Ciotti rejette son exclusion du LR, la droite divisée
©(Photo Ludovic MARIN, AFP)
Crise ouverte au sommet des Républicains : exclu du parti à l'unanimité d'un bureau politique mercredi, le président de LR Eric Ciotti, partisan d'une alliance contestée avec le Rassemblement national aux législatives, a refusé cette sanction qu'il estime «illégale».

Le psychodrame à droite s'accompagne d'un autre divorce un peu plus à droite, au sein de Reconquête cette fois-ci, avec Marion Maréchal qui a appelé à voter pour les candidats de l'alliance entre le RN et M. Ciotti aux législatives anticipées, dénonçant la «triple faute» d'Eric Zemmour qui souhaite, lui, présenter des candidats Reconquête contre le RN. Une décision de la nièce de Marine Le Pen aussitôt saluée par le président du RN Jordan Bardella.

Après une réunion décisive tenue à Paris en présence de tous les cadres du parti gaulliste, le député des Alpes-Maritimes a été exclu à l'unanimité, la secrétaire générale Annie Genevard dénonçant sa position «en rupture totale avec les statuts et la ligne portés par Les Républicains».

«Les Républicains présenteront des candidats aux Français dans la clarté et l'indépendance» pour les élections législatives, a assuré Mme Genevard, qui partagera la gouvernance du mouvement avec François-Xavier Bellamy, la tête de liste des européennes.

Mais contre vents et marées, le patron continue de s'accrocher à son siège. «Je suis et reste le président de notre formation politique, élu par les adhérents», a répliqué Eric Ciotti, jugeant cette décision «illégale» et faisant planer la menace de «conséquences pénales».

«Je sais que j'ai la confiance des militants», a-t-il assuré plus tard sur CNews, qualifiant le bureau politique de LR de «cénacle de chapeaux à plumes». Il a ajouté que 80 candidats se réclamant de sa démarche se présenteraient aux législatives.

Isolé dans ses propres rangs depuis sa prise de position fracassante de mardi, lâché par tous les cadres du parti et par une partie de ses collaborateurs, M. Ciotti n'était pas venu à cette réunion tenue au musée social, dans le VIIe arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres du parti et du Palais Bourbon.

La commission d'investiture qui s'est déroulée dans la foulée a reconduit les députés sortants de LR qui se représentent, soit 59, à l'exception de leur président exclu, Éric Ciotti, et d'une de ses proches, Christelle D'Intorni.

Un candidat de la droite sera présenté contre M. Ciotti dans sa propre circonscription à Nice, a indiqué le chef des députés LR Olivier Marleix. D'autres réunions de la commission doivent désigner dans les prochains jours les autres candidats.
«Suicide politique»















Eric Ciotti a subi les foudres de ses anciens amis : «Quand on fait de la politique, on ne répond pas par des accords, des coalitions, des petites ententes faites en catimini pour négocier des circonscriptions. On le fait en défendant ses convictions», a lancé Laurent Wauquiez, potentiel candidat de la droite à la présidentielle de 2027.

Comme beaucoup d'autres, le député du Lot Aurélien Pradié s'est félicité de l'exclusion : «c'est une position absolument claire. Éric Ciotti n'est plus adhérent de LR et de la famille héritière du général de Gaulle», a-t-il affirmé.

Eric Ciotti avait stupéfié le monde politique mardi en annonçant une alliance avec le RN, une option à laquelle le parti gaulliste, au nom de ses valeurs, avait refusé de se résoudre pendant des décennies. Il avait immédiatement été lâché par les cadres du parti, mais se prévaut du soutien des militants.

La crise chez LR semble loin d'être terminée. Eric Ciotti, accusé par le président de la République Emmanuel Macron d'avoir signé «un pacte du diable», avait déjà ordonné la fermeture à midi du siège de LR, pour signaler sa détermination à en garder la présidence.

Lui-même se trouvait dans son bureau de la Questure de l'Assemblée nationale, selon plusieurs sources du parti.

Dans cette recomposition accélérée à droite, du côté de Reconquête, Marion Maréchal a acté la fracture avec le président de son parti Eric Zemmour, refusant de «participer à une énième division des droites» et exposant au grand jour la crise qui couvait depuis des semaines.

Par Gabriel Bourovitch avec AFP












Commentaires
  • Aucun commentaire