Des réformes insuffisantes, selon le FMI
Le rapport de la mission du Fonds monétaire international (FMI) a conclu que l’absence d’action en faveur des réformes économiques «nécessaires» continue de peser lourdement sur l’économie et la population du Liban. Les retombées négatives du conflit à Gaza et des combats à la frontière sud du Liban, ainsi que la crise des réfugiés, ont exacerbé l’incertitude et la situation économique et sociale déjà désastreuse.

Le texte indique que même si des progrès ont été réalisés dans la réduction de l’inflation et la stabilisation du taux de change, soutenus par la décision de la Banque du Liban (BDL) de mettre fin au financement et aux subventions en devises, ainsi que par l’élimination du déficit budgétaire, ces réformes restent «insuffisantes pour la reprise». L’absence d’une stratégie crédible et financièrement viable pour le système bancaire continue d’entraver la croissance économique et la récupération des dépôts, tout en favorisant une économie informelle «du cash» ainsi que des risques accrus d’activités illicites.  La mission estime que les réformes économiques sont essentielles pour une reprise forte et durable et pour attirer de nouveaux investissements et un soutien financier international.

La délégation, menée par Ernesto Ramirez Rigo, et composée de membres du Fonds chargés de suivre le dossier des réformes exigées du Liban dans le cadre de l’accord préliminaire signé le 7 avril 2022 (Staff-Level Agreement ou SLA, ou Accord au niveau du personnel), clôture jeudi une visite de quatre jours.

Des perspectives économiques incertaines


M. Ramirez Rigo a affirmé que «la crise économique non résolue continue de peser lourdement sur la population libanaise. Le chômage et la pauvreté ont atteint des niveaux exceptionnellement élevés et la fourniture de services publics essentiels a été gravement perturbée. Parallèlement, le Liban continue de lutter pour accueillir le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde, malgré des ressources limitées».  Il a rappelé que les retombées négatives du conflit à Gaza et l’intensification des combats à la frontière sud du Liban aggravent encore une situation économique déjà faible et ont provoqué le déplacement d’un nombre important de personnes et causé des dommages aux infrastructures, à l’agriculture et au commerce dans le sud du Liban. Conjugués au déclin du tourisme, les risques élevés associés au conflit créent une incertitude considérable quant aux perspectives économiques.

Il a souligné que la mobilisation des recettes de la TVA et des douanes, grâce à l’ajustement du dollar douanier au taux de change du marché, a ramené le déficit budgétaire estimé pour 2023 à un niveau proche de zéro. Les efforts conjoints de la BDL et du ministère des Finances ont également permis une certaine accumulation de réserves de change. Il avoue toutefois que «les mesures ne suffisent pas à permettre une sortie de crise».

L’approbation en temps et en heure du budget 2024 a été une première étape importante, mais des efforts plus importants sont nécessaires pour renforcer les finances publiques. Le budget 2025 devrait continuer de viser un déficit zéro grâce à des réformes budgétaires plus ambitieuses, en particulier pour améliorer davantage la mobilisation des recettes en renforçant la conformité et en redéfinissant les priorités des dépenses actuelles pour répondre aux besoins sociaux et d’infrastructure essentiels. Il a stigmatisé le fait que la gouvernance, la transparence et la responsabilité, restent limitées indiquant que les faiblesses de la qualité, de la disponibilité et de l’actualité des données économiques posent des défis à l’élaboration de politiques éclairées.

M. Ramirez Rigo a enfin assuré que le Fonds reste déterminé à soutenir le Liban et que des discussions au titre de l’article IV auront lieu en septembre 2024 pour évaluer les progrès réalisés dans les réformes économiques et financières cruciales.
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