©(OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)
La France se préparait dimanche à une quinzaine de jours de campagne électorale frénétique, pour les législatives anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron, afin de lutter contre l'extrême droite.
La course contre la montre pour les dépôts de candidatures s'est achevée dimanche après-midi dans la perspective des législatives du 30 juin, dans les 577 circonscriptions, au terme d'une folle semaine de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique français.
Preuve de leur importance, ces élections, qui pourraient porter le RN au pouvoir, secouent jusqu'à l'Euro de football en Allemagne. Le capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé s'est dit «contre les extrêmes, les idées qui divisent». La veille, son coéquipier Marcus Thuram avait estimé qu'il fallait «se battre pour que le RN ne passe pas».
Les candidats avaient jusqu'à 18 heures pour se rendre en préfecture et s'inscrire en vue du premier tour, le 30 juin. Le second se tiendra le 7 juillet.
Les listes définitives n'ont pas encore toutes été rendues publiques par les partis. Mais, une semaine après le séisme de la dissolution du Parlement, tout est désormais scellé après plusieurs journées de grande confusion avec le ralliement du patron des Républicains, Eric Ciotti, au Rassemblement national, des alliances locales entre la droite et la majorité ainsi que des candidatures dissidentes à gauche.
À gauche, l'offre est en grande partie connue depuis la formation du Nouveau Front populaire qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidats.
Mais, nouveau coup de théâtre, Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales en 2022, a préféré jeter l'éponge. Sous pression après son investiture LFI qui avait heurté notamment socialistes et écologistes, il ne souhaite pas que sa candidature «soit utilisée» contre la nouvelle union de la gauche.
Saluant cette décision, LFI a annoncé investir un autre candidat, Aurélien Le Coq. Mais la militante féministe Amy Bah, soutenue par la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a maintenu sa candidature.
Autre sujet de tension, LFI a refusé d'investir plusieurs figures historiques critiques de la ligne de Jean-Luc Mélenchon, comme Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière, déclenchant une nouvelle réprobation des socialistes et écologistes.
Le Nouveau Front populaire, qui rassemble de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ex-président François Hollande, sera-t-il capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes?
Jean-Luc Mélenchon a joué l’apaisement dimanche, notamment sur une candidature à Matignon dont beaucoup ne veulent pas.
«Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas. Je ne serai jamais le problème», a-t-il déclaré sur France 3.
Au lendemain de la candidature surprise de l'ex-président François Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin (1997 à 2002) a, lui aussi, défendu la nouvelle union, seule «digue», selon lui, capable de contenir le parti d’extrême droite.
Il a dénoncé dans Le Monde «l'arrogance» et la «légèreté» d'Emmanuel Macron dans son choix de dissoudre l'Assemblée, l'ex-président Nicolas Sarkozy estimant, lui, que le chef de l'État a pris «un risque majeur pour le pays (qui) peut le plonger dans un chaos».
Au centre, après la déroute des européennes et «la sidération» de la dissolution, la majorité tente de se remobiliser sous la houlette de Gabriel Attal.
Sur le pouvoir d'achat, premier thème mis en avant par les Français, le Premier ministre a promis samedi plusieurs mesures en cas de victoire de son camp, notamment une baisse des factures d'électricité de 15% «dès l'hiver prochain» et une hausse du montant de la prime dite «Macron», versée par les entreprises à leurs salariés.
«Je ne crois pas que l'annonce de dépenses supplémentaires soit la réponse», a prévenu dimanche sur LCI le président du MoDem, François Bayrou, allié de la majorité.
Cette dernière, qui accuse un grand retard dans les sondages, tente d'élargir son socle.
En cas de victoire, «il va falloir envisager de réunir dans un gouvernement des personnalités (...) éloignées les unes des autres», a commenté M. Bayrou.
Des «pactes de non-agression» entre la majorité et la droite semblent se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.
Des tenants de l'aile gauche de la Macronie tendent, eux, la main, dans La Tribune, à l'«ami social-démocrate» pour qu'il rejette le Nouveau Front populaire et son programme, un mélange de «démagogie» et d'«inconséquence».
Du côté de LR, le parti joue sa survie après la rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président, Eric Ciotti, de s'allier avec le Rassemblement national.
À Nice, le LR a d'ailleurs investi un autre candidat, Virgile Vanier, contre Eric Ciotti, a indiqué dimanche à l'AFP un membre de la commission d'investiture.
Nicolas Sarkozy a dénoncé cette alliance, une erreur stratégique selon lui, car le parti risque de devenir un simple «supplétif» du RN.
À l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par le député des Alpes-Maritimes.
Si le patron du RN, Jordan Bardella, a annoncé qu'il y aurait «un candidat commun» « dans 70 circonscriptions», le Niçois semble n'avoir aucune figure nationale avec lui.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.
Si le parti d'extrême droite arrive au pouvoir, Marine Le Pen, dont la sœur Marie-Caroline a fait acte de candidature dans la Sarthe, a déclaré qu'elle ne demanderait pas la démission du président Macron.
Fabrice Randoux, avec AFP
La course contre la montre pour les dépôts de candidatures s'est achevée dimanche après-midi dans la perspective des législatives du 30 juin, dans les 577 circonscriptions, au terme d'une folle semaine de tractations, d'alliances et de dissidences qui ont bouleversé le paysage politique français.
Preuve de leur importance, ces élections, qui pourraient porter le RN au pouvoir, secouent jusqu'à l'Euro de football en Allemagne. Le capitaine de l'équipe de France Kylian Mbappé s'est dit «contre les extrêmes, les idées qui divisent». La veille, son coéquipier Marcus Thuram avait estimé qu'il fallait «se battre pour que le RN ne passe pas».
Les candidats avaient jusqu'à 18 heures pour se rendre en préfecture et s'inscrire en vue du premier tour, le 30 juin. Le second se tiendra le 7 juillet.
Les listes définitives n'ont pas encore toutes été rendues publiques par les partis. Mais, une semaine après le séisme de la dissolution du Parlement, tout est désormais scellé après plusieurs journées de grande confusion avec le ralliement du patron des Républicains, Eric Ciotti, au Rassemblement national, des alliances locales entre la droite et la majorité ainsi que des candidatures dissidentes à gauche.
À gauche, l'offre est en grande partie connue depuis la formation du Nouveau Front populaire qui a réussi à se mettre d'accord en quelques jours sur un programme et des candidats.
Mais, nouveau coup de théâtre, Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales en 2022, a préféré jeter l'éponge. Sous pression après son investiture LFI qui avait heurté notamment socialistes et écologistes, il ne souhaite pas que sa candidature «soit utilisée» contre la nouvelle union de la gauche.
Saluant cette décision, LFI a annoncé investir un autre candidat, Aurélien Le Coq. Mais la militante féministe Amy Bah, soutenue par la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a maintenu sa candidature.
«Je ne serai jamais le problème»
Autre sujet de tension, LFI a refusé d'investir plusieurs figures historiques critiques de la ligne de Jean-Luc Mélenchon, comme Danielle Simonnet, Raquel Garrido et Alexis Corbière, déclenchant une nouvelle réprobation des socialistes et écologistes.
Le Nouveau Front populaire, qui rassemble de l'anticapitaliste Philippe Poutou à l'ex-président François Hollande, sera-t-il capable de résister à l'hétérogénéité de ses composantes?
Jean-Luc Mélenchon a joué l’apaisement dimanche, notamment sur une candidature à Matignon dont beaucoup ne veulent pas.
«Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas. Je ne serai jamais le problème», a-t-il déclaré sur France 3.
Au lendemain de la candidature surprise de l'ex-président François Hollande en Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin (1997 à 2002) a, lui aussi, défendu la nouvelle union, seule «digue», selon lui, capable de contenir le parti d’extrême droite.
Il a dénoncé dans Le Monde «l'arrogance» et la «légèreté» d'Emmanuel Macron dans son choix de dissoudre l'Assemblée, l'ex-président Nicolas Sarkozy estimant, lui, que le chef de l'État a pris «un risque majeur pour le pays (qui) peut le plonger dans un chaos».
Pouvoir d'achat
Au centre, après la déroute des européennes et «la sidération» de la dissolution, la majorité tente de se remobiliser sous la houlette de Gabriel Attal.
Sur le pouvoir d'achat, premier thème mis en avant par les Français, le Premier ministre a promis samedi plusieurs mesures en cas de victoire de son camp, notamment une baisse des factures d'électricité de 15% «dès l'hiver prochain» et une hausse du montant de la prime dite «Macron», versée par les entreprises à leurs salariés.
«Je ne crois pas que l'annonce de dépenses supplémentaires soit la réponse», a prévenu dimanche sur LCI le président du MoDem, François Bayrou, allié de la majorité.
Cette dernière, qui accuse un grand retard dans les sondages, tente d'élargir son socle.
En cas de victoire, «il va falloir envisager de réunir dans un gouvernement des personnalités (...) éloignées les unes des autres», a commenté M. Bayrou.
Alliances locales
Des «pactes de non-agression» entre la majorité et la droite semblent se mettre en place, et des députés LR sortants seront assurés de pouvoir candidater sans macroniste contre eux.
Des tenants de l'aile gauche de la Macronie tendent, eux, la main, dans La Tribune, à l'«ami social-démocrate» pour qu'il rejette le Nouveau Front populaire et son programme, un mélange de «démagogie» et d'«inconséquence».
Du côté de LR, le parti joue sa survie après la rocambolesque semaine consécutive au choix solitaire de son président, Eric Ciotti, de s'allier avec le Rassemblement national.
À Nice, le LR a d'ailleurs investi un autre candidat, Virgile Vanier, contre Eric Ciotti, a indiqué dimanche à l'AFP un membre de la commission d'investiture.
Nicolas Sarkozy a dénoncé cette alliance, une erreur stratégique selon lui, car le parti risque de devenir un simple «supplétif» du RN.
À l'extrême droite, la clôture des candidatures permettra de juger des ralliements entraînés par le député des Alpes-Maritimes.
Si le patron du RN, Jordan Bardella, a annoncé qu'il y aurait «un candidat commun» « dans 70 circonscriptions», le Niçois semble n'avoir aucune figure nationale avec lui.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche, un Français sur trois souhaite une victoire du RN, un sur quatre de l'alliance de gauche et un sur cinq de Renaissance.
Si le parti d'extrême droite arrive au pouvoir, Marine Le Pen, dont la sœur Marie-Caroline a fait acte de candidature dans la Sarthe, a déclaré qu'elle ne demanderait pas la démission du président Macron.
Fabrice Randoux, avec AFP
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