Trouver un moyen de conserver et de développer sa richesse est un souci lancinant partout, mais avec une acuité supplémentaire au Liban, vu les effets de la crise multidimensionnelle qui le frappe depuis plus de quatre ans. Un casse-tête permanent, d’autant plus que le cash est devenu roi, moins maniable qu’un dépôt bancaire. Il s’agit ici de déterminer quelques stratégies optimales de placement, sachant qu’il y a un arbitrage entre rendement et risque.
Pour ceux qui n’aiment pas le risque
Tout acte à caractère financier implique risque. Même ceux qui cachent leurs liquidités sous un matelas courent le risque de voir leur pouvoir d’achat s’effriter à cause de l’inflation, si ce n’est un cambriolage. Il y a pourtant des placements adéquats pour ceux qui n’aiment pas le risque.
1- Un exemple typique d'un actif sans risque est une obligation d'État (ou dette étatique) émise par un pays solvable et stable. Les plus connues, et courues, sont les bons du Trésor suisse et américain, ou, plus généralement, les obligations émises par des pays notés AAA. Le hic est que leur rendement est généralement faible. Mais, actuellement, on est dans la moyenne haute, autour de 5% pour les bons américains. Ils peuvent être acquis auprès d’un broker ou d’une banque d’investissement. Certaines banques libanaises les proposent, mais ils restent des placements «offshores», qui ne sont donc pas soumis au risque pays (du Liban) et qui peuvent être encaissés partout. On peut acheter aussi des bons de pays émergents, plus profitables mais plus risqués.
2- Il est également possible d’investir dans des obligations d’entreprises de bonne qualité, qui sont également des dettes, mais privées cette fois. Leur rendement est fixé à l’avance. Pour ne pas miser sur une seule entreprise, on peut diminuer le risque en souscrivant à un fonds d’investissement qui regroupe plusieurs obligations, comme le Vanguard Short-Term Investment-Grade Fund.
3- L’or est une autre option populaire, considéré comme une valeur refuge, même si ça ne rapporte pas des intérêts ou des dividendes. On mise surtout sur l’appréciation future et qui est généralement la tendance malgré des modifications ponctuelles. C’est que l’offre reste limitée alors que les banques centrales, l’industrie et les individus en demandent toujours plus. Presque tous les conseils en investissement recommandent l’or comme partie du portefeuille des placements.
4- L’immobilier est un investissement qui promet des rendements intéressants. Mais dans quels pays en priorité? Au Liban, les prix immobiliers sont encore à 50% ou 60% de leur valeur avant la crise, surtout en dehors de Beyrouth. De bonnes affaires peuvent donc être conclues. Le président du Syndicat des agents immobiliers, Walid Moussa, estime que le marché immobilier commercial (entreposage, commerce de détail, restaurants, supermarchés, etc.) a le vent en poupe.
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Ailleurs, des offres alléchantes sont publicisées à Dubaï, à Athènes, ou ailleurs. L’important, avant de s’engager, est de s’assurer que les entreprises derrière ces offres sont sérieuses. Puis d’effectuer des recherches préalables sur les moyennes de prix dans la ville. Au niveau mondial, des rapports internationaux recommandent Londres, Bucarest, ou encore Séoul. Évidemment, il ne s’agit pas de faire soi-même le tour du monde, mais de compter sur un agent sérieux ou sur un fonds d'investissement indexé sur les valeurs immobilières.
5- Certaines cryptomonnaies sont un investissement rentable pour le long terme, mais leur cours fluctue de manière imprévisible. Parmi les multiples cryptos, les deux qui présentent le moins de risque sont le Bitcoin et l’Ethereum, d’autant plus qu’ils ont été adoptés par l’autorité boursière aux USA. L’économiste Saifedean Ammous, ancien professeur à la LAU et grand spécialiste, soutient que le Bitcoin se distingue par sa difficulté d’être produit, ce qui fait sa rareté. Binance est la plus grande plateforme pour les transactions de cryptos. Sinon, des brokers locaux peuvent proposer des fonds (appelés ETF) indexés sur le Bitcoin et l’Ethereum.
6- La bourse de Beyrouth. Notre bourse est dans un état végétatif, car ses valeurs et transactions sont calculées en lollars. On pourrait miser sur Solidere pour le long terme, vu que c’est une société qui détient encore de larges actifs fonciers. Selon Faysal Barbir, directeur à la I&C Bank, la hausse récente de l’action Solidere serait due à des spéculations anticipant une décision de la Banque centrale concernant les dépôts en lollar.
7- Actions internationales. Il est généralement préférable d’acheter des actions d’entreprises ayant un rapport prix/bénéfice faible puisque cela signifie qu’elles sont sous-évaluées. Autres règles d’or de l’investissement en actions: diversification (secteurs et pays); miser sur le moyen-long terme; effectuer des recherches extensives et/ou s’abonner à une plateforme de recommandations; s’inspirer des grands investisseurs mondiaux (Warren Buffet…).
Quelques règles générales
Mais alors, comment savoir quel placement est optimal? Cela dépend de plusieurs facteurs, comme l’horizon temporel de l’investisseur, son aversion au risque, son âge, ou ses objectifs. Généralement, les plus jeunes sont en mesure de prendre plus de risques que les individus plus âgés puisqu’ils ont plus de temps pour récupérer les pertes financières éventuelles.
Une stratégie adaptée par tous les professionnels afin de mitiger le risque est la diversification. En répartissant les investissements sur différents types d’actifs aux valeurs inversement corrélées, la baisse de la valeur d’un actif peut être compensée par l’appréciation systématique d’un autre.
Enfin, beaucoup des placements ci-haut cités peuvent être effectués par des dépôts de cash. Mais il faut prévoir que la revente (actions, obligations…) sera aussi versée en liquide et non pas sous forme de transfert bancaire; sinon, ce serait du blanchiment d’argent.
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