1990, Demi Moore, connue pour Ghost, Striptease et bien d'autres films, est pour la première fois à l'affiche d'un long-métrage à Cannes, The Substance, film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat, présenté en compétition le dimanche 19 mai.
Parlant de son personnage incarné dans The Substance au festival de Cannes, Demi Moore affirme: «Ce que je trouve génial, c’est qu’elle n’a pas eu peur ni de se dévoiler, ni du ridicule. C’était un saut dans l’inconnu et elle y est allée, elle n’a rien lâché.» «C’était le meilleur des défis. Je cherche toujours des matériaux qui me poussent hors de ma zone de confort», a fait écho l’actrice en conférence de presse. Même si cette dernière ne s’est jamais sentie «effacée» à cause de son âge (61 ans), «cette expérience très brute, qui me demandait d’être vulnérable et de m’exposer physiquement et émotionnellement m’a permis de mieux m’accepter comme je suis», concède-t-elle. Et d’ajouter: «On n’est pas contre les hommes, juste contre les cons.»
«C’est le début d’un troisième acte dans la carrière de Demi, c’est inspirant», a résumé son partenaire dans le film, l’Américain Dennis Quaid, en conférence de presse. The Substance ou la substance du titre permet à la personne qui se l’injecte de produire une «meilleure version d’elle-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite».
Pour Elisabeth Sparkle, gloire du fitness télévisé mise à la porte à 50 ans (incarnée par Demi Moore, épatante au fur et à mesure qu’elle vieillit artificiellement), la tentation est grande. Ainsi «naît» son avatar Sue (l’Américaine Margaret Qualley, aussi convaincante angélique que démoniaque), qui va marcher dans ses pas face à un producteur grossier incarnant le patriarcat (Dennis Quaid). Seule condition pour ne pas se mettre mutuellement en danger, toutes deux doivent partager leur temps de manière égale dans le monde extérieur. Or Sue en veut toujours plus...
À la réalisation d’un premier film d’horreur sur le viol (Revenge, en 2018), Coralie Fargeat porte cette fois son regard sur le corps féminin, «problématique plus jeune, quand il n’est pas parfait ou trop gros, puis quand il vieillit».
«Ça a un impact massif dans la vie des femmes et conditionne énormément de choses dans la société. Notre corps nous définit, génère des inégalités et de la violence, de notre propre part aussi. On est amenées de manière quasi obligatoire à le détester d’une manière ou d’une autre et on peut devenir notre premier instrument de torture», développe la réalisatrice de 48 ans, interrogée par l’AFP.
Celle-ci illustre son propos «de manière hyperbolique» à coup d’aiguilles et de sang, «symboles de la violence de ce qu’on doit endurer en tant que femme». L’image soignée, les explosions gore, tantôt écœurantes tantôt comiques et les actrices portent The Substance, d’une durée de 2h20. «Elles ont été assez incroyables, elles ont pris des risques», estime la réalisatrice. «On sent que le film est incarné, il y a quelque chose qui s’est passé entre elles.»
Pourquoi, pour une réalisatrice française, placer son intrigue dans un Hollywood de fiction et tourner en France, mais en anglais, avec des stars américaines? Car les États-Unis ont, plus que la France, «cette culture du film de genre, de l’excès, du non-réalisme» avec lequel Coralie Fargeat a «grandi». C’est le film de genre qui lui «a donné envie de faire du cinéma», lui offrant d’abord «une échappatoire à la vie quotidienne», puis lui permettant, en tant que réalisatrice, de «créer (ses) propres codes» et de développer la dimension artisanale qu’elle apprécie.
Cannes ne s’est pas montré insensible récemment aux films d’horreur abordant la féminité, à l’image du Titane de Julia Ducournau, Palme d’or en 2021. Coralie Fargeat aurait-elle le même destin? «C’est évidemment quelque chose auquel on rêve, la plus belle des récompenses. C’est aussi un des propos du film: on cherche à être aimé», répond-elle. «Après, on sait que ce n’est pas entre nos mains. Déjà, d’être ici, c’était une nouvelle tellement magnifique. Mais bien sûr que je serais la plus heureuse si le film était remarqué.»
Avec AFP
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